The Witcher: Blood Origin est une mini-série en quatre épisodes servant d’interlude entre la seconde et la troisième saison de The Witcher, de la même façon que le fut The Witcher: Nightmare of the Wolf entre les deux premières. Elle se propose de nous faire découvrir les événements ayant amené, 1200 ans avant les aventures de Geralt, à la naissance du premier Sorceleur, sans que le terme soit vraiment utilisé, ainsi qu’à la conjoncture des sphères. De la même façon que pour la série principale, la matière ne faisait nullement défaut, et la proposition semblait honnête. Mais, en raison des restrictions budgétaires de ces dernières années, il semblerait que Netflix ait décidé de favoriser le casting au détriment du scénario, et de tout le reste.
Une expérience ratée
Le format court de mini-série aurait pu servir positivement The Witcher: Blood Origin. Il n’est pas toujours facile de réussir à narrer une histoire digne de ce nom en peu d’épisodes, mais Netflix nous aura agréablement surpris ces dernières années avec certaines créations originales de qualité (Dans leur regard, Le jeu de la dame, Les sermons de minuit, Godless…). Rétrospectivement, le format aurait été propice à un récit sous forme de nouvelles (comme c’était le cas dans l’excellent Cabinet de Curiosités de Guillermo Del Toro), ce qui aurait été un bel hommage aux premières aventures de Geralt de Riv, regroupées dans les deux premiers livres : Le Dernier Vœu, et L’Épée de la Providence.
Mais non, ce ne sera pas le choix fait pour The Witcher: Blood Origin, qui réussira l’incroyable prouesse de nous paraître trop long, malgré sa brièveté, tant son contenu est horriblement inexistant. Le scénario tient du premier brouillon d’une personne qui s’initierait au jeu de rôle, et voudrait y inclure au chausse-pied des sujets actuels. À commencer par une inclusivité grossière, que ce soit dans les races des personnages, leurs relations (dont une romance particulièrement mal amenée entre une naine et son marteau), ou encore le sempiternel sujet de la fin du monde et ses thèmes dérivés.
Les phrases du narrateur ne font qu’énumérer les faits que vous aurez vu quelques instants auparavant à l’écran, et, avec un brin d’entraînement, vous pourrez vous amuser à deviner les dialogues et idées des protagonistes quelques secondes avant qu’ils ne les énoncent (la meilleure façon d’apprécier cette mini-série).
Rien ne viendra compenser ce scénario et sauver la série : la caméra est catastrophique, les effets spéciaux trop moyens, et le jeu d’acteur (malgré un bon casting) est toujours dans la surenchère. Seule la musique méritera d’être écoutée, sans être inoubliable.
T’as pas un sou pour ton Sorceleur ?
Malgré ses tares télévisuelles, nous espérions – naïvement – que la mini-série puisse enrichir par ses idées l’univers du Sorceleur. Car les origines des Sorceleurs restent un sujet opaque du livre et du jeu vidéo, et sont par conséquent propices à l’imagination.
Pour les intéressés, il ne sera nullement fait mention durant toute la série à Alzur, le magicien ayant notamment créé les premiers Sorceleurs, et évoqué ponctuellement dans la Saison des Orages.
« Et je te dirai encore ceci, poursuivit Ortolan en haletant. Par ce meurtre imprudent, tu as déshonoré l’œuvre de tes propres pères. Parce que c’est Cosimo Malaspina, et par la suite son élève Alzur, Alzur, précisément, qui ont créé les sorceleurs. Ce sont eux qui ont imaginé la mutation, grâce à quoi les créatures à ta ressemblance ont été créées. Grâce à quoi tu existes, grâce à quoi tu parcours le monde, ingrat. Tu devrais les tenir en estime, Alzur et ses suivants et leur œuvre, et non point les détruire ! Aïe… Aïe… » – La Saison des Orages, Chapitre 9
Oubliés, donc, les mystères entourant la création du premier Sorceleur. Dans Witcher: Blood Origin, tout est simple, et amené sans subtilité, à l’image de cette épreuve des herbes (sortie de nulle part) permettant la transformation d’un des protagonistes en un hybride à mi-chemin entre l’humain et le monstre.
La Conjonction des Sphères, autre événement crucial de l’univers, conclut la série d’une façon tout aussi abrupte, sans que l’on comprenne pourquoi ni comment elle a finalement lieu. Mais les créateurs profitent de la série pour nous parachuter, à chaque fois en quelques secondes, la naissance de la chasse sauvage, la création des monolithes, l’appropriation des énergies du Chaos et de l’Ordre…
Les liens avec l’œuvre originale tiennent ainsi tous du clin d’oeil, là où nous étions en droit d’attendre un minimum d’explications ou d’inventivité. Et quelle tristesse que de constater ce manque d’imagination, après des adaptations comme Arkane ou Cyberpunk: Edgerunners. Depuis qu’il a été récupéré par Netflix, le Sorceleur devient plus un filon commercial qu’une porte ouverte à l’imagination sur un monde pourtant si riche.
Avec The Witcher: Blood Origin, Netflix gâche, encore, l’univers du Sorceleur, cette fois avec moins de budget que pour la série principale, et une absence affligeante d’idées. Dotée d’une réalisation digne de films de série B, et d’un scénario relevant plus d’un brouillon de rôliste qu’autre chose, la mini-série dessert à la fois son casting et son matériau d’origine.
À moins que vous ayez déjà épongé la totalité du catalogue de Netflix, nous ne voyons aucune raison valable de vous lancer dans son visionnage. Si la troisième saison suit la courbe de qualité des productions actuelles inspirées des aventures de Geralt, il vaudrait mieux pour les fans que Netflix cesse ses créations après celle-ci, qui sera déjà de trop…
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