Cela fait maintenant 2 semaines que notre preview de Xenoblade Chronicles 2 est sortie et nous avons pu ajouter un joli paquet d’heures à notre compteur depuis. Lors de cette preview nous avions passé un excellent moment et notre ressenti était alors vraiment très positif. Cependant, avec le temps supplémentaire que nous avons eu pour réaliser ce test complet, nous avons pu prendre un certain recul sur le jeu, et observer toutes les mécaniques sur la durée, ce qui a naturellement engendré du positif, mais aussi du négatif, comme vous pourrez le lire dans les lignes qui suivront.
Les attentes, en tout cas de notre côté, étaient assez grandes, car on le rappelle, mais après un Xenoblade Chronicles X typé SF et 7 ans après le premier opus, nous commencions à avoir les dents longues. Xenoblade Chronicles 2 aura t-il réussi à combler nos attentes ? Est-il le fier héritier du premier épisode sorti sur Wii ? C’est ce que nous allons voir tout de suite.
Un jeu aussi immense que profond
Suite à une catastrophe inconnue, le monde d’Alrest fut autrefois totalement détruit et ses habitants, les humains comme les autres, furent alors obligés de reconstruire leur civilisation sur d’immenses créatures divines : les Titans. La taille de ces derniers peut varier du simple au double, et ainsi représenter un petit pays comme un gigantesque continent. Flottant dans une mer de nuages, ils sont contraints à errer, portant le poids de l’humanité sur leur dos, et attendant une mort inéluctable, synonyme d’extinction de toute vie dans le monde d’Alrest.
Cependant, alors que les guerres éclatent afin de s’approprier le peu d’espace restant, le quotidien de Rex, le héros que vous incarnerez, va changer du tout au tout après avoir accepté une mission de récupération sous la mer de nuages. Pendant cette mission, vous découvrirez les Lames pour la première fois, des créatures auxquelles vous vous lierez et qui combattrons à vos côtés, ce qui vous vaudra, en tant que contrôleur d’une Lame, le grade de Pilote.
Bien entendu la mission ne va pas se passer comme prévu, et Rex aura la mauvaise idée de toucher ce qu’il n’aurait pas dû, déclenchant ainsi la renaissance de l’Aegis, la Lame la plus puissante ayant jamais existé. De sa vie il en payera le prix, trahi par les autres personnes l’accompagnant sur ce job. Mais c’était sans compter sur la détermination de notre héros qui, aux portes de la mort, liera son âme à celle de l’Aegis, qui donnera la moitié de sa vie pour le sauver.
Mais Aegis n’est qu’un nom de code donné par ceux qui la convoitent. Dans la mythologie grecque, l’Aegis, ou l’Égide, désignait notamment le bouclier de Zeus, une arme destructrice pouvant aussi bien servir de façon offensive, que défensive. La référence n’est pas anodine, et le terme prendra encore un sens nouveau dès lors que vous serez arrivé à un certain point du scénario que nous vous laisserons découvrir par vous-même. Tout ça pour dire qu’en réalité notre Lame se prénomme Pyra, un prénom faisant bien entendu référence à l’élément qui la caractérise, le feu.
Nous nous rendrons rapidement compte qu’elle et nous croyons en une même chose : l’Elysium. Niché au sommet de l’arbre-monde, il s’agirait d’un vaste continent où toutes les populations d’Alrest pourraient vivre en paix, et surtout, en sécurité. Bien entendu pour Rex il ne s’agit que d’une légende, mais quand la Lame la plus importante d’Alrest vous dit qu’elle y est née, vous commencez étrangement à croire que cet endroit puisse exister.
Ce que nous venons de décrire représente plus ou moins ce que vous pourrez découvrir en introduction, et cela sera pour vous l’occasion de vous rendre compte à quel point la mise en scène est fichtrement bien réalisée. Nous vous en parlions dans notre preview justement, et nous avions quelques réserves concernant le fait que la mise en scène puisse perdre en intensité sur la durée. Eh bien rassurez-vous, ce n’est absolument pas le cas.
Le jeu reste plutôt homogène dans ce compartiment et les cut-scenes font un merveilleux travail de renforcement émotionnel et « d’iconisation » des personnages. Les angles de caméra, les jeux de lumière, les poses des personnages, l’intensité des affrontements, tout y est, et les graphismes aidant, on a très souvent l’impression de nous trouver dans un manga.
Pour appuyer cette mise en scène, nous avons une OST de rêve portée par des artistes incroyables comme l’immense Yasunori Mitsuda, qu’on ne présente désormais plus, mais qui nous renvoie à des moments très intenses du J-RPG. Les musiques de Xenoblade Chronicles 2 sont donc excellentes et certains morceaux pourraient très bien devenir cultes à travers le temps. Il faudra bien entendu attendre pour le savoir, mais il y a clairement certaines musiques qui restent profondément ancrées dans la tête longtemps après avoir arrêté de jouer.
Malheureusement, et contrairement à ce qu’on avait pu dire au départ dans la preview, la partie graphique peine parfois à convaincre sur le plan technique. Tout d’abord en mode portable, nous n’avions pas pu trop nous en rendre compte par manque de temps de jeu, mais nous avons parfois l’impression que le jeu passe d’une haute résolution à une basse. Alors bien entendu ça ne doit pas être qu’une impression, mais cela donne une sensation vraiment étrange, et on imagine que cela a été fait dans le but de conserver au mieux la fréquence d’affichage.
Ensuite en mode TV, cela semble un peu plus « beau » mais uniquement parce que tout est plus impressionnant, les environnements prennent plus d’ampleur sur 120 cm que sur le petit écran. Cependant, vous y perdrez en framerate et vous aurez tendance à voir davantage les petits défauts, même si pour la Nintendo Switch, on ne le répétera jamais assez, mais c’est déjà incroyable de pouvoir afficher un jeu pareil, avec cette qualité d’image, et surtout avec une fluidité plus que correcte. D’autant plus que la machine n’a pas encore un an.
Par contre, là ou le jeu nous transporte réellement c’est du côté de sa direction artistique et par l’immensité de ses environnements. Artistiquement, il n’y a rien à redire, après comme toujours c’est une affaire de goût. Cependant, le monde dans lequel nous évoluons est criant de vérité, ça grouille de vie, qu’il s’agisse de la faune comme des habitants, et les paysages sont des invitations totales au voyage.
À ce niveau, même les plus pointilleux auront du mal à cracher dans la soupe, car quand vous arriver à la pointe d’une falaise formée sur l’épaule d’un Titan, que vous scrutez un peu autour de vous, et que vous apercevez la tête immense et rocailleuse de ce dernier, vous restez juste sur le cul. Sincèrement, et c’est une des force du jeu, il nous fait nous sentir tout petit au milieu d’un univers qui semble parfois nous écraser de tout son poids, et ça c’est fort.
Des combats intenses mais parfois un peu brouillons
Alors là on va rentrez dans le dur, dans le gros morceau bien dense qui représente à lui tout seul aussi bien un défaut qu’une qualité : les mécaniques de jeu. Croyez-moi, ce jeu va vouloir vous submerger telle une lame de fond, mais vous devrez tant bien que mal maintenir la tête hors de l’eau pendant quelques heures. Si vous arrivez à faire ça, le jeu deviendra surement l’une des meilleures expériences de votre année, et peut-être même l’un de vos J-RPG préférés, qui sait.
Ce qui fera mal à certains, c’est toute la partie tutoriel, qui va vous apprendre à jouer et qui vous fera assimiler les mécaniques de jeu globales ainsi que le gameplay, et vous allez en bouffer des lignes de textes explicatives. Fort heureusement, le jeu est très sympa avec nous et on se tape pas des pavés indigestes à la chaîne. C’est finalement assez bien fait car le jeu prend son temps, et nous dit parfois qu’on reviendra sur tel ou tel élément plus tard, histoire de pas en avoir trop en tête et de bien apprendre point par point.
Cependant, et c’est bien dommage, le jeu manque d’un glossaire complet ou encore même d’un bouton permettant de passer sur un élément dans les menus et de savoir exactement à quoi ça correspond. Exemple tout bête pour imager la chose, que l’on puisse avoir le détail exact de ce sur quoi influe la Force ou la chance dans le jeu.
Vous aurez donc plusieurs heures à passer avant d’assimiler tout ce que le jeu aura à vous offrir en ce qui concerne ses mécaniques, et même 20 heures après vous ne manquerez pas d’apprendre encore des choses ci et là. Cela aura donc tendance à rebuter les joueurs les moins acharnés, qui risqueraient surtout de perdre le fil dès les premières heures de jeu, par manque d’accessibilité. Mais ce défaut va rapidement se transformer en qualité si vous êtes un joueur chevronné qui n’a pas peur de surnager quelques heures, afin de jubiler tout le reste de l’aventure. Car oui, une fois ce cap passé, et que vos actions deviennent plus naturelles, alors vous allez prendre un pied phénoménal, en tout cas, c’est ce que nous avons ressenti.
C’est donc un peu complexe d’expliquer tout le système de jeu tant il y a de choses mises en place, mais nous allons essayer de le faire le plus simplement du monde, sans allez trop loin dans les détails. Il faut savoir dans un premier temps que côté gameplay, Xenoblade Chronicles 2 est resté fidèle à lui-même en nous offrant des combats en temps réel, mais avec son système d’attaque automatique.
Cela signifie qu’une fois le combat lancé et si vous êtes à bonne portée, votre personnage attaquera seul, et vous ne devrez vous inquiéter que des actions qui gravitent autour de ça comme les combos par exemple. Ce système est très particulier et encore une fois, on aime ou on aime pas, et il est vrai qu’avant d’avoir le nombre maximum de personnages (3) dans son équipe ainsi que le maximum de Lames associées par personnage, on a l’impression de se faire un peu chier. Encore une fois, il faut en passer par la facilité des débuts, pour bien assimiler tout ce qu’on nous inculque.
Au combat vous serez toujours associé à votre Lame, et les autres personnages de votre équipe également. Une Lame sera là pour vous protéger, mais aussi pour se battre à vos côtés. Il en existe 3 types (tank, soigneur, dégât), et chaque Lame va posséder un élément (foudre, eau, feu, etc.). Comme vous l’imaginez, il faudra donc jouer avec les éléments pour faire plus ou moins de dégâts sur vos adversaires, d’autant plus avec le système de combos. Sur le côté droit de l’écran, vous verrez 4 emplacements dont un sera réservé à votre attaque « ultime ». Les autres seront destinés à accueillir vos attaques spéciales qui feront monter votre jauge d’attaque « ultime » à l’usage. Les attaques « ultimes » vous serviront alors à réaliser des combos en relation avec l’élément de vos Lames. C’est pour ça qu’il faudra jouer en associant des Lames complémentaires à vos personnages.
Par exemple, en déclenchant mon attaque « ultime » avec Pyra qui est de l’élément feu, le jeu me proposera des combos réalisables en combinant un autre élément spécifique à mon action précédemment faite. Tout cela bien entendu dans un temps imparti, il faudra donc connaître la composition de son équipe sur le bout des doigts et avoir pas mal expérimenté pour que vos combos se fassent de la façon la plus fluide possible. D’autant plus qu’il faut penser à l’élément de l’adversaire pour booster au maximum les dégâts. Bref, vous voyez, c’est pas forcément simple à expliquer, mais une fois en jeu, on comprend plutôt bien le système.
Par contre, ce qui se passe à l’écran est parfois un peu compliqué à suivre et on n’arrivera pas toujours à avoir un œil sur tout. Beaucoup de choses s’affichent, défilent, et pendant les combats avec tous les effets c’est parfois un peu le bordel. Heureusement, et c’est à mon sens parfois indispensable, il est possible de gérer la position de la caméra à la volée. En maintenant juste un bouton, on peut gérer les axes X, Y et Z, ce qui permet d’avoir une bien meilleure visibilité, et ce en fonction du combat par exemple. Un élément ultra ergonomique qu’on aimerait vraiment voir dans d’autres jeux où la gestion de la caméra est parfois bancale.
Xenoblade Chronicles 2, ou l’exploration à l’état pur
Ici pas de gestion d’objets pendant les combats, vous devrez vous octroyer des bonus avant, en les plaçant dans votre sac à dos, et ils resteront actifs pendant un temps donné. Pour la gestion de l’équipement, pas de modification visuelle, vous garderez sauf exception votre scaphandre bleu, mais vous pourrez vous équiper d’accessoires pour augmenter vos caractéristiques. Alors bien entendu, on aime toujours quand notre héros change d’allure au cours de l’aventure, mais dans Xenoblade Chronicles 2 ce sont les Lames que l’on va changer régulièrement et qui vont apporter ce changement visuel, que ce soit au niveau de leur plastique ou des attaques qu’elles produisent.
La progression du personnage se fait ici par niveaux, et ses compétences s’étofferont avec le temps en accomplissant des actions prédéfinies que vous pourrez retrouver dans un arbre appelé ici le Sociogramme. Il en va de même pour les Lames, qui possèdent elles aussi un Sociogramme et le lien que vous entretiendrez avec vos Lames permettra en se renforçant de booster certains points comme l’augmentation des dégâts par exemple.
En combattant vous gagnerez alors tout un tas de choses, des Cristal-cœurs (pour obtenir de nouvelles Lames), de l’argent, de quoi faire du crafting, et de l’expérience bien entendu. L’expérience est d’ailleurs gérée d’une façon assez particulière qui rend l’usage des auberges indispensable. En combat pas de souci : l’expérience récoltée ira directement gonfler le total de vos personnages. Mais si vous réaliser des quêtes, l’expérience s’accumulera dans une petite cagnotte que vous ne pourrez dépenser qu’en allant faire un petit dodo à l’auberge. Comme on dit, la nuit porte conseil et vous permettra donc de revenir d’une grosse session de quêtes secondaires avec le plein d’expérience, et ainsi passer tous vos niveaux en vous reposant.
En parlant des quêtes secondaires, ces dernières n’échappent pas au phénomène FedEx et vous en aurez des ingrédients à aller chercher à l’autre bout de la carte, ou des gens à qui aller parler. Vous n’en aurez pas toujours envie, mais malheureusement Pyra, avec son petit air angélique, répondra généralement avant vous et proposera qu’on aide telle ou telle personne dans ses corvées, qui se trouveront être une quête pour vous. Nous avons d’ailleurs remarqué quelques dialogues basiques d’acceptation de quête qui ne sont ni plus ni moins que des copier/coller d’une quête faite quelques minutes auparavant. Dommage, ça brise un peu l’immersion de se rendre compte que les personnages disent parfois mot pour mot les mêmes choses à des personnages différents.
Mais ces quêtes secondaires auront un deuxième gros intérêt. Dans tout Alrest, vous ne manquerez pas de visiter des villes, et ces dernières auront un niveau de développement symbolisé par un nombre d’étoiles. Vous commencerez avec 0 étoiles et pourrez faire monter ce compteur jusqu’au maximum de 5 étoiles en vous faisant un nom dans la région où la ville se situe. Vous l’aurez compris, il vous faudra surtout réaliser des quêtes pour cela. Plus vous ferez monter le niveau de développement et plus vous aurez d’avantages dans les boutiques de la ville, et plus les marchands proposeront de choses en magasin. Il est donc intéressant de prendre le temps de faire monter les niveaux de développement, même si cela reste facultatif au final. Mais vous aurez l’impression de vous impliquer davantage dans cet univers, et quelques bonnes quêtes secondaires sont tout de même de la partie, ne vous inquiétez pas.
Enfin, nous allons parler d’exploration, car dans Xenoblade Chronicles 2, vous serez tout le temps en voyage dans des endroits complètement dingues, et ce qui rendra tout ça terriblement bon, ou terriblement lourd suivant le joueur que vous êtes, c’est que vous devrez vous débrouiller un peu seul. Le jeu vous lâche clairement la bride en ne vous guidant pas trop vers les objectifs tel un GPS, et c’est une excellente chose puisque pour aller d’un point A à un point B, vous allez quasi systématiquement passer par les points C, D ou E. Le jeu regorge de choses à découvrir, comme les Interludes par exemple, de petites cut-scenes scénarisée qui ont pour but de renforcer les liens entres les membres de l’équipe. Ces Interludes, même si cela n’avait pas d’impact sur le jeu à l’époque, nous ont rappelé les Active Time Events de Final Fantasy 9.
Mais pour revenir à nos moutons, même si l’objectif est clairement affiché sur la carte, il vous faudra faire preuve d’observation, car le jeu joue beaucoup avec la verticalité des environnements. Cela est d’autant plus vrai qu’il vous faudra vérifier l’état de la marée de la mer de nuages : en se déplaçant, les Titans les plus gigantesques provoquent une élévation du niveau des nuages, ce qui rendra certaines zones accessibles qu’à des moments précis. Cette exploration, nécessaire à l’avancement des arbres de compétences des personnages, n’est à aucun moment redondante et désagréable. Chaque endroit à une saveur différente que l’on y soit de jour ou de nuit, et le parfum d’aventure est toujours au rendez-vous.
On ne va pas le cacher, après notre preview, nous avions un peu peur que la magie s’effrite avec le temps et que le jeu perde en intensité sur la longueur, mais ce ne fut absolument pas le cas. Xenoblade Chronicles 2 est une véritable invitation au voyage et à l’exploration, jouissant d’un scénario prenant et d’un gameplay très profond qu’il vous faudra apprendre à dompter pour en retirer toute la sève. Graphiquement, c’est là qu’il ne faudra pas être le plus exigeant, car que ce soit en mode portable ou TV, le jeu accuse un peu le coup par moments.
De plus, il aurait gagné à être un poil plus ergonomique, voire un peu plus accessible pour essayer d’embarquer plus facilement des joueurs au-delà du cercle des fans. La technique ne pouvant pas être sa force, Xenoblade Chronicles 2 a su puiser dans d’autres ressources, en nous délivrant notamment une OST majestueuse, ainsi qu’une excellente mise en scène ne manquant à aucun moment d’epicness. Enfin, Xenoblade Chronicles 2 est fantastique sur bien des points et s’impose comme le digne successeur de Xenoblade Chronicles premier du nom, mais manque peut-être d’un tout petit coup de polish pour le rendre absolument mémorable.