Depuis la débâcle de la fameuse runtime fee, prévoyant, on le rappelle, de prélever un certain montant à chaque installation d’un jeu, Unity avait rétro-pédalé sur la nature de cette taxe suite un soulèvement populaire à l’ampleur plutôt rare dans le milieu. Après coup, on se questionne encore sur le manque de clairvoyance par rapport au mécontentement que cela allait déclencher. Et s’il nous semble difficile d’imaginer que les équipes d’Unity ne l’aient pas un minimum anticipé, comment la communication autour de cette décision vectrice de nombreuses controverses a pu autant frôler l’amateurisme ?
C’est donc dans ce climat extrêmement hostile qu’Unity vient de publier ses résultats financiers trimestriels (terminé le 30 septembre 2023) qui tendent vers le positif. Sur ces trois derniers mois, le chiffre d’affaires de l’entreprise enregistre une hausse de 69 % par rapport à l’année dernière et les pertes se retrouvent réduites de moitié (125 millions cette année contre 250 en 2022).
Le rapport, en apparence flatteur, n’est que la face visible de l’iceberg. Derrière, Unity chute en bourse. En cause ? Les chiffres n’atteignent pas les estimations annoncées. Impossible d’en savoir plus sur le réel impact de la runtime fee, mais aucun doute sur le lien de cause à effet. James Withurst, le PDG par intérim, a malgré tout tenté de rassurer les investisseurs (normal) en indiquant « une faiblesse des revenus à la fin de l’exercice trimestriel et en octobre à partir de l’introduction de la taxe à l’installation » qu’il qualifie maintenant de révolue.
On attendra le rapport officiel du prochain trimestre pour quantifier l’ampleur de la catastrophe et confirmer les propos de Monsieur Withurst. En réponse aux manquements des objectifs, la société entend réévaluer son portefeuille de produits. Comprenez par là que certains services risquent d’y passer ou tout du moins de subir des réductions d’effectifs. Ce travail de restructuration devrait débuter dans les mois qui viennent.
Plus le temps passe, plus la situation d’Unity paraît intenable. L’entreprise, incarnant autrefois un El Dorado pour les petits développeurs passionnés, a depuis démontré qu’elle ne possédait aucun scrupule à les sacrifier par appât du gain. La faute sans doute à un modèle économique qui ne pouvait pas tenir sur la durée. Derrière, il y a tout un système à redéfinir pour se refaire une bonne santé financière.
La première pierre angulaire résidera en cette refonte de la taxe à l’installation. Celle-ci, prévue pour entrer en vigueur en début 2024, offrira le choix aux développeurs de verser 2,5 % de leur chiffre d’affaires ou bien payer une certaine somme au nombre d’installations par mois. Un nouveau chapitre dans son histoire qu’Unity entend baser sur une relation de confiance mutuelle… Une confiance déjà bien éprouvée par les derniers agissements de la boîte pour de nombreux clients qu’il va falloir reconquérir.
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