Il existe un vaste spectre de propositions sur la toile du jeu. D’un côté, vous avez vos jeux à gros budget avec une grosse compagne, appelé «triple-A». Des jeux comme God of War, Red Dead Redemption 2 ou Assassin’s Creed Odyssey. À l’opposé, on trouve les titres plus intimes de réalisateurs indépendants, dont certains sont créés par des équipes de très petite tailles. Cuphead, Celeste, Hollow Knight. Ces titres défient nos attentes en matière de jeu et, libérés des exigences des fans frénétiques des gros jeux, réécrivent notre définition du jeu vidéo lui-même.
Et puis, quelque part loin de ce spectre, dans un vide d’ambiguïté irrévérencieuse, se trouve Untitled Goose Game. Un titre bien curieux, que l’on pourrait traduire par le jeu de l’oie sans titre. Un jeu où vous incarnez une oie, ayant un seul but dans la vie : embêter tous les humains qu’elle croise sur son chemin. Cela n’est peut-être pas très vendeur comme concept, mais fermez les yeux ! Imaginez-vous un instant être une oie, dont la mission est de réaliser les pires bêtises que vous pouvez imaginer. Un sourire esquisse votre visage, ça y est, vous êtes prêt pour le test de Untilted Goose Game.
Au pas de l’oie
L’idée Untitled Goose Game a germé lorsque le développeur Stuart Gillespie-Cook a laissé tomber une photo d’une oie. Il regarde ses camarades et dit en blaguant : faisons un jeu sur ce sujet. C’est ainsi que le studio indépendant House House, comptant quatre personnes, a suivi ce concept tout bonnement génial.
Le principe du jeu est simple : vous êtes une oie et votre mission est de rendre la vie un peu plus difficile, voire insupportable pour les villageois les plus patients du monde, qui n’ont jamais recours à la violence. Vous avez une liste de tâches à remplir dans un carnet et les éléments sont rayés un par un lorsque vous effectuez les tâches. Certains des défis sont simples, comme aller d’un point à un autre sans être pris au piège, tandis que d’autres sont plutôt des petits casse-tête à résoudre.
Un élément du décor peut être utilisé pour déclencher une chaîne de réactions et vous mener à la zone suivante. Les contrôles sont simples et agréables et ne vous empêchent jamais de faire des ravages. Appuyez sur un bouton pour courir plutôt que de vous dandiner, un pour vous pencher, un autre pour battre des ailes, un autre pour saisir ou laisser tomber des objets et c’est tout, vraiment. Ah ! Nous oublions le dernier bouton, le plus important, celui qui vous permet de cacarder. Le meilleur bouton de votre vie pour vous déchaîner.
Cacarder vous permet de faire peur aux gens, les faire sursauter ou les attirer. Cela est utile pour avancer dans vos tâches, mais le plus marrant c’est surtout de cacarder pour le plaisir après avoir joué un sale tour. Malheureusement, vous ne pouvez pas sauter, lancer des objets sur les gens ou voler, mais votre seule présence suffit à mettre tout le monde à bout, ce qui est une sorte de pouvoir fortement appréciable, dénué de responsabilité.
Le pire ami de l’homme
Tout dans ce jeu est envoûtant. Des tons pastel du pittoresque village anglais aux petites lignes de cris ondulés, à l’animation réaliste de l’oie, tout est extrêmement charmant. La bande-son dynamique du piano, une sorte d’adaptation des Préludes de Debussy, monte crescendo en fonction des ravages que vous causez. La musique commence lorsque vous vous battez avec le jardinier pour obtenir ses clés et s’arrête lorsque vous les laissez tomber. La mélodie au piano devient frénétique lorsque vous êtes chassé par une commerçante en colère avec un balai et ralentit lorsque vous êtes en sûreté. Même lorsqu’il n’y a pas de musique en fond sonore, le son des pieds de l’oie lorsqu’ils tapent contre le trottoir est, en un mot, ensorcelant.
Comparé à quelque chose comme Goat Simulator, il n’y a pas de chaos ou de points assignés à la force avec laquelle vous pouvez taper sur les gens. Au lieu de cela, vous les rendez fous avec la plus douce des farces comme le petit garçon, qui trébuche après avoir défait ses lacés. Vous lui volez ensuite ses lunettes pour les remplacer avec une autre paire volée à la commerçante. Le garçon se relève en mettant les mauvaise lunettes. Il n’y a pas de véritable enjeu, mais la liberté absolue d’être un animal qui n’a pas à subir de conséquences est tout simplement jouissif.
Le village n’est pas très grand, c’est donc un petit jeu bien rangé que vous pourrez terminer au cours d’un week-end. Après les crédits, la liste des tâches se compose de quelques objets bonus en plus, et vous pouvez reprendre le jeu pour relever des défis chronométrés. C’est un concept intemporel et nous espérons vivement que House House déploiera des défis inédits dans de nouveaux niveaux.
Quoi que vous pensiez du concept ridicule de Untitled Goose Game, vous ne pouvez pas le nier, c’est joyeux. Et souvent, c’est la raison pour laquelle nous jouons aux jeux vidéo, n’est-ce pas ? Pas toujours pour se transporter dans des mondes étranges et disparates, mais pour profiter d’un bref répit de la réalité.
Bon sang, même les personnes qui ne jouent pas devraient pouvoir comprendre ce sentiment. Untitled Goose Game est certes un jeu très court, mais il apporte un concept si inédit qu’il en devient indispensable. Si vous avez un moment de libre, rien de mal à prendre un peu de plaisir sur Untitled Goose Game, votre imagination débordante d’espièglerie vous remerciera.