Alors que son dernier jeu en date, Balan Wonderworld, est sorti depuis maintenant quelques semaines, Yuji Naka a fait savoir sur Twitter qu’il quittait (déjà!) son éditeur Square Enix, studio qu’il avait rejoint en 2018. La nouvelle n’est pas franchement étonnante, tant Balan s’est fait accueillir froidement par la presse internationale : de 36 à 51 en metascore selon la plateforme d’accueil. Ce qui, toutes proportions gardées et avec le recul toujours de rigueur face aux données de Metacritic, reste quand même très faible au regard de l’aura d’un tel auteur.
Ce qui peut en revanche surprendre davantage, c’est l’éventualité d’un départ à la retraite, comme il l’annonce lors de son communiqué (traduction via DeepL) :
« J’ai démissionné de Square Enix à la fin du mois d’avril 2021 en raison des demandes des médias et des utilisateurs. Je ne peux pas vous dire pourquoi pour l’instant, mais j’espère pouvoir vous le dire le moment venu. Quant à mes activités futures, j’ai déjà 55 ans, alors autant prendre ma retraite. »
On pourrait arguer qu’un tel âge est relativement jeune pour penser à un départ anticipé de l’industrie, mais il faut prendre cette déclaration à la lumière de deux réalités qui se recoupent.
Premièrement, on voit bien les difficultés qu’ont certaines figures pionnières de l’industrie (Yu Suzuki est de ceux-là ; dans une moindre mesure, citons aussi Shinji Mikami) à s’adapter aux nouvelles configurations de level et game design d’aujourd’hui. On a l’impression, hors considérations budgétaires, que leur savoir-faire est resté enfermé dans un modèle qui est dépassé. Cela rappelle l’énorme retard (peut-être jamais totalement comblé, à vous de nous le dire et d’en débattre) qu’avaient pris les développeurs japonais lors de la génération 360/PS3 qui n’arrivaient pas ou presque à sortir des jeux innovants et rafraîchissants, à l’inverse des anglo-saxons.
Dans un second temps, il faut lire cette pseudo-retraite comme une donnée culturelle. Le Japon, sans rentrer dans le cliché du salarymen qui irait se suicider pour cause d’échec professionnel (ce qui semble être le cas de Balan Wonderworld malheureusement), demeure un pays très codifié, respectueux des valeurs d’une dignité excessive.
Reste que la réalité du marché, pour des jeux de ce calibre issus d’un éditeur renommé, est sans pitié, popularité du créateur ou non. Yuji Naka n’a pas encore avoué les raisons de son départ, et peut-être ne le fera-t-il jamais. Mais dans un monde ultra concurrentiel comme celui des jeux vidéo, il se dit probablement, au fond de lui, qu’il n’est sans doute plus fait pour ça.
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