Microsoft ne proposera pas d’exclu pour les Xbox Series X. Une décision étonnante et risquée.
Nous vous en parlions, dans une interview, Matt Booty, directeur des Xbox Games Studios, évoquait la volonté de Microsoft de soutenir aussi bien sa nouvelle machine que d’accompagner jusqu’au bout la future-ancienne génération (comprendre, les Xbox One). Dans les faits, cela implique que pendant les deux années qui se profilent, tous les jeux qui sortiront sous le label Xbox tourneront sur toutes les Xbox, soit aussi bien les nouvelles Series X que les One (et non, la Team Premier Degré, pas la peine de ressortir votre 360). Ainsi, le très attendu prochain épisode d’Halo, Halo Infinite, devrait bel et bien être jouable sur cette bonne vieille Xbox One S. Bonne nouvelle pour les possesseurs de cette dernière, ils n’auront pas besoin de remplacer immédiatement leur matériel pour profiter des prochains hits Xbox. Matt Booty use ainsi d’une comparaison avec les sorties PC, qui peuvent tourner sur des machines aux puissances bien différentes, s’adaptant au matériel (avec plus ou moins de détails graphiques, un taux de rafraîchissement de l’image plus ou moins important, etc.).
Bonne nouvelle pour les possesseurs de Xbox One, donc, mais peut-être pas autant pour l’avenir des Series X. Cette volonté de pouvoir faire tourner les jeux sur les deux générations risque en effet d’handicaper lesdits jeux, qui devront se « limiter » à des titres jouables sur la génération précédente. Il faut donc s’attendre à être privé de jeux « flagships » qui viendraient montrer ce que la console a dans le ventre. Or, un catalogue appauvri pourrait ralentir l’installation du parc de machines, ce qui ferait hésiter les développeurs tiers à lancer des jeux pour la console, freinant ainsi les ventes… et on voit se profiler le cercle vicieux. Celui-là même qui a laissé la Xbox One, dont le catalogue ne possède quasiment aucune grosse exclu, loin derrière la PlayStation 4 ces dernières années.
Microsoft avait déjà déclaré par la voix de Phil Spencer dans une interview donnée à The Verge qu’il n’accordait pas forcément la plus grande importance au nombre de consoles vendues :
« Je n’ai pas besoin de vendre une version spécifique de la console pour que nous puissions atteindre nos objectifs commerciaux. Le business n’est pas le nombre de consoles que vous vendez. Le business est le nombre de joueurs qui jouent aux jeux qu’ils achètent et comment ils jouent. Donc si quelqu’un achète la première Xbox One le jour du lancement, et qu’il achète et joue à des jeux, je n’ai pas besoin de lui vendre une Xbox One S. Je n’ai pas besoin de leur vendre une Xbox One X. S’il veut rester sur la Xbox One classique et être un membre important de notre communauté ou souhaite s’abonner au Game Pass, c’est excellent pour notre business. »
Il semblerait que la firme souhaite rester sur cette ligne. Une stratégie d’éditeur plus que de constructeur ? Peut-être Microsoft a-t-il déjà X-Cloud et le streaming en ligne de mire ? Toujours est-il que la stratégie est risquée, et envoyer comme message aux joueurs qu’ils n’auront pas besoin des nouvelles Series X n’est pas forcément le meilleur moyen de vendre ses machines…
L’histoire des consoles est faite de titres-vitrines qui venaient révéler les capacités des machines pour mieux convaincre les joueurs de renouveler leur matériel et d’investir. Ainsi, la sortie de la SNES fut accompagnée de F-Zero, qui en mettait plein les yeux avec son fameux mode 7 ; La N64, elle, nous impressionnait avec la liberté de mouvement offerte à Mario dans Mario 64, tout en 3D ; tandis que la PlayStation nous décrochait la mâchoire en affichant le rythme effréné de la 3D de Wipeout (nous refaisant le coup de la SNES avec F-Zero). Mais ces dernières années, les ruptures furent moins franches. Et la PlayStation 4 à sa sortie ne proposait pas exactement de titres façon « killer app », mais des versions augmentées de titres déjà sortis sur la génération précédente (Assassin’s Creed : Black Flag, Tomb Raider, The Last Of Us…). La ludothèque de la machine se construira lentement mais sûrement. Même observation pour la Switch, lancée accompagnée de Breath of the Wild, sorti aussi sur Wii U.
C’est probablement ce genre de stratégie que les équipes de Microsoft ont en tête, en se donnant au passage des airs d’avoir – à peu de frais – le souci du consommateur. Mais à nouveau, la stratégie est à double tranchant, d’autant que des rumeurs persistantes évoquent la rétrocompatibilité de la prochaine PlayStation 5 avec (a minima) sa grande sœur la PlayStation 4. Ce qui permettra là aussi une transition en douceur de la ludothèque, sans imposer de limites techniques aux nouveaux titres destinés à la next-gen. Et ironiquement, la rétrocompatibilité, c’est justement LA fonctionnalité sur laquelle Xbox avait pris un peu d’avance…!
Projet Scarlett – Le design révélé de la Xbox Series X
n1co_m
PlayStation 5 – Une rétrocompatibilité poussée au online
Team NG+
La Nintendo Switch Pro, première console de l’année 2020 ?
Luynan