Si The Last of Us Part II a complètement rebattu les cartes de la narration dans les jeux vidéo et imposé un nouveau standard, nous avons, ici, en France, un spécialiste de la discipline avec Dontnod. Certes, bénéficiant de largesses budgétaires bien moindres par rapport à Naugthy Dog, les équipes parisiennes ont quand même réussi à mettre toute la critique spécialisée comme le grand public d’accord avec la réussite de Life is Strange 2. Avant cela, ils nous avaient proposé un Vampyr faillible à bien des égards, mais pétri de propositions intéressantes, notamment dans la narration et les choix offerts aux joueurs.
Alors quand en 2017, on apprend que Dontnod travaille avec Bandai Namco sur un nouveau jeu, Twin Mirror, notre curiosité est piquée. Les studios allaient-ils pouvoir bénéficier des moyens du géant japonais pour approfondir leur travail sur la narration, ou celui-ci allait-il être dilué dans des considérations commerciales ?
(Preview de Twin Mirror réalisée depuis une vidéo de gameplay commentée partagée par l’éditeur)
Nous avons été invités à découvrir une vingtaine de minutes de gameplay de ce titre à venir, et la première chose qu’on remarque, c’est le gap graphique que franchit le jeu. La présentation, bien pensée, nous a montré des scènes de jour et de nuit, dans des décors naturels comme en ville. Et il faut bien avouer que tout cela rend particulièrement bien. Des textures aux éclairages, les décors sont très réussis, et mis en valeur par une réalisation très cinématographique. Pour un jeu qui se veut essentiellement narratif, c’est bien visé !
On est plus mitigé en ce qui concerne les personnages, bien moins fins et photoréalistes que les décors qui les accueillent. Si le héros n’est pas foncièrement raté – il fait juste encore très « jeu vidéo » –, il rencontre à un moment de la présentation une ado qui, elle, nécessite encore pas mal de travail. On espère que c’est en effet au programme d’ici à la sortie du titre.
Côté gameplay, on reste dans ce que Dontnod maîtrise : le narratif. Twin Mirror raconte le retour de Sam dans la petite ville de son enfance pour l’enterrement de l’un de ses amis. Une ville qui n’héberge pas que de bons souvenirs et qu’il avait préféré fuir quelques années auparavant. Sam sera alors confronté à la fois à son passé tourmenté, mais aussi (bien entendu !) à d’étranges événements.
Pour avancer dans l’aventure, Sam bénéficie d’une habileté particulière à la déduction. En termes de gameplay, cela se traduit par la capacité à mémoriser de nombreuses informations qu’il emmagasinera partout, tout le temps, et qui pourraient se révéler utiles (ou pas) à certains moments de l’aventure. Dans la démo présentée, on voit ainsi Sam lire des panneaux destinés aux randonneurs, complètements anodins et sans rapport avec la narration qui nous est montrée, mais on nous fait comprendre que ce sont aussi des informations qui pourraient servir par la suite…
Même chose pour les personnages. Rencontrer et discuter avec des personnages nous donne accès à une biographie dans laquelle on pourra fouiller pour ne pas faire le mauvais choix quand il s’agira de prendre des décisions déterminantes pour l’aventure. Car c’est évidemment l’une des mécaniques principales du jeu. Comme dans tout bon titre narratif (et même dans les mauvais), on nous promet que le choix des joueurs aura une incidence capitale sur le récit. Vieille promesse du genre, pas souvent tenue… On a cependant confiance en la qualité de narrateur de Dontnod pour que ce soit effectivement le cas ici.
On espère cependant que ces mécaniques d’accès aux souvenirs – que nous n’avons pas vues à l’œuvre – ne passeront pas par les éternelles collections de textes accessibles par le menu pause. En 2020, par un spécialiste du genre, ce serait une hérésie de gamedesign.
On a pu avoir un aperçu de l’univers mental de Sam, qui prend la forme d’un chemin de glace/de verre qui se construit au fur et à mesure de sa progression, avec çà et là des îlots où se rejouent des scènes clés de son passé. Peut-être un peu classique comme représentation… Tout comme l’alter-ego de Sam, que seul lui voit et entend, et qui vient le conseiller quand arrivent les fameux choix décisifs. On pense très fort au père de Dexter, dans la série du même nom, ou à l’ami imaginaire de l’Agent York, qui fait son retour dans Deadly Premonition 2. Déjà vu, donc.
Malgré ces quelques points de doute, on reste plutôt emballé par le projet. On connaît le savoir-faire de Dontnod, et on sait que les éléments les moins convaincants de cette première présentation ont encore le temps d’être améliorés. D’autant que les points de satisfaction donnent le change : un feeling général qui peut faire penser aux productions Remedy (et c’est un compliment !), et cette mise en scène très hollywoodienne qui donne envie de se plonger dans l’histoire.
Twin Mirror est toujours prévu pour cette année, sur PlayStation 4, Xbox One et PC.
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