Resident Evil Village sortait il y a maintenant un an et demi, et fut de façon générale bien accueilli, allant jusqu’à rafler une récompense aux Game Awards, et cinq Golden Joystick Awards (preuve de l’appréciation des joueurs). Alors que la version VR du jeu est attendue pour le 22 février 2023, la même date de sortie qu’un certain Horizon: Call of the Mountain, pour accompagner l’arrivée du PS VR2, Capcom a eu le bon goût de remettre en avant le dernier opus de la série pour Halloween dans cette « Gold Edition ».
Si comme certains d’entre nous, les séquelles laissées par Resident Evil 7, les tremblements permanents et la moiteur de vos mains vous avaient empêché de jouer au jeu l’année dernière, voici une occasion en or de découvrir la suite des aventures d’Ethan Winters et de sa petite famille.
(Test de Resident Evil Village réalisée sur PlayStation 5 via une copie du jeu fournie par l’éditeur)
Les mille visages de l’horreur
Resident Evil 7 avait su nous surprendre à sa sortie. Jouissif d’effroi, doté d’un pan VR restant un des meilleurs de la génération précédente, le jeu tenait plus d’un reboot que d’une vraie suite. Son sous-titre, « Biohazard », ne laissait que peu de doutes quant à la volonté de Capcom de revenir aux fondamentaux de la série : la peur, lourde et pesante, du premier opus.
Et bien que l’action se déroule dans la continuité directe du jeu précédent, il s’en distingue sans difficultés. Là où RE7 nous avait étouffés avec ses environnements étroits, sombres, marqués par le côté organique et la saleté des marécages de la Louisiane, Village est une chimère horrifique, un agrégat sublime des mille visages de l’horreur.
Vous découvrirez bien assez vite que la bourgade roumaine au cœur du scénario est en fait le carrefour des différents lieux que vous devrez explorer, le hub d’autant de mondes extrêmement différents les uns des autres. Ce sont la diversité d’ambiances et la richesse de chacun de ces lieux qui constituent, indéniablement, la grande réussite de ce Resident Evil Village, comme l’écrivait Riku l’année dernière.
Certains des petits détails du jeu viennent aussi nous tirer un sourire, comme les assiettes et les vêtements typiques des Carpates (validés par un fin connaisseur de la rédaction), et les plats à cuisiner auprès du Duke, qui sont de véritables recettes traditionnelles roumaines.
C’est aussi avec son rythme parfaitement maîtrisé que RE8 s’impose : les équipes ont su insinuer la peur chez le joueur, avec ou sans la présence des monstres. Les silences et les moments de calme sont réussis parce qu’ils font justement monter la tension au lieu de nous apaiser. En dehors des zones d’achat, nous aurons presque toujours été sur les nerfs tant les apparitions de monstres peuvent paraître aléatoires (sur une première session de jeu en tout cas). Les développeurs sont aussi allés jusqu’à pousser dans leurs retranchements les idées de gameplay à l’arme à feu contre les boss, sortant du simple carnage habituel pour proposer des combats tendus, mais tous très différents.
Riche dans son univers, généreux dans ses mécaniques, et beau à en mourir, Resident Evil Village est un opus mémorable à plus d’un titre. À l’inverse du contenu additionnel de cette Gold Edition.
Une pilule dorée dure à avaler
Sans aller jusqu’à parler de gâchis, cette Gold Edition déçoit, mais pas par sa proposition. Au contraire, amener un gameplay différent dans Shadows of Rose, un DLC basé sur les pouvoirs de la fille d’Ethan et Mia, était une idée fort appréciable. C’est dans la pratique que la bât blesse.
On ne comprend pas très bien pourquoi pendant la première demi-heure de jeu, elle est incapable de courir. Ses pouvoirs, que l’on nous fait miroiter depuis Resident Evil Village, ne s’avèrent finalement pas si puissants, ni surprenants. Les répliques de Rose manquent cruellement de fond, et le personnage tombe souvent dans la niaiserie, alors même qu’elle est un ajout rafraîchissant à une licence dont les protagonistes vont forcément vieillir et devront passer le relais.
La réutilisation de décors du jeu précédent laisse également un goût amer. Les possibilités étaient multiples. Malheureusement, le résultat n’est pas à la hauteur ni des idées, ni des attentes. Pourtant, dans les thèmes qu’il aborde, on perçoit bien que Shadows of Rose essaie d’innover de toutes ses forces. Que ce soit dans le malaise d’une adolescente qui souhaite se sentir moins différente des autres, sa volonté de ne pas être simplement considérée comme une arme par ses supérieurs, ou l’importance qu’elle peut apporter à un père qu’elle n’aura jamais eu l’occasion de voir, les sujets auraient pu permettre au DLC de se détacher positivement de RE8.
Mais la série des Resident Evil n’a jamais brillé par la qualité de ses dialogues, et c’est malheureusement ce qui fait défaut au jeu. Il propose toutefois une direction artistique digne de Village, et certains moments sont de vraies réussites esthétiques. L’influence de Lovecraft est complètement assumée, et les créateurs vont également puiser quelques idées de Kentaro Miura.
L’identité visuelle de Resident Evil Village est ainsi entièrement respectée dans Shadows of Rose, voire même élevée à un niveau supérieur par moment. La durée du DLC, environ trois heures de jeu, est respectable, et probablement adaptée pour apprécier les nouveautés proposées sans pour autant s’en lasser.
En dehors de celui-ci, la Gold Edition propose de revivre les aventures d’Ethan avec une caméra à la troisième personne agréable, mais selon nous moins adaptée que l’originale. Également, le mode Mercenaires se voit doté de nouveaux personnages jouables et de niveaux inédits. Des ajouts à l’intérêt modeste, mais que les fans sauront probablement apprécier plus que nous.
Délaisser la Louisiane pour la Roumanie fut un pari totalement réussi pour Resident Evil Village. On aurait apprécié que Shadows of Rose, le DLC de cette récente Gold Edition proposant les aventures de la fille d’Ethan Winters, soit aussi époustouflant que l’épisode principal. Mais la barre était probablement trop haute.
Trop linéaire et peu inspiré dans ses mécaniques, Shadows of Rose reste toutefois un essai original à saluer pour sa prise de risques, que ce soit dans le choix du protagoniste, ses thématiques sérieuses, et sa direction artistique par moment très inspirée. Le reste des ajouts, dont la vue à la troisième personne, tient plus de l’anecdotique appréciable que de l’innovation. Pour cela, il faudra attendre la version VR du jeu, qui accompagnera la sortie du PSVR2 le 22 février prochain.