Absent de la scène vidéoludique depuis la sortie de 13 Sentinels: Aegis Rim (si l’on excepte la ressortie de GrimGrimoire), Vanillaware est revenu ce 8 mars 2024 sur consoles et PC avec Unicorn Overlord. Le studio japonais tourne la page de la science-fiction et reprend celle de la fantasy, univers dans lequel il avait également plongé avec Dragon’s Crown.
Le développement, long de dix années environ, a été particulièrement coûteux. Il a quand même été jusqu’à puiser dans quasiment toutes les ressources à sa disposition. Un travail énorme qui se voit maintenant récompensé ? Eh bien, à en croire les avis et informations partagés, la réception a été plutôt bonne. Mais qu’en est-il en ces lieux ?
(Test de Unicorn Overlord sur PlayStation 5 réalisé à partir d’une copie fournie par l’éditeur)
Fantasy made in Japan
Le dire, c’est se répéter. Mais comment éviter ce passage obligé ? Allons-y : Unicorn Overlord n’est nullement original dans ce qu’il raconte ou dépeint. Les personnages, modèles de vertu, sont archétypiques. Quant à la population féminine représentée, elle n’échappe pas à l’exposition ostentatoire de ses formes. Vanillaware donne à son public ce qu’il attend supposément.
La recette sur ce point est donc largement convenue. Trop convenue au point de suspendre l’intérêt que l’on pourrait éprouver pour un (des) personnage(s) présents. Des personnages que l’on ne pourra pas apprécier totalement. Du moins, pour leurs individualités. De plus, le chara design, loin d’être affreux, est marqué par une sorte de banalité. Mais tous ces points (qui résument plutôt un jugement bien personnel) ne sont nullement préjudiciables pour le suivi de l’histoire et sa progression. Si on le considère comme ce qu’il est, Unicorn Overlord propose un parcours plaisant, nous ouvrant les portes d’un univers merveilleux et généreux.
Pour cause, la proposition est foisonnante. Déjà, en ce qui concerne le casting, on ne sera pas déçu du nombre de personnages qui le composent. Ils sont si nombreux qu’ils nous donnent quelque peu le vertige. Et c’est là l’un des seuls reproches qu’il nous sera permis de faire. Car, du reste, le traitement est globalement bien mené, les différents protagonistes (principaux) ayant tous la possibilité de se mettre en avant, et ce par le biais d’un développement incident par exemple. Cela permet donc l’émergence de petites histoires, même si certaines d’entre elles sont bien maigres, dans la grande histoire principale.
Ainsi, le jeu échappe à une espèce de redondance. Tout au moins, cette redondance se retrouve limitée. Car oui, il en existe bel et bien, notamment dans la structure : le joueur conduit son personnage dans une zone, il bataille, lance une discussion avec l’ennemi, le terrasse, et rebelote. Néanmoins, il existe également des éléments qui permettent de contrebalancer le sentiment de lassitude que l’on pourrait éprouver. De fait, Unicorn Overlord n’est en effet jamais en manque de fraîcheur.
Vanillaware fait preuve d’une bonne maîtrise de la mise en scène. Mais, sur ce point, le studio a déjà fait ses preuves, et 13 Sentinels: Aegis Rim en est une. Dans notre cas d’aujourd’hui, la réalisation rend les interactions entre les personnages attachantes. Et c’est ce qui est remarquable : à partir de modèles peu originaux, le titre arrive à se transcender et témoigne d’une virtuosité certaine. L’humour est utilisé à bon escient, par exemple, et les suspenses sont bien ménagés. Néanmoins, si le titre devait briller sur un point unique, ce serait évidemment sur la partie gameplay et les combats qu’il nous offre.
« À vaincre sans péril, on triomphe… » ?
De prime abord, les mécaniques sont simples dans ce jeu de stratégie. Il s’agit de mener ses unités avec justesse et tactique vers les différents ennemis qui pullulent dans une zone. Il n’est alors que conseillé de prendre ses précautions, en se préparant au maximum. Cela se traduira par l’achat d’armes, de potions, etc., mais aussi par la préparation de ses équipes. Ce qui n’est pas chose aisée.
Lorsque le joueur débute la partie, aucune difficulté ne lui sera donné à surmonter. Cela en est presque déstabilisant. Tout comme le changement de ton qui suit d’ailleurs. Un changement de ton qui est néanmoins apprécié. Les niveaux se durcissent et, par là, se diversifient. Les ennemis changent et il y a plus de choix, de possibilités dans les niveaux, à l’instar de la mise à disposition de différentes machines (catapultes, ballastes…).
Comme dit plus tôt, pour avoir le plein contrôle des situations qui se présentent à lui, le joueur doit faire preuve de réflexion et gérer, en fonction des faiblesses de ses adversaires, la composition de ses groupes. Pour y arriver, il y aura certainement du chemin à accomplir, ce qui est surtout vrai pour le non-initié. Car gérer ses unités, avec brio, s’apprend dans le temps. Et la durée de l’apprentissage peut être longue et décourageante.
Les équipes qui composent notre petite armée ont en effet leurs avantages et leurs faiblesses. Si certaines peuvent facilement disposer d’équipes adverses, d’autres auront plus de mal et courront inévitablement vers la défaite. Il est donc important de se souvenir des capacités et des affinités même de chaque classe (épéistes, cavalerie…). De plus, l’issue d’une victoire ne dépend pas uniquement des confrontations directes enclenchées lors des rencontres de deux unités.
Il est aussi important, ou plutôt conseillé d’agir sur le terrain de l’affrontement (là où nos pièces sont disposées) en utilisant ses compétences spéciales pour affaiblir l’ennemi avant de l’engager ou encore se défaire d’obstacles et de pièges. Cette contrainte aura tendance à refroidir les joueurs. Et il en est certainement de même pour le système de combat automatique. De fait, il n’y a aucune action possible durant la joute. Il faut y avoir réfléchi avant. Un système qui peut être difficile à appréhender.
La soif de la découverte
Unicorn Overlord est un jeu fascinant qui propose une certaine richesse. Fascinant, dans le sens où on se retrouve transporté dans l’univers, oubliant ainsi le temps que l’on passe à se balader çà et là. Il y a comme une sensation de voyage. Un sentiment que les décors en 2D, les couleurs et destinations font notamment naître. Ainsi, ses graphismes ont une importance non négligeable dans l’émergence de cette sensation. Seulement, il est dommage que la musique manque de cette créativité qui aurait pu transcender un peu plus le résultat. Elle n’est pas mauvaise, juste un peu en retrait.
Cette richesse susmentionnée prend également tout son sens avec le contenu « secondaire ». Il est conséquent et est parfaitement intégré au titre. C’est-à-dire qu’il ne semble nullement faire fausse note, en occupant le statut de remplissage. C’est même à se demander si les niveaux dits secondaires le sont réellement tant il y a un sentiment de nécessité. Bien souvent, ces passages servent à acquérir de nouvelles forces essentielles. Des forces qui permettront de surpasser les difficultés de la campagne principale.
Et, au-delà de la dimension utilitaire, il y a aussi cette notion de plaisir. Plaisir que l’on peut prolonger avec diverses activités tels les affrontements du Colisée, lesquels peuvent également se faire en ligne contre d’autres participants.
Bénéficiant d’une parfaite maîtrise de la part de Vanillaware, Unicorn Overlord est un jeu qui fera naître la passion. Au point de se perdre dans le monde qu’il propose. Un monde ne brillant certes pas par son originalité, mais qui possède malgré tout des arguments pour faire succomber son participant. La mise en scène est maîtrisée, le contenu est conséquent et, surtout, le système de combat est extrêmement bien pensé.
Cependant, la difficulté qui l’accompagne peut constituer un frein à la progression. Car, même si le joueur est suffisamment pris en main, il y aura forcément un temps d’adaptation et de pratique à ne surtout pas négliger. Le reste, ce n’est que du plaisir.