Devant l’illisibilité de la communication de chez Microsoft, on revient sur les propositions des Xbox Series X et Xbox Series S, qui, loin d’être incohérentes, pourraient même faire hésiter les plus fervents adeptes du clan Sony.
Malgré la communication brouillonne de Microsoft, il faut bien reconnaître que l’américain semble avoir pris conscience des raisons de son échec sur la current-gen, et se donne les moyens de venir prendre d’assaut la next-gen, pas forcément en se lançant dans un concours de chiffres à qui vendrait le plus de machines, mais carrément en imposant de nouveaux standards.
Si on résume un peu les propositions de Microsoft, les Xbox Series S et X ce sont certes des machines next-gen surpuissantes, embarquant SSD et GPU capables de livrer de la 4k et du ray tracing, le tout en 60 fps, mais surtout, Xbox, c’est désormais la bannière sous laquelle opèrent une vingtaine de studios plus ou moins importants pour fournir la marque en jeux. Une réponse bien sentie aux critiques (justifiées) d’un catalogue bien trop pauvre sur cette génération.
Cependant, la maigreur du catalogue n’est pas la seule critique à laquelle doit répondre Microsoft. L’échec de Kinect, que le constructeur a tenté d’imposer au lancement des Xbox One – et qui a participé à plomber le prix de la console au lancement, et, par effet de cause à conséquence, son démarrage – l’échec de Kinect, donc, lui a également collé une image de constructeur en retard technologiquement. Surtout que pendant que Microsoft cherchait une porte de sortie pour ses applications de reconnaissance de mouvements, Sony connaissait un succès insolent avec le PSVR.
Pour sa prochaine machine, Microsoft sera donc la première compagnie à fournir une solution de Cloud Gaming crédible : pour un prix dérisoire (0€ pour les abonnés au Game Pass… !), c’est l’intégralité du catalogue de jeux en illimité qui sera disponible en streaming, aussi bien sur les consoles de salon des générations actuelles et suivantes que sur les PC et les mobiles. « À mon tour de pointer du doigt le catalogue maigrichon de la concurrence ! » semble dire Microsoft, le coin de l’œil tourné vers Stadia, tandis que Sony tente de renouveler un peu la formule PS Now, certes très bien fournie (plus de 700 jeux quand le Game Pass en propose une centaine), mais ne proposant aucune nouveauté.
Les nouveautés, justement, seront l’atout numéro un du Game Pass, puisque tous les jeux des Xbox Games Studios évoqués ci-dessus sont proposés dès leur sortie sur le service, sans surcoût pour les abonnés. C’est déjà le cas depuis un petit moment (Ori and the Will of the Wisps ou Gears Tactics étaient ainsi jouables day one sans débourser plus que le prix de l’abonnement mensuel), et cela va continuer pour la next-gen. Et d’ici quelques jours, les jeux du catalogue EA Play (anciennement Origin) vont aussi rejoindre ceux du Game Pass, toujours sans frais supplémentaires.
C’est donc une proposition solide et réfléchie que nous fait Microsoft, toutefois polluée par ses propres services marketing et ses annonces contre-productives, centrées sur les teraflops alors qu’il faudrait mettre les jeux en avant, lançant des bandes-annonces pleines de promesses de jeux à peine en pré-alpha pour laisser ensuite les développeurs gérer les shitstorms de déception (non, mais Halo, quoi…), annonçant que les futurs jeux sortiraient sur toutes les générations de machines (current et next), alors-qu’en-fait-non-mais-si-si-les-développeurs-en-font-le-choix (et donc on ne sait toujours pas ce qu’il en est vraiment…).
Forcément, face à une telle débâcle, la concurrence boit du petit lait, et n’a pas à faire grand-chose pour marquer des points… Alors chez Sony, on ne parle que très peu, et on n’en montre pas plus. On laisse le camp d’en face se prendre les pieds dans le tapis. Une stratégie qui pourrait bien avoir ses limites le jour J.
La communication de la PlayStation 5 se repose aujourd’hui presque uniquement sur la cote d’amour dont dispose la marque grâce aux succès de ses anciens modèles. Le peu de jeux annoncés et attendus sont des gloires passées : Ratchet & Clank, Gran Turismo, Destruction Derby… Cela sera-t-il suffisant ? Pas certain que se reposer sur ses lauriers soit une stratégie viable quand tout le monde s’agite autour de soi, même Nvidia et ses toutes nouvelles cartes graphiques de compétition à moitié prix, ou Nintendo, Grand Maître des charts du moment, à qui on attribue depuis un moment des ambitions de 4k…
Dernier coup de tonnerre : la formule tout compris de Microsoft Xbox All Access, lancée en partenariat avec la Fnac, qui propose des Xbox Series X ou Series S accompagnées du Game Pass pour 35€ par mois (avec une console Series X) ou même 25€ par mois (avec la Series S). Un modèle économique qui semble s’inspirer de ce que faisaient les opérateurs téléphoniques au début des années 2000, mais qui s’avère en vérité être un crédit vraiment intéressant (la Xbox Series X revient à 528€ payée sur 24 mois, au lieu de 499€, prix magasin).
Et dans l’absolu, on n’aurait rien d’autre à dépenser du tout pour jouer, le Game Pass se chargeant de nous approvisionner en nouveautés régulièrement, toujours sans surcoût. On parlait de l’ambition de Microsoft d’imposer de nouveaux standards, et on est bien devant une proposition inédite. Séduisant.
Il se murmure que l’offre pourrait inquiéter Sony, et que ce dernier reverrait d’urgence ses tarifs à la baisse. Et si une véritable concurrence pouvait en effet dynamiser le marché, et faire prendre des risques aux constructeurs et éditeurs, les poussant à oser de nouvelles choses ? On ne sait pas encore si Microsoft réussira à faire vaciller Sony, mais ce qui est sûr, c’est que les joueurs ont tout à y gagner !