Chez New Game Plus, nous n’avons pas eu l’occasion de critiquer Gran Turismo 7, et du coup, nos rédacteurs se sont tous ou presque plongés dans Elden Ring. C’est d’ailleurs l’une des malédictions du jeu de course automobile : ce qui devait être le grand retour de cette licence phare des consoles PlayStation fut complètement étouffé par l’ouragan FromSoftware. Mais ce n’est pas le seul phénomène qui est venu gâcher le retour de la saga, après bientôt dix ans d’absence (on met Gran Turismo Sport de côté, ce dernier étant une sorte de spin-off arcade de la série, à l’image des Forza Horizon dans la crèmerie d’en face). Sony s’est débrouillé tout seul pour ruiner un peu la fête, comme le raconte Patrick Morris pour GoombaStomp.com.
En effet, le jeu a d’abord été envoyé aux habituels grands médias et (surtout) influenceurs, en amont de la sortie, afin que ceux-ci puissent publier leurs tests et critiques au moment de la mise en rayons. Le jeu était très attendu par les joueurs possesseurs de PlayStation 5 qui n’avaient jusque-là plus ou moins qu’Horizon Forbidden West pour mettre les capacités de leur « nouvelle » console en lumière. Et on le sait, les Gran Turismo, ce sont aussi des démos techniques. Le jeu a même pu être un « console seller » sur certains de ses épisodes.
La magie opère, les happy few sont – comme leur nom l’indique – très contents du jeu, et la presse est bonne. Le jeu sort alors en magasin, fort de ce bon accueil, et c’est là que Sony met son plan machiavélique en action, tel un grand méchant d’un film hollywoodien (mais qui gagne à la fin), lâchant un patch « day one » qui modifie complètement l’expérience de jeu, introduisant des microtransactions et durcissant les conditions pour obtenir de l’argent in-game. Les journalistes et assimilés sont trahis, leurs articles ne correspondent plus à ce nouvel état du jeu, les expériences de jeu relatées non plus.
Le score Metacritic du jeu passe de l’excellent 87/100 donné par la presse à un médiocre 1,7/5 de la part des joueurs. Certes, le review bombing est passé par là, et la note n’est pas à lire telle quelle. Mais en parcourant les 0 et les 1 qui fleurissent sur la fiche du jeu, on constate que c’est bien le mensonge de Sony et le modèle économique du jeu qui provoquent l’ire des joueurs.
Sony se sera joué de la presse JV, et par là même des joueurs. Mais pour quelles conséquences ? Certes, à très court terme, cette opération aura sûrement permis de vendre un peu plus de Gran Turismo 7, convainquant quelques indécis. Mais à un horizon plus lointain, c’est la crédibilité de la critique jeu vidéo qui est en jeu, elle qui est déjà en mauvaise posture – vous avez suivi comme nous les récentes défections de plumes emblématiques du média.
Or, l’industrie a besoin de cette critique. Si les joueurs ne peuvent plus compter sur une certaine transparence de la presse JV pour les guider dans la jungle des milliers de titres publiés chaque année, seuls les gros titres soutenus par les grands éditeurs qui rémunèrent les « influenceurs » réussiront à avoir un peu de visibilité. Et veut-on vraiment d’un monde où Battlefield 2042 et Call of Duty Vanguard prennent toute la place, nous empêchant de découvrir des Inscryption, Hades ou Disco Elysium ?
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