En 2019 les jeux de zombies n’ont plus rien d’original, que ce soit sur la console ou sur PC. Énormément utilisé dans la dernière décennie, ce style est en net recul depuis quelques temps. Mais Saber Interractive semble vouloir aller à contre-courant de ce changement, et il nous propose sa propre vision du jeu de zombies avec World War Z.
Roman de Max Brooks, sorti initialement en 2006, le livre a eu droit à un film en 2013. Le livre avait reçu un bon retour de la part des critiques et du public, notamment grâce à son scénario et à l’aspect scientifique qui englobait le livre. Le film, bien que moins apprécié, avait réussi à ouvrir l’univers de Max Brooks au plus grande nombre, en particulier grâce à ses hordes de zombies très impressionnantes à l’écran. L’adaptation en jeu vidéo arrive-t-elle à rendre hommage à l’œuvre de l’auteur américain ? Peut-elle se distingue visuellement comme le film ?
Test de World War Z réalisé sur PlayStation 4 avec une version du jeu fournie par l’éditeur)
Bienvenue en enfer !
Tout comme l’œuvre dont est tiré le jeu, World War Z plonge le joueur dans un monde similaire au notre à un léger détail près, il est infesté de morts-vivants. Nommées zékés, ces créatures meurtrières et affamées apparaissent à la suite d’une infection. Transmise au travers du sang, une simple morsure suffit à propager la maladie et à faire muter la victime dans un délai allant de 12 secondes à 1 minute, sauf pour vos personnages. Un univers qui dans l’ensemble est très bien retranscrit par les graphismes et les cartes, l’environnement étant apocalyptique au possible.
Profitant du fait que l’infection soit mondiale, les développeurs ont décidé d’étaler l’histoire du jeu dans 4 zones distinctes qui représentent les 4 chapitres du jeu. Au travers des 11 missions disponibles, on peut alors visiter les rues et métros de New York, les alentours de Jérusalem, les zones enneigées de Moscou et enfin les zones industrielles de Tokyo.
Chaque chapitre est alors divisé en 3 missions distinctes, à l’exception de Tokyo qui se cantonne pour l’instant à 2 missions, la troisième devant arriver sous peu. Le jeu possède donc des environnements variés, et malgré le fait qu’ils soient fermés cela ne nuit aucunement à l’exploration.
Chaque mission se termine en une trentaine de minutes dans le niveau de difficulté le plus bas. World War Z offre donc une durée de vie plus que respectable, surtout que comme nous le verrons plus tard la rejouabilité est un élément clé du jeu. De plus plusieurs modes multijoueur viennent étoffer le contenu en dehors de la campagne. Scénaristiquement le jeu ne casse pas des briques, il n’innove ni ne fait de flop à aucun moment. En clair, l’histoire reste secondaire mais cela ne nuit nullement à l’expérience.
Un autre aspect est par contre nettement plus préjudiciable à World War Z, ce sont ses objectifs. Chaque mission se déroule presque toujours de la même manière. Atteindre une zone, affronter une première horde, défendre une zone ou un PNJ puis résister à la horde finale, voici le schéma classique des missions.
Bien qu’efficace sur le papier ce schéma donne un côté très redondant à la campagne surtout qu’à quelques exceptions près les objectifs sont peu intéressants. Il ne faut pourtant pas se méprendre, le jeu n’est pas ennuyant et l’intérêt qu’il n’arrive pas à susciter par son histoire comme pour le livre, il arrive parfaitement à le créer par son gameplay. Mais avant d’affronter les zékés, il faut bien se préparer.
Bien se préparer c’est la clé de la survie
Avant même de commencer chacun des épisodes qui composent World War Z, le joueur va être confronté à divers choix cruciaux pour la suite de sa mission. Chaque chapitre va être l’occasion pour les joueurs de découvrir la nouvelle équipe de 4 personnages, dont le nombre s’élève au total à 16. Vous aurez alors la possibilité de choisir quels personnages incarner, leurs différences n’étant qu’esthétiques.
Après chaque épisode accompli avec un des survivants, il vous sera possible de découvrir une mini-cinématique retraçant l’histoire du personnage. Chacune de ces cinématiques possède son propre style graphique et a le mérite d’humaniser nos avatars.
Bien que le choix du personnage soit purement esthétique, deux autres options de personnalisation ont quant à elles un intérêt bien plus important. À la manière d’un RPG, le jeu propose 6 classes distinctes possédant toutes leur propres arbres de compétences et leur armement de base. Il faut donc réfléchir à comment l’on veut jouer avant de se lancer aux travers des hordes.
Par exemple, l’infirmier débutera chacune de ses parties avec une trousse de soin et ses compétences se baseront avant tout sur le soin des coéquipiers. Cet aspect RPG est vraiment louable car il permet d’aborder différemment les épisodes. Votre classe aura aussi tendance à influencer vos loots durant les parties, l’infirmier trouve par exemple beaucoup plus de trousses de secours.
De la même manière que pour les classes, vous pourrez aussi personnaliser votre armement. Chaque fois que vous utilisez une arme durant vos parties, cette dernière engrange des points d’expérience. Dès que l’arme prend un niveau, une nouvelle amélioration est disponible. Mais les améliorations ne sont pas pour autant gratuites, il va falloir dépenser des points que vous obtenez en finissant des missions. Mais ces points doivent aussi être utilisés pour améliorer votre classe. L’évolution de votre armement est cruciale puisque le jeu vous invite à augmenter la difficulté pour gagner plus de points.
C’est là que le jeu pousse à recommencer les missions pour obtenir un plus grand nombre de points. Surtout que World War Z a un très grand nombre d’armes et de compétences à améliorer. On fait donc face à un contenu très dense, surtout qu’entre amis il n’est pas gênant de recommencer. Un défaut reste toutefois présent, bien que le contenu soit dense, il n’est pas assez impactant. Beaucoup d’armes donnent les mêmes sensations de tir, tandis que d’autres seront vite délaissées car elles sont inutiles face à un trop grand nombre de zékés. Pareil pour les classes qui n’ont que trop peu de différences concrètes, vu que l’équipement de base est très vite remplacé par un autre plus efficace. On aurait par exemple aimé que seul l’artificier puisse utiliser des explosifs, ce qui aurait rendu son rôle indispensable dans l’exploration.
La cervelle, c’est nickel ! Les rotules, c’est pas nul !
Attaquons le cœur même de ce test, son gameplay. L’une des principales qualités que nous avons su trouver au jeu, c’est son aspect défouloir, en particulier grâce à ses zombies. Le terme de hordes n’a jamais autant eu de sens que dans World War Z, à de très nombreuses reprises vous allez devoir faire face à plusieurs centaines de zékés, et ce n’est pas une exagération. Tous les moyens sont alors bons pour éviter d’être submergé, car si cela arrive vous pouvez être certain que votre partie va se terminer prématurément. Nous avons été emballé par ces moments de tension qui tournent très vite au concours de kills une fois avec d’autres joueurs. Si ce jeu ne peut pas forcément être salué pour son scénario novateur, il remplit par contre parfaitement le rôle de défouloir.
Très proche d’un Left 4 Dead 2, le jeu arrive cependant à se distinguer, en particulier pendant ces passages de défense de zone. Si le jeu va continuellement vous inviter à suivre les objectifs sans vous laisser de liberté, il n’est pas rare qu’il soit nécessaire de créer une forteresse de fortune pour vous protéger des hordes. C’est alors à vous de trouver l’équipement nécessaire pour vous défendre, et le jeu vous laisse le choix de la position parmi plusieurs spots. Et on peut dire que les gens ont laissé beaucoup d’équipement militaire au milieu de la ville, barrières à haute tension, tourelles automatiques, barbelés… Une forme de stratégie se met alors en place pour contenir ces monstre anthropophages.
Face à un tel équipement on peut imaginer que la lutte face à ces morts-vivants soit une chose aisée mais il n’en est rien. World War Z a su trouver le bon dosage entre amusement et difficulté, ce qui nous permet d’avoir un bon challenge une fois la manette en main. Les zékés, bien que faibles en solitaire, sont souvent secondés par des zombies plus puissants. Ces derniers sont extrêmement dangereux, surtout à haut niveau, car ils ont tous des capacités spéciales. Créer un nuage toxique, dotés d’une force surhumaine ou d’un crie rametant des hordes, les abattre devient alors une priorité. De plus, si ces derniers viennent à vous saisir, vous n’aurez plus aucun moyen de défense et vous devrez attendre qu’un joueur ou l’IA vous libère. L’armement lourd est alors votre meilleure défense.
L’IA est d’ailleurs l’un des rares soucis notables au sujet du gameplay de World War Z. Que ce soit l’IA des ennemis ou de vos compagnons, cette dernière est toujours à la ramasse. Si on peut encore pardonner le fait que des zombies ne soient pas des prix Nobel, il est par contre plus dérangeant de voir ses compagnons ne pas vous réanimer quand vous êtes sur le point de mourir définitivement. Si vous en avez la possibilité, nous vous conseillons de jouer principalement avec d’autres joueurs pour éviter plusieurs frustrations.
En plus du mode campagne coopérative, World War Z s’est aussi doté d’un mode multijoueur. Assez simpliste dans son contenu, il reste néanmoins agréable à parcourir. Cinq modes sont disponibles durant vos parties, parmi lesquels les classiques capture de drapeau ou combat à mort. Attention toutefois, le jeu a pensé à ajouter un élément pour tourner ces modes à sa sauce, la présence des sempiternelles hordes. Arrivant de manière régulière, ces vagues d’ennemis offrent un aspect différent aux affrontements JcJ et influencent très souvent le déroulement d’une partie. Il faut aussi adapter son équipement à la situation, la mitrailleuse très utile face à une horde de zombies devenant alors pas assez efficace contre des joueurs. À contrario le fusil de chasse qui était à exclure face aux zombies à cause de sa cadence de tir et des risques de friendly fire est tout d’un coup diablement efficace.
Bien que World War Z ne soit pas exempt de défauts, il reste à nos yeux une bonne surprise en ce début d’année. Parfois injuste voire cruel, le jeu sait malgré tout nous offrir un gameplay amusant bien que simpliste. Les joueurs trouveront sans mal un parfait défouloir à parcourir entre amis tout en se vantant d’avoir tué le plus d’ennemis.
Malgré tout, le jeu gagnerait à aller plus loin dans ses concepts et à retravailler son IA pour ne pas laisser un léger goût d’inachevé aux joueurs. Le jeu n’a donc pas à rougir et ne dénature pas l’univers si dense de Max Brooks.