Le game designer American McGee a partagé sa déception sur son Twitter et son Patreon : après de longues discussions, Electronic Arts a refusé de s’engager dans la production d’Alice: Asylum. Après American McGee’s Alice en 2000 et Alice : Retour au pays de la folie en 2011, cela aurait été le troisième titre tiré de sa réécriture cauchemardesque des aventures d’Alice au pays des merveilles, mais la décision de l’éditeur met un point final à la série.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que le projet semblait tenir à cœur à McGee. Après tout, voilà déjà plus de deux décennies qu’il s’investissait dans cet univers, et il avait réussi à rassembler autour de lui une communauté d’environ 3 000 fans qui, par l’intermédiaire de son Patreon, avaient contribué à financer la préproduction de Alice: Asylum. L’aboutissement de ce travail avait été rendu public avec la mise en ligne le 14 février dernier d’une bible de game design de plus de 400 pages, ainsi qu’avec l’annonce du studio Virtuos Team comme potentiel partenaire, plan de production à l’appui.
Le couperet tombe alors que ce nouvel opus s’apprêtait à rentrer en phase de production, cinq ans après avoir été initié. Les motifs avancés seraient les résultats peu encourageants des études de marché réalisées par Electronic Arts. La société a néanmoins désiré garder la mainmise sur les droits de la licence, empêchant donc les développeurs de continuer le projet de leur côté. Cette situation est révélatrice d’un bras de fer entre les studios et les éditeurs, ces derniers récupérant dans la plupart des cas la propriété intellectuelle des œuvres, et bloquant donc toute possibilité de réaliser des suites, prequels ou spin-offs sans leur bénédiction. Avec le refus d’Electronic Arts d’aller plus loin, Alice: Asylum se retrouve donc dans une impasse. On peut ainsi imaginer l’amertume du créateur, qui a déclaré en réponse à cela son intention de se retirer de l’industrie du jeu vidéo.
Cependant, la décision d’Electronic Arts de ne pas donner suite à la proposition de McGee n’est pas franchement une surprise. Nombreux sont les projets qui ne voient jamais le jour et, concernant Alice: Asylum, il semblait y avoir de l’eau dans le gaz depuis longtemps. American McGee avait en effet des désaccords de longue date avec son éditeur, à qui il reprochait notamment d’avoir mené une campagne marketing déceptive pour Alice : Retour au pays de la folie, qui poussait sa dimension horrifique et ne reflétait pas le ton réel de l’œuvre. Il ne fait aucun doute que pareilles dissensions sur la vision artistique n’auguraient pas du meilleur pour de futures collaborations. McGee indiquait d’ailleurs sur son Patreon que Electronic Arts avait déjà interdit à son équipe de travailler sur un prototype concret pour des raisons légales.
Notons en outre qu’il évoquait des besoins budgétaires de l’ordre de 50 millions de dollars pour le développement d’Alice: Asylum, et ce en excluant les frais de marketing qui, sur les titres AAA, sont souvent d’un montant au moins équivalent au coût de production. Même pour un éditeur avec une grande force de frappe, la somme reste conséquente, et aurait placé le projet au niveau d’un Call of Duty: Modern Warfare 2 ou d’un Final Fantasy XII : des franchises aux reins bien plus solides. En dépit du bel accueil reçu par les précédents jeux de l’auteur, ces chiffres pouvaient donc paraître déraisonnables. Par comparaison, Alice : Retour au pays de la folie n’avait coûté que 9 millions de dollars.
Dans ce contexte, la diffusion en libre accès de la bible de Alice: Asylum n’était évidemment pas innocente. On peut y lire la volonté de prouver à l’éditeur frileux l’intérêt que le projet était susceptible de susciter, voire une tentative de lui forcer la main, puisque le logo d’Electronic Arts apparaissait dans la vidéo de présentation du document accompagné de la légende « Let’s make impossible things happen » (« Faisons arriver l’impossible »). McGee n’en était d’ailleurs pas à son premier appel du pied à la société, qu’il interpelait occasionnellement via son compte Twitter. Cette persévérance n’aura toutefois pas suffi à obtenir un feu vert pour la suite.
Alors, le glas a-t-il vraiment sonné pour la Alice de McGee ? Une série inspirée de cet univers avait été annoncée en janvier 2022 par Radar Pictures. Néanmoins, sans nouvelles du projet depuis, on peut aussi s’inquiéter du destin de celui-ci. S’il peut arriver qu’un scénario reste plusieurs années dans les limbes en attendant le moment propice à sa réalisation, le signal négatif envoyé par Electronic Arts pourrait aussi contribuer à enterrer ces velléités d’adaptation audiovisuelle. La bible de Alice: Asylum reste quant à elle disponible au téléchargement sur le Patreon d’American McGee.
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