Il n’est pas rare qu’après quelques années dans les rangs d’un gros studio, une poignée d’employés se rapprochent et décident de fonder leur propre boîte. On ne compte ainsi plus les structures lancées par des anciens de Blizzard ou d’Ubisoft, qui essaiment régulièrement dans les villes où ces géants sont implantés. Dernièrement, c’est le développeur polonais CD Projekt Red qui s’est mis à faire des petits, amenant aujourd’hui à la création du studio Blank à Varsovie.
Aux manettes, on retrouve notamment Mateusz Kanik, qui fut game director sur Cyberpunk 2077 et co-director sur The Witcher III, les deux jeux phares de CD Projekt Red qui perd donc là un créateur de choix. L’accompagnent dans cette aventure les producteurs exécutifs Jedrzej Mróz et Marcin Jefimow qui avaient également travaillé sur ces titres, ainsi que Mikolaj Marchewka, qui vient quant à lui de Rookiez from Warsaw. Du côté de l’équipe créative, on retrouve le game designer Michal Dobrowolski, le narrative designer Artur Ganszyniec (eux aussi issus de CD Projekt Red) et le directeur artistique Grzegorz Przybys. À terme, Blank espère grossir jusqu’à compter une soixantaine de personnes.
Le fait de créer leur propre structure est souvent, pour les professionnels du jeu vidéo, l’occasion de se consacrer à des projets personnels correspondant mieux à leurs aspirations artistiques, voire de fuir une culture de travail oppressante. Dans le cas de Blank, il semblerait qu’il y ait un peu des deux. Sans pour autant parler spécifiquement d’une ambiance toxique chez son ancien employeur (dont on sait par ailleurs qu’il a recours au crunch, ces heures supplémentaires imposées aux employés pour tenir un calendrier de production), Mateusz Kanik explique ainsi :
« Après avoir travaillé des années dans une industrie de plus en plus conservatrice, nous sommes prêts à nous lancer dans des projets audacieux et percutants qui portent nos valeurs et notre vision créative. Là où l’industrie valorise le despotisme de créateurs individuels, nous voulons que les projets appartiennent aux équipes. Là où l’industrie repose sur une culture du crunch, nous y préférons l’équilibre entre vie privée et vie professionnelle. Là où l’industrie dit que plus c’est gros, mieux c’est, nous nous focalisons sur des jeux soignés qui privilégient l’émotion, l’histoire et le savoir-faire. »
On comprend donc que Blank s’est constitué autour de la volonté de revenir à des productions à taille plus humaine, qui permettent par ailleurs une plus grande prise de risque artistique. Il ne faut donc pas s’attendre à un nouvel ARPG en monde ouvert dans la lignée de The Witcher ou Cyberpunk 2077, mais à un projet d’envergure plus modeste, dont le genre exact n’a pas encore été annoncé. En revanche, le studio a révélé un premier artwork et un pitch, qui évoquent un jeu mettant l’accent sur les personnages dans un cadre post-apocalyptique, agrémenté de quelques twists. On se doute donc qu’il aura une forte composante narrative.
On ne peut ainsi que souhaiter à l’équipe de Blank de pouvoir mettre en place des conditions de travail plus saines et de réussir dans sa mission d’amener plus de diversité et d’idées neuves au sein de l’industrie.
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