La guerre des consoles était une partie intégrante de l’industrie. Depuis qu’elle s’est terminée, le milieu a perdu de sa fougue. Ce n’est pas nous qui l’affirmons, c’est Peter Moore, qui a participé à diriger la division jeu vidéo de Microsoft entre 2003 et 2007. Au cours d’un entretien célébrant les vingt ans de la Xbox 360, il a été interviewé par Danny Peña. Son verdict est sans appel, l’ère de la console touche à sa fin chez Microsoft. Il s’agit d’une affirmation qui va à l’encontre des affirmations de Phil Spencer, mais à laquelle nous, chez New Game Plus, avons déjà porté un regard.
Du point de vue de Peter Moore, l’un des indicateurs de la transition à venir, c’est la fin de la guerre des consoles. Il en était l’un des plus fervents défenseurs, s’amusant à en attiser les flammes lors de ses prises de parole à l’époque.
« Dites moi, quel intérêt y a-t-il à acheter une PS3 pour 600 dollars ? À ce prix là, les gens vont acheter deux consoles, la Xbox 360 et la Wii. » – Peter Moore en 2006, critiquant la stratégie de Sony.
Ce ne serait pas un nouveau point de vue chez Microsoft : s’il était possible de s’émanciper du modèle console, l’entreprise l’aurait fait depuis longtemps. Et la technique pour le faire, on l’a, maintenant. Ce qui pose encore problème, ce sont les habitudes des joueurs. D’après Moore, les ventes de la Switch le prouvent : les joueurs tiennent à leurs consoles.
Cependant, du point de vue de Xbox, c’est une histoire différente : à travers le Game Pass, la console peut se targuer d’un catalogue riche… qui ne lui est pas exclusif. Les services de Microsoft liés au jeu vidéo ne se limitent plus seulement à la console, et il est fort possible que le public de l’entreprise s’adapte au système le plus pratique. Ce qui serait le plus représentatif du changement de paradigme au sein de l’industrie, c’est l’acquisition d’Activision-Blizzard.
« L’acquisition d’Activision-Blizzard a changé les choses chez Microsoft, je pense. Non, pas « je pense », « je sais ». Ce n’est pas comme le bon vieux temps, pendant la guerre des consoles, où on se tapait dessus pour récupérer des parts de marché. C’est plus grand que ça d’un point de vue économique. »
Si, d’un point de vue de consommateur, nos souvenirs de la guerre des consoles se résumaient à des débats de cours d’école, puis, au cours du temps, sur des forums internet, du point de vue des constructeurs, l’enjeu était très différent. D’après Moore, la guerre des consoles était quelque chose de son temps, qui était nécessaire pour créer un divertissement médiatique à une ère où le jeu vidéo peinait à se détacher d’une image négative. De plus, en mettant l’objet, la console, en avant plutôt que le jeu, c’était un moyen de faire de la publicité pour tout le monde en même temps.
Malgré tout, toutes les bonnes choses ont une fin : la guerre des consoles est représentative d’une époque. Une époque où le jeu vidéo était encore relativement jeune, une époque où toute opération marketing pouvant mettre le jeu vidéo en valeur, toute aussi farfelue fusse-t-elle, était la bienvenue.
Aujourd’hui, les enjeux de l’industrie n’ont plus rien à voir, il n’y a plus de place pour la guerre des consoles et c’est dommage pour Peter Moore. La compétitivité créée par ces conflits étaient une partie intégrante de l’industrie, contribuant à la richesse de la scène. Il n’est plus question de sortir le jeu vidéo d’une présence médiatique négative, à part quelques exceptions, chaque public dispose désormais d’un genre de jeu vidéo capable de lui devenir familier. L’enjeu désormais, c’est de se faire une place dans un paradigme qui favorise le jeu vidéo, sans pour autant favoriser les consoles.
Moore en parlait déjà en 2024 : plus qu’un délaissement de la console, c’est le salon lui-même qui est de plus en plus déserté dans les foyers. On privilégie l’espace de la chambre, avec un téléphone ou un ordinateur capable de bien plus qu’une console de jeu.
En remontant encore plus loin, c’était déjà une question sur le tapis en 2007, alors que la Xbox 360 était toute récente. Microsoft s’inquiétait déjà de potentielles télévisions avec des puces permettant de jouer sans avoir besoin d’une console ou d’un renouveau de l’industrie PC. L’histoire a suivi son cours, et nous savons désormais que les constructeurs ont su défendre leurs machines. Désormais, le problème est double. D’une part, un public qui, certes, reste stable, mais échoue donc à s’élargir. De l’autre, une compétition toujours plus féroce dans le milieu du divertissement avec, pour seul prix, le temps de cerveau disponible du public.
Ce sera aux constructeurs de faire leur choix : si certains, comme Microsoft, voient leur intérêt dans un cloud gaming étendu, permettant à un public toujours plus large de s’intéresser aux licences de l’entreprise, d’autres préfèreront peut-être privilégier la tradition, en essayant de créer une expérience uniquement accessible à travers la console.
Xbox – Avoir ses jeux dans des boîtes, bientôt un luxe ?
DracoSH
PS Portal, Game Pass – Le cloud gaming poussé par les constructeurs
n1co_m
Xbox – Des revenus qui chutent, mais présentés sous leur bon profil
n1co_m