Depuis une vingtaine d’années, les stores numériques nous permettent de mettre la main sur des jeux autrement compliqués à obtenir. L’émulation, et au-delà l’aspect dématérialisé des contenus que nous achetons, pose le problème de l’entretien des serveurs permettant l’accès à ces logiciels.
Achetez un livre (au format papier), mettez-le dans votre bibliothèque, et il y restera aussi longtemps que vous le souhaiterez. Peu importe les déménagements, il restera vôtre jusqu’à ce que vous décidiez de le vendre/donner/prêter/brûler/jeter. Il n’en va pas de même pour les jeux au format dématérialisé, comme ont pu le découvrir certains joueurs de PS3 et de PS Vita. Sur les derniers jours, plusieurs jeux des PSN stores sont devenus impossibles à télécharger ou jouer, alors qu’ils avaient été achetés il y a de cela plusieurs années. Chrono Trigger, Chrono Cross, Final Fantasy Origins, Final Fantasy VI, Rune Factory: Oceans et probablement d’autres classiques ne peuvent désormais plus être joués sur les deux machines, un message d’erreur apparaissant au moment de leur lancement.
So did @PlayStation expire the PSOne Classics versions of #ChronoCross and #ChronoTrigger by setting the date on new downloads to 12/31/1969? This is preventing me from playing my purchased copies on Vita and PS3. @ModernVintageG @dark1x pic.twitter.com/wxRebNIZWh
— Christopher Foose (@FooseTV) April 8, 2022
Quelques semaines après l’annonce de Nintendo concernant la fermeture des stores des Wii U et 3DS en 2023, c’est une nouvelle déconvenue pour les amateurs de rétro-gaming. Frustration suprême pour les possesseur des jeux, et rupture de la promesse intrinsèque à l’achat, cette situation est indéniablement compliquée.
Pour reprendre l’analogie avec le livre, lorsque vous achetez un e-book, celui-ci est lisible (selon son format) sur différentes tablettes ou liseuses, et vous pouvez le passer d’un support à un autre sans souci. Il n’en va pas de même pour les jeux vidéo : le contenu acheté sera forcément dépendant de votre console. Ainsi, un jeu obtenu en dématérialisé sur PS3 ne sera plus jouable sur votre PS4.
Imposer de façon pernicieuse une durabilité à un achat qui ne devrait pas en avoir est intrinsèquement contraire à l’intérêt premier du dématérialisé : c’est un comble qu’un bien numérique ne puisse plus être utilisé, alors qu’il devrait l’être partout et tout le temps. Le prétexte de la désuétude du support n’est en rien une normalité que l’on devrait avoir à subir. Le dématérialisé interpelle donc sur la notion de propriété : possède-t-on véritablement un jeu si nous n’avons plus la possibilité d’y jouer ? La réponse est simple, c’est non. Mais parce que nous sommes aussi des acteurs de solutions, allons-y de nos suggestions.
L’Internet Archive, fabuleux outil communautaire, donne accès gratuitement à de multiples émulateurs et images de jeux vidéo (entre autres), et permet à ce patrimoine culturel de rester pérenne.
Avec la démocratisation du cloud, et les années d’expérience de communautés de fans dévoués, on pourrait facilement imaginer une application mettant à disposition différentes plateformes d’émulation (une pour chaque console passée), indépendamment du support sur lequel on joue. Vous pourriez même retrouver votre contenu sur votre téléphone Android, sous conditions de performances suffisantes pour les faire tourner.
Parce qu’une telle possibilité reste naïve vis-à-vis des droits d’auteurs, on peut aussi concevoir des solutions propres aux différents constructeurs. Ainsi, la possibilité de jouer en streaming sur des machines dédiées dans le cloud est une solution plus que plausible, et déjà utilisée sur Switch pour certains jeux trop gourmands (Control, par exemple), mais aussi pour faire tester certains jeux à la presse sans pour autant en fournir une copie physique.
Mais comme cette solution nécessiterait l’utilisation de ressources de la part des constructeurs, et donc de l’argent, il serait aussi concevable que ceux-ci proposent, à ceux qui le souhaitent, l’image d’une machine virtuelle capable de faire tourner les fichiers ISO des jeux en question.
Et c’est bien là ce qui nous interpelle le plus : comment se fait-il qu’aucun fichier ne soit finalement fourni au moment de l’achat d’un jeu dématérialisé sur les différents stores ? Si tel était le cas, le discours serait complètement différent : on peut entendre que des serveurs soient voués à disparaître, mais pas le contenu que nous avons acheté. Qu’il nous revienne alors de trouver une solution pour pouvoir faire fonctionner les jeux en question, sans que les éditeurs viennent freiner les efforts d’une communauté de passionnés. La solution du moindre effort pour les constructeurs pourrait, en fin de compte, être la meilleure pour les joueurs.
Jump Force – Bandai Namco retire le jeu des stores
Kyujilo
Fermeture du PS Store PS3, PSP et PS Vita, vos jeux perdus à jamais ?
Riku
PS Store – Les boutiques PS3, PSP et PS Vita menacées de fermeture
n1co_m