Rien ne va plus chez les Bretons. Avec des actions au plus bas, un Tencent tapi dans l’ombre pour éventuellement aider Ubisoft à sortir du marché public, des ventes décevantes pour Star Wars Outlaws et, cerise sur le gâteau, une insatisfaction grandissante des collaborateurs (aïe, on déteste ce mot mais faut parfois vivre avec son temps) menant à une grève, Ubisoft, va mal, très mal même.
Cette grève, organisée par les syndicats, veut principalement démontrer que l’appel au présentiel d’Ubisoft est abusif. Même s’il s’agit d’un phénomène qu’on retrouve en dehors de l’industrie du jeu vidéo et qui s’étend au monde de la tech, pour les syndicats, il est clair qu’Ubisoft tente de faire partir les salariés d’eux-mêmes.
Les avantages sont évidents : éviter d’avoir à payer un licenciement et éviter une communication désastreuse. Attendez, on nous dit dans l’oreillette qu’il est déjà trop tard ? Alors disons simplement que la firme française évite d’ajouter de l’huile sur le feu, c’est déjà ça.
Ce qu’il faut savoir également, car certains pourraient dire : « oui, mais il ne s’agit que de télétravail après tout », c’est qu’Ubisoft paye moins bien que la plupart des gros éditeurs. Si l’entreprise restait attractive, c’était surtout pour ses conditions de travail très intéressantes, incluant le télétravail. Retirer les avantages qui faisaient tout l’intérêt des postes proposés est donc une stratégie d’attrition naturelle plus que plausible. La grève concerne donc bien évidemment la contestation vis-à-vis du retrait du télétravail mais donc aussi une revalorisation des salaires, qui feraient défaut dans l’entreprise.
Avec le prochain jeu, Assassin’s Creed Shadows, Ubisoft doit montrer ce dont il est capable. En d’autres termes, l’opus se doit d’être parfait, Ubisoft ne peut que difficilement supporter une autre déception. La firme est sur un lit de charbons ardents : des travailleurs plus vraiment enclins à supporter leur direction et des résultats peu enthousiasmants pour les actionnaires.
Il est amusant, pour nous, et pas pour Ubisoft, de se remémorer l’épisode Unity aujourd’hui. Désormais beaucoup plus accessible qu’à son lancement, le jeu n’était que difficilement jouable à sa sortie, des bugs rendant l’expérience de jeu plus que désagréable.
Assassin’s Creed Unity, donc, profite d’un second souffle assez inattendu de nos jours, la période étant en fait le début de la disgrâce pour Ubisoft (ce qu’on a appelé l’Ubisoft bashing encore récemment). Il est évident que l’éditeur français ne pourrait aujourd’hui jamais se relever d’un second Unity. Le report brusque de Shadows pourrait d’ailleurs s’expliquer par la conjoncture difficile qu’Ubisoft traverse et qui ressemble assez à celle de 2014.
En parallèle, et preuve que les préjugés collent à la peau, c’est une autre entreprise française qui entre en grève : Don’t Nod. Sur fond de plan social, cette fois non déguisé, et de « management à courte vue », les salariés de la boîte entament donc également un bras de fer avec sa direction.
Chez Don’t Nod, les développeurs mettent en avant cette facette « passion » du métier, celle qui oblige à consentir à quelques sacrifices. Mais depuis plusieurs mois, le poids de ces sacrifices se fait de plus en plus ressentir et il est difficile pour les collaborateurs de continuer sans mots dire.
À la décharge des grandes entreprises, l’industrie traverse une crise sans précédent. Il n’a jamais été aussi difficile de rentabiliser un jeu vidéo qu’en ces périodes troublées pour le pixel. Peut-être la faute à un marché qui manque encore de maturité ? Le passage au dématérialisé et streaming n’est guère acté tandis que le marché de la musique, du cinéma a déjà pris le tournant.
Pour en revenir à Ubisoft, la gestion de la plateforme Ubisoft+ a été catastrophique. On se souvient à peu près de l’époque où Assassin’s Creed Valhalla n’était pas disponible sur Steam mais seulement sur la plate-forme maison d’Ubi. Le bras de fer avec Valve n’aura pas été concluant pour les Bretons, Shadows sortira bien en 2025 day one chez Gabe Newell.
Michael Douse ira même jusqu’à dire que c’est Ubisoft+ qui a tué Prince of Persia: The Lost Crown. Avec un manque de notoriété dès sa sortie, le jeu n’aura pas touché un public assez large alors que le succès critique était très bon. Avec une envie de rentabilité immédiate, Ubisoft n’arrive pas à infléchir l’inertie de l’industrie JV et couper court à des projets ambitieux et prometteurs n’aide pas vraiment.
On espère tout de même que la perte des talents, car il est certain que beaucoup partiront, ne laissera pas exsangue le géant français qui nous rendait pourtant fier fut un temps.
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