Certains jeux vidéo sont de vrais marronniers. Chaque année, ils sont de retour, à la même période, pour le meilleur et parfois pour le pire. Alors qu’il est en haut de l’affiche en ce moment, difficile de ne pas penser à EA Sports FC, suite directe de la série FIFA, présente chaque année sur nos consoles depuis 1995. NBA 2K, Madden, NHL ou encore Pro Cycling Manager ne sont pas en reste, accompagnant le quotidien de millions de fans depuis des années sans interruption.
Au vu de nos exemples, vous l’aurez compris, la simulation sportive est au centre du débat du jour. Mais d’autres genres vidéoludiques ont déjà tenté d’adopter ce modèle économique bien particulier : une année, un jeu. On pense notamment à Call of Duty, dont les nombreuses itérations continuent de fleurir, avec une prochaine étape prévue en novembre, ou à Assassin’s Creed, présent annuellement sur nos écrans entre 2008 et 2018, avant un petit ralentissement du rythme pour la création de Valhalla.
Et alors que les premiers tests du tout récent EA Sports FC commencent à tomber, et que notre critique a été publiée hier, une question nous taraude, et au vu des avis, nous ne sommes pas les seuls : ce modèle économique peut-il encore surprendre les joueurs ?
Chaque année, c’est le même refrain. Des modes de jeu copiés-collés à quelques détails près, peu d’évolutions graphiques (nous ne prenons pas en compte le changement de génération, qui permet bien évidemment de franchir un palier), et souvent une simple mise à jour des effectifs pour les jeux vidéo à licences sportives. Ajoutez à cela une grosse publicité donnant l’impression que la plus minime des évolutions est une révolution, et vous obtenez un modèle économique parfaitement huilé, et qui continue de faire ses preuves, ou du moins d’attirer son public.
La vraie question, c’est finalement de savoir s’il est légitime de la part des consommateurs d’espérer être épatés par les licences annuelles comme EA Sports FC. Car le plus cocasse, c’est que plus les années passent, plus les joueurs semblent déçus. Mais les ventes restent stables. Finalement, en attendons-nous trop de jeux qui ne peuvent tout simplement pas proposer plus ?
Remettons-nous dans la perspective d’un marché qui a beaucoup changé depuis le début du siècle. Aujourd’hui, la majorité des jeux vidéo d’importance nécessitent plusieurs années de développement. Et qu’il s’agisse d’un Zelda, d’un GTA ou d’un Starfield, on n’est jamais à l’abri d’un report tant il est difficile de tenir les délais face aux attentes de plus en plus fortes des joueurs, des médias et de ceux qui tiennent les cordons de la bourse. En comparaison, est-il possible de développer un jeu par an, avec une deadline bien définie, tout en y associant une prise de risque ?
Tout laisse à penser que non. Le jeu n’en vaudrait sans doute pas la chandelle. Il suffit de voir le nombre hallucinant de licenciements et de dépôts de bilan dans le monde du jeu vidéo ces derniers mois pour se rendre compte que malheureusement, l’audace paie de moins en moins, et qu’il y aurait sans doute plus à perdre qu’à gagner. Le public veut un jeu de foot, donnons-lui un jeu de foot.
Attention, loin de nous l’idée de comparer l’ambition des trois jeux précédemment cités avec celle d’une simulation sportive. Mais loin de nous également celle de dénigrer un style de jeu qui attire chaque année des millions de joueurs, en proposant des expériences immersives de plus en plus proches du photoréalisme. Mais les fans veulent plus. Un jeu vidéo, ce n’est pas que du visuel, c’est aussi (et surtout) une expérience.
Malheureusement, la tendance est claire aujourd’hui lorsqu’on joue à ces jeux à licence annuelle. Ils sont souvent bons, mais ne surprennent plus. Soyons honnêtes, même NBA 2K, la référence des simulations de basket-ball, se repose aujourd’hui sur ses lauriers. Et pour certains, la pilule à du mal à passer. Payer quatre-vingts euros pour un jeu fan-service, qui est une mise à jour de l’année précédente, fait grincer des dents. La grogne monte petit à petit. Et le constat vaut pour nombre d’autres licences. Mais peut-on vraiment proposer mieux avec des temps de développement aussi courts ?
Là où le bât blesse, c’est que ces œuvres misent de plus en plus sur un autre fléau pour exister : le multijoueur à outrance et le pay-to-win. Et oui, si vous n’avez que douze mois pour progresser dans un jeu avant la sortie de la prochaine édition, il va falloir des heures pour s’entraîner et devenir le plus fort. À moins que vous ne choisissiez un chemin bien différent, plus basé sur le porte-monnaie que sur la dextérité manette en main. L’expression « le temps, c’est de l’argent » prend tout son sens.
Au final, il convient de ne pas rejeter trop facilement la faute sur les équipes de développement. Dans des entreprises comme 2K ou Electronic Arts, elles ne font souvent qu’appliquer des consignes venant de bien plus haut. C’est le marché qui est à blâmer.
Les contrats avec les grosses entreprises qui prêtent leur image aux jeux sont grandement responsables. La NBA, la WRC ou encore la FIFA ne vendent leurs droits qu’en échange de garanties. Parmi celles-ci, il faut sortir un jeu chaque année représentant la licence. Peu importe la qualité, il faut qu’on voie les logos dans les magasins de jeux vidéo, et il ne faut surtout pas que le public ait le temps de les oublier.
Vous l’aurez compris, avec des contrats qui s’étalent sur des durées de plus en plus longues, il semble difficile d’imaginer un avenir radieux pour les jeux vidéo à licence annuelle comme EA Sports FC et les autres. On a vraiment du mal à imaginer pourquoi les studios changeraient leur fusil d’épaule alors que le modèle économique fonctionne à plein régime. Et tant pis pour les critiques et les non-surprises, les gens achèteront quand même, car ces marques disposent souvent d’une autre force, non négligeable : le monopole.
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