Au printemps dernier, époque où les nostalgiques de la PS1 trépignaient d’impatience à l’idée de poser les mains sur le Remake d’un jeu culte de la console, ma hâte de faire pour la première fois Final Fantasy VII commençait à se faire sentir. Les notes unanimes des critiques spécialisées sorties peu après n’ont fait alors que renforcer mon engouement pour un jeu que j’ai loupé dans mon enfance, trop occupé que j’étais par ma Nintendo 64. Ainsi, récemment, j’ai passé le cap, et j’ai enfin inséré la précieuse galette de Square Enix dans ma console. Et hélas, tout ne s’est pas passé comme prévu…
Loin de moi l’idée d’attaquer honteusement un titre qui m’aura fait passer de très belles heures, mais au vu des très nombreuses critiques lues et relues sur le net, je souhaitais porter la voix de ceux qui ont eu, ou qui auront, l’occasion de faire ce jeu sans les lunettes de la nostalgie, et de poser la question suivante : un bon remake est-il forcément un bon jeu ?
Mi-figue, mi-dgard
Dès le début du jeu, Final Fantasy VII Remake porte haut les qualités connues de Square Enix, avec des graphismes d’une beauté à couper le souffle. Mention spéciale à la chevelure de Cloud qui donnerait envie à n’importe qui de se vider un pot de fixation béton sur la tête tant sa coupe paraît réaliste. Une beauté qui laisse très vite sa place au vrai point fort du titre selon moi : ses combats. Bien plus poussé qu’un épisode XV perdu entre tradition et prise de risques, ce Remake du VII offre dès son tutoriel une action intense et soutenue, avec des protagonistes aux capacités plus variées les unes que les autres.
Une évolution qui m’a particulièrement réjoui, notamment pour les combats de boss (ou mini boss) qui demandent d’être aussi à l’aise stratégiquement, avec les mouvements de ses personnages à coordonner, que techniquement, avec des esquives et des gardes à placer judicieusement. Un combo parfait qui rafraîchit vraiment des actions RPG classiques que l’on a mangés jusqu’à plus faim depuis l’avènement du Witcher 3. De plus, le studio nippon touche ici de ses deux mains fermes ce qui pourrait être la solution pour faire rentrer les J-RPG dans la modernité.
Ainsi, avec son système de combat repensé, et ses graphismes à la pointe de la technologie console, on pourrait croire que FF VII: Remake est un jeu définitivement ancré dans son époque. Hélas, tel un élève brillant handicapé par une flemme à toute épreuve, le titre se vautre sur de nombreux détails, nous ramenant tout droit dans les années 2000 dont il est issu.
Tout d’abord, l’intégralité des séquences hors combat, qui m’ont fait enchaîner les frustrations, notamment par des impossibilités de parcours ubuesques, comme là devant le bar de Tifa où il m’est impossible de faire le tour sans être bloqué par le…. Vide ?! Idem dans son enchaînement de couloirs dénué de toute originalité, et qui ne rend que très rarement amusant, ou intéressant le passage d’un point A à un point B.
Un manque de rythme récurrent, avec des phases où l’on sent que le jeu essaie pitoyablement de nous faire ressentir l’action du moment, comme lorsque Cloud et Aerith s’enfuient ensemble de l’église. C’est plutôt dommage, parce qu’à chaque émerveillement, on se retrouve plaqué au sol vitesse grand V par toute la lourdeur du jeu, extrêmement rigide dans son ergonomie. Si l’on peut saluer le fait que le jeu essaie de nous impliquer dans son histoire, on ne peut objectivement pas considérer comme bon les mini-éléments de gameplay hors combats. C’est comme si parfois le jeu essaie de sortir de ce qu’il est (un J-RPG) sans réellement s’en donner les moyens.
Grand fond pour grande forme… mais inégal.
Attaquons désormais ce qui fait que la série de Final Fantasy est portée aux nues depuis des années : son scénario. Ne connaissant rien de l’histoire du jeu d’origine, c’est avec plaisir que je me suis plongé dans une aventure très contemporaine (et du coup avant-gardiste pour l’époque) autour de thèmes forts, comme celui de la responsabilité écologique. D’ailleurs, ce leitmotiv illustre une nouvelle fois parfaitement l’irrégularité de Final Fantasy VII Remake qui semble se complaire à créer un univers d’une richesse folle pour constamment nous en sortir à cause d’un manque d’attention dans ses détails.
Lors de la « destruction » du deuxième réacteur, peu avant un combat de boss, on assiste à un échange amené comme un cheveu sur la soupe entre Barret et le général dont je n’arrive toujours pas à expliquer la volonté de se montrer face à Avalanche. En effet, étant au sommet de la « chaîne alimentaire », l’apparition du grand patron aussi rapidement, et pour une raison aussi futile, me semble complètement hors de propos. Une conversation amenée maladroitement, et qui semble surtout soucieuse de nous balancer des échanges d’arguments bien pensés, mais sans aucune logique avec l’instant présent. Cependant, malgré ses maladresses, on ne peut qu’être soufflé par la qualité desdits arguments sur qui est au final le vrai responsable de l’appauvrissement des ressources de la planète.
Néanmoins, en dépit de ces qualités évidentes, le jeu est tellement lourd dans sa conception qu’il m’est impossible d’être complètement porté par le titre, me laissant sans cesse l’impression que j’ai pris le train beaucoup trop en retard pour en apprécier pleinement la valeur.
À vrai dire, j’ai même la sensation d’être exclu par le jeu du fait de mon manque de background sur le sujet. Ici, le charme du jeu semble se dévoiler uniquement pour les initiés. Pour faire le parallèle, je prends ici l’exemple d’un type lambda entouré d’une horde de fans de Harry Potter, devant la projection de la Chambre des Secrets. Ouais, la retranscription est sans doute géniale pour ceux ayant lu les livres, mais si on n’a pas le bagage culturel derrière, on passe à côté du truc.
Un sentiment de frustration donc, qui n’empêche pas le jeu d’être bon, mais qui, en l’état, ne m’autorise pas objectivement à considérer ce FF VII: Remake comme un jeu culte. Il est bon, vraiment bon même, mais en-deçà de la notion d’excellence portée par de nombreux titres de cette génération.
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