À quelques semaines maintenant de l’arrivée des consoles next-gen, nous revenons sur le catalogue des machines de huitième génération à travers dix titres qui auront durablement marqué l’histoire des jeux vidéo. Aujourd’hui, nous verrons que la plume est parfois plus forte que l’épée (même en argent) avec The Witcher 3: Wild Hunt. Vous pourrez retrouver toute la sélection au bout de ce lien.
Série de livres écrite par Andrzej Sapkowski, la saga du Witcher (ou du Sorceleur dans la langue de feu Roger Carel) connut un franc succès en Pologne, son pays d’origine, sans pour autant en dépasser les frontières. La reconnaissance à l’international viendra lorsque le petit studio polonais CD Projekt Red obtiendra les droits d’exploitation de l’œuvre afin de l’adapter en jeu vidéo.
Ainsi, en 2007, The Witcher premier du nom introduit son univers mature et son protagoniste emblématique à un plus large public. Un essai qui sera transformé quelques années plus tard avec la sortie en 2011 du second opus, The Witcher 2: Assassins of Kings. Plus maîtrisé à bien des égards en comparaison de son aîné, le deuxième jeu apporte toujours plus de notoriété à la saga.
Mais ce sera seulement avec l’annonce du troisième épisode que The Witcher cessera d’être « juste » une œuvre phare du RPG occidental pour devenir un véritable phénomène. Si bien que The Witcher 3: Wild Hunt fut pour un grand nombre de fans la porte d’entrée dans l’univers créé initialement par Andrzej Sapkowski.
Littéralement recouvert de prix en tous genres, le dernier-né de CD Projekt Red possède bon nombre d’arguments en sa faveur. Que ce soit l’univers mature dont il est tiré, ou bien ses mécaniques de jeu qui n’ont cessé d’évoluer depuis le premier épisode pour atteindre ici leur forme finale, ou encore sa générosité en termes de contenu sans failles. Tant de qualités qui n’expliquent pourtant pas sa place dans cette série d’articles. Mais alors, quoi ?
Eh bien, l’opus final des aventures vidéoludiques de Geralt de Riv a su marquer la current-gen en réussissant à s’imposer comme l’un des mètres étalons du modèle de jeu prédominant actuel, à savoir l’open-world.
Sorti en 2015, il trône dans les bibliothèques de jeux aux cotés de Mad Max et Assassin’s Creed Syndicate. Appartenant tous deux à la même catégorie action/open-world, ils peinent néanmoins à égaler The Witcher 3 dans son succès. La raison étant qu’ils tombent tous les deux dans l’écueil du vaste monde terriblement vide mettant en place une boucle de gameplay dont on a vite fait le tour, et vouée à se répéter sur des dizaines d’heures.
À l’inverse, The Witcher 3 propose un monde bien plus organique où l’on ne se contente pas d’accomplir la quête principale, vider quelques camps et récolter les coffres avant de recommencer à la zone suivante. Les différentes activités annexes et la quête principale se mélangent bien plus et l’on peut sans prévenir entamer une quête secondaire alors que l’on se rendait simplement chez un marchand.
Il marque donc une certaine rupture avec le modèle d’open-world établi par Ubisoft avec Far Cry 3, qui, lui, montre déjà ses limites.
Pourtant, l’élément qui fera que The Witcher marquera de son empreinte cette génération, même face aux jeux action-RPG/open-world qui lui succéderont, c’est sa maîtrise de l’écriture. Un élément qui ne devrait pas surprendre au vu de l’héritage littéraire de la saga. Un héritage qui sera peut-être sa plus grande force.
Rien que la qualité de son intrigue principale, absolument épique, servie par un casting de personnages tous plus mémorables les uns que les autres, suffit à faire de The Witcher 3 un grand RPG.
Mais le véritable tour de force, c’est d’avoir alloué tout autant d’attention dans l’écriture des quêtes secondaires. C’est pourquoi malgré les tonnes de dialogues que l’on ingurgite, on ne se lasse jamais, tant c’est bien écrit, et, qui plus est, servi par un doublage qui force le respect (en VO comme en VF).
De plus, la narration soutient l’idée d’un monde ouvert organique. Chaque échange est l’occasion d’en apprendre plus sur l’univers qui nous entoure et cela sans tomber dans l’exposition bête et méchante. Tout semble donc s’entremêler dans un tout à la fois chaotique et diablement cohérent. De ce fait, on peut passer des heures sur des activités secondaires puis revenir à la quête principale sans avoir à se dire « Il se passait quoi déjà ? ».
Ce qui n’est, par exemple, pas le cas dans Horizon Zero Dawn, sorti en 2017, qui lui aussi propose un open-world chargé en dialogues. Hélas, le jeu de Guerrilla Games se perd dans des dialogues bien trop longs et insipides, même lors d’une simple quête annexe. Et à l’inverse de The Witcher 3, tout dans Horizon paraît déconnecté, entraînant un manque d’intérêt général pour les histoires racontées (principale et secondaires).
En somme, une maîtrise de l’écriture et de la narration qui permet à The Witcher 3: Wild Hunt de continuer à se démarquer d’autres open-world, même des bons, Breath of The Wild en tête.
Quant à son héritage et influence, la saga du Sorceleur est aujourd’hui plus célèbre que jamais, rejoignant les grands de l’heroic-fantasy tels que Le Seigneur des anneaux et Game of Thrones. Côté jeux vidéo, on pourrait résumer son influence en disant qu’il forme avec Zelda Breath of The Wild les deux cotés d’une même pièce cristallisant la formule d’un open-world réussi.
D’ailleurs, Ubisoft qui, avant The Witcher 3: Wild Hunt, avait établi un cahier des charges de l’open-world, n’hésitera pas à lui emprunter beaucoup de ses codes pour donner un coup de fouet à sa saga Assassin’s Creed avec l’opus Origins.
Enfin, on peut saisir l’influence et l’impact de The Witcher 3: Wild Hunt sur le public quand on voit avec quelle ferveur joueurs et joueuses du monde entier attendent le prochain titre de CD Projekt Red, Cyberpunk 2077.
Alors qu’il était l’ultime épisode d’une trilogie, The Witcher 3: Wild Hunt a su ouvrir à un (très) large public l’œuvre dont il est tiré, s’imposer comme une référence du jeu en open-world et par conséquent mettre sur le devant de la scène le studio qui l’a développé. Voilà en quoi The Witcher 3: Wild Hunt a marqué cette génération.
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