De plus en plus de procès sont intentés contre les constructeurs/éditeurs pour cause de concurrence déloyale ou pour abus de position dominante. Depuis plusieurs années maintenant, Epic Games s’est érigé en chevalier blanc en proposant un Epic Games Store non pas basé sur un modèle économique en 70/30, mais plutôt sur du 88/12. En d’autres termes, les développeurs perçoivent 88% sur la vente et seulement 12% reviennent à Epic. Si ce modèle économique tend à desservir Epic sur le plan financier, il aura au moins le mérite de donner un coup de pied dans la fourmilière.
Comment expliquer que Sony, Microsoft, Nintendo, Steam et tous les autres ont réussi à faire accepter un tel accord ? Tout démarre à l’époque du physique où il était à la charge du constructeur de gérer le support physique du jeu : presse du CD, conception de la boîte, logistique, etc. Toutefois, les choses ont changé et il est difficile de faire croire que l’investissement de la part des constructeurs et éditeurs est resté le même avec l’essor du dématérialisé. Pourtant, la commission reste inchangée depuis.
Non content de proposer un store qui rémunère plus avantageusement les studios de développement, Epic s’est saisi de la justice à multiples reprises pour inquiéter quelques GAFAM qui, selon Epic, pratiquent des modèles économiques étouffant la libre concurrence du marché. Tout récemment, Google a été obligé de payer une amende de 700 millions pour avoir manqué de transparence sur son système Google Play qui force les développeurs à payer une commission de 30%. Aussi, le gouvernement américain oblige le géant de la Silicon Valley à avertir les utilisateurs de l’existence de la concurrence et de possibles offres plus attractives. Dans ces 700 millions, 629 millions iront directement aux consommateurs ayant été floués par Google.
Si Google Play regorge de jeux mobiles et de microtransactions incluant ces fameux 30%, n’oublions pas que Sony, Steam et Apple (qu’Epic aura également voulu clouer au pilori) pratiquent la même politique. C’est pourquoi, en Angleterre, un groupe de consommateurs a décidé de porter plainte contre Sony pour abus de position. La perte des consommateurs est estimée à 6 millions de livres et c’est cette somme que Sony est en passe de devoir verser à chaque consommateur se manifestant.
La France n’est pas en reste non plus, car l’Autorité de la Concurrence a forcé la firme nipponne à verser la somme de 13,5 millions d’euros pour avoir abusé de sa position dominante. Ici, il s’agit moins de jeu vidéo que de hardware, Sony étant mis en cause pour avoir empêché l’utilisation de manettes PS4 sans licence, le constructeur ayant déployé des mises à jour qui rendaient ces manettes inutilisables.
Toutefois, si c’est Sony qui semble dans le collimateur, c’est le mastodonte Steam qui semble être l’éléphant dans la pièce. Avec un historique qui ne joue pas en sa faveur, jamais Steam n’a pratiqué de format physique comme les constructeurs, et avec sa situation de monopole évidente, Steam dérange et les langues se délient. On se souvient également de l’affaire Wolfire, histoire en cours de développement (sans mauvais jeu de mots) qui ne semble pas vraiment inquiéter Gabe Newell.
Tout cela laisse présager de changements bénéfiques pour les joueurs et d’une remise en question profonde sur la légitimité de certains acteurs du marché à pratiquer des tarifs qui tuent des dizaines voire des centaines de studios indépendants. Même si nous ne sommes pas dupes quant à la position d’Epic sur ce sujet, le studio/éditeur met le doigt où ça fait mal et aura permis à de nombreux joueurs dans le monde de réfléchir au sujet.
n1co_m
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