Fer de lance de l’écosystème Xbox et tête de gondole du catalogue vidéoludique par abonnement, le Game Pass se fait petit à petit une place de choix dans le paysage français. N’en déplaise aux amoureux du jeu vidéo physique (dont je fais partie), le service de jeu à la demande offre une belle alternative pour les joueurs avec peu de moyens, et commence déjà à changer notre manière de consommer.
C’était LA raison qui m’a poussé à acheter une Xbox Series X. Un catalogue très fourni, qui en plus se payait le luxe d’offrir les exclusivités Microsoft day one, et tout ça pour le prix d’un jeu d’occasion par mois ? C’était plus qu’il ne m’en fallait pour basculer dans l’opulence vidéoludique prônée par la firme américaine. Un choix dicté par ma bourse, hélas incapable d’assumer plusieurs dépenses de 80€ pour des titres next-gen, et par ce vieux rêve d’enfant de pouvoir avoir plein de jeux en même temps.
C’est donc dans un mood d’enfant de 30 ans que j’ai parcouru les très nombreuses propositions du Game Pass, téléchargeant à qui mieux mieux des jeux tantôt indépendants (Carto, Scourge Bringer) tantôt AAA (Gears 5, Forza Horizon 4). Une fois mon Tera occupé, je me suis alors lancé sur un premier jeu, avant d’en lancer un autre vingt minutes après, puis encore un autre, le tout facilité par un Quick Resume qui collait parfaitement avec cette habitude du zap’ que j’étais en train de prendre.
Hélas, loin du rêve de gosse, cette surenchère de titres a eu tout d’abord l’effet inverse sur moi, me rendant complètement amorphe et détaché du jeu vidéo. Un excès de bonnes choses en quelque sorte, qui m’avait transformé assez rapidement en boulimique désabusé.
C’est bien simple, pendant facilement deux mois, je n’ai pas réussi à trouver une réelle envie de m’abandonner à un jeu en particulier. J’avais même perdu l’envie de jouer de manière générale, allumant simplement la console par réflexe pour rester planté devant l’écran d’accueil pendant de longues minutes.
C’était une sensation réellement nouvelle pour moi, jeune geek pourtant obnubilé par l’écran de télévision, de devenir d’un coup d’un seul complètement désintéressé par la chose. D’autant plus que la surconsommation culturelle, ça me connaît, en attestent les saisons de série Netflix que je suis toujours capable de m’envoyer d’une traite.
Oui, mais le binge-watching et le « binge-playing », ce n’est pas tout à fait la même chose. Là où une série est capable de t’emporter en un épisode de 45 minutes – 1h, le jeu vidéo, lui, se révèle très généralement à l’initié qu’après quelques vraies heures de jeu. Alors bien sûr, quelques titres seront toujours capables de faire mouche en l’espace de vingt minutes (coucou Breath of the Wild), mais lorsque l’on est habitué aux jeux vidéo, les titres mettent parfois plus de temps à laisser une empreinte dans notre parcours de joueur.
Ainsi, après quelque temps de réflexion, j’ai préféré désinstaller la majorité des titres de la console, convaincu désormais que je ne pourrais jamais profiter de l’intégralité des jeux du Game Pass, et que je devais faire des choix.
Une révélation arrivée sur le tard, et qui m’a permis de comprendre que l’offre pléthorique de ce service était avant tout à des visées d’acquisitions, et que chaque joueur ne consommera qu’une partie « raisonnable » de ce qui était proposé. Un aspect du service qui relativise énormément sa plus-value à mes yeux, sans pour autant la diminuer.
En effet, tous ces jeux ne me sont pas destinés à moi particulièrement. Et ce n’est pas parce que tout est en libre accès que je me dois de tout consommer. Aujourd’hui par exemple, j’ai retrouvé l’envie de jouer, car je ne me focalise jamais sur plus de deux-trois jeux à la fois. Un conseil que je vous invite à suivre si vous traversez vous aussi cette phase de trop-plein.
Alors évidemment, ça ne s’est pas fait sans peine et dans mon cas, je me suis tout d’abord attelé à me faire une liste de tous ces jeux qui m’attiraient lors de l’annonce de la console (Gears 5, Nier Automata et Wasteland 3, et j’en passe). Je les ai ensuite classés par ordre « chronophagique », avec d’un côté les aventures longues qui nécessitent de l’investissement et de l’autre les titres que je peux m’envoyer en guise de casse-croûte.
Une suite de choix pragmatiques qui m’a mine de rien remis sur de bons rails et qui m’a, une fois de plus, mis en face de l’immensité du Game Pass. On ne s’en rend pas compte, mais il y a pour des milliers d’heures de jeux, et c’est juste faramineux d’avoir accès à tant de titres de qualité en même temps !
Du coup, aujourd’hui, je suis toujours persuadé que le Game Pass est le futur du dématérialisé, qu’il permet de s’essayer sans problème à de nombreux jeux, tout en conservant du budget pour les éditions physiques qui nous plaisent le plus. Néanmoins, un service tel que celui-ci ne s’appréhende pas du jour au lendemain et il faudra faire preuve d’un peu de volonté au départ pour ne pas tout télécharger d’un coup et sombrer dans les affres du trop.
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