Une année (ou presque) après l’arrivée de Trails through Daybreak dans nos contrées, Falcom récidive et nous offre aujourd’hui sa suite, qui, au Japon, est disponible depuis deux années maintenant. Et si l’on aurait tendance à croire que l’on a rattrapé le retard avec son pays d’origine, il est forcé de constater que ce dernier a toujours une longueur d’avance sur nous, le dernier opus (l’ultime volet de l’arc Through Daybreak) venant à peine de sortir sur le sol nippon. Logique !
Mais n’allons pas trop vite en besogne. En attendant que cet ultime épisode vienne à nous (sans doute prévu pour une arrivée en 2026), attelons-nous sur la présente œuvre sobrement intitulée Trails Through Daybreak II. Quelle expérience fournit-elle ? Constitue-t-elle un bon épisode ? La réponse ne saurait tarder à vous parvenir…
(Test de Trails Through Daybreak II sur PlayStation 5 réalisé à partir d’une version fournie par l’éditeur)
Le retour de Van et compagnie
Ce nouvel opus repose logiquement sur les bases instaurées par le précédent. Les personnages sont les mêmes, du moins pour l’essentiel. Cependant, comme à l’habitude, la paix est instable et un nouveau danger menace la cité de Calvard. Une situation délicate dans laquelle plongera Van Akride, en sa qualité de Spriggan (une espèce de détective marginal) et ses compagnons aux statuts tout aussi particuliers.
Le terrain est donc connu, du moins pour les fans. Et, à ce niveau, certaines voix peuvent s’élever et se demander : en quoi ce nouveau titre peut-il se démarquer du précédent ? Ou encore, de manière plus étendue, qu’apporte-il de plus à la saga ? Ces questions, loin d’être formelles, se posent véritablement. Car, finalement, en posant nos mains sur le titre, nous sommes confrontés comme face à un sentiment de désillusion. “Encore !?”, pourrions-nous même maugréer.
En effet, malgré la présence de nouveaux éléments narratifs, Trails Through Daybreak II reste relativement similaire à tout ce qui s’est fait jusqu’à présent. Et cela on le voit dans la structure même ; schématiquement parlant, ce n’est rien de plus, rien de moins que du simple réchauffé. Ce qui n’encourage nullement à se jeter corps et âme dans cette aventure.
Ce qui fait l’essence d’un Trails, c’est son suspense. De fait, il crée, au fil du récit, un niveau d’attente. Or si les artifices, méthodes utilisées à ses fins ne varient que (trop) peu d’un épisode à l’autre, l’intérêt se perdra. En conséquence, le joueur ne sera plus vraiment stimulé. Et c’est exactement cette perte qui s’opère au cours de cet opus : les ressorts, la technique (“jeux de caméra”…), les blagues, etc. sont pour ainsi dire plus qu’éculés. Dans ce sens, Trails through Daybreak 2 perd son charme d’emblée.
Du Trails, quoi…
Évidemment, il y a bien des nouveautés, qui, à défaut d’enrichir l’expérience de jeu, viennent l’agrémenter d’un léger capital sympathie bienvenu. Nous avons droit, par exemple, à l’ajout d’un “nouveau monde” ou encore à des fonctionnalités inédites (quoique peu nombreuses). Des présences assez agréables donc qui n’auront aucune prétention au dépaysement. Et, si pour les uns il n’y a pas mieux, pour les autres, ce “côté conservateur” sera difficilement supportable.
Il y a un défaut de taille dans Trails Through The Daybreak 2 ; un défaut que la série traîne depuis bien longtemps et que l’on observe sans mal à travers les chapitres introductifs : certaines actions sont gênantes parce qu’improductives, ou plutôt peu ragoûtantes. Des actions qui n’aboutissent à pas grand chose finalement, si ce n’est qu’à du bavardage. Son de cloche similaire pour les missions secondaires, qui, on le signalera, n’ont jamais été le fort de la saga.
Quant aux combats, Falcom poursuit l’élan précédent et continue de développer le système bicéphale alliant affrontements au tour par tour et affrontements en temps réel. Quoique “développer” ne peut ici être le terme approprié. L’effort, avec seulement l’ajout d’une commande pour le temps réel, reste pour cause beaucoup bien timide. Rien de quoi réinventer le style.
D’ailleurs, le tour par tour, reste particulièrement dominant. D’une part, son “alternative” a bien trop de défauts pour être le mode à privilégier : manque de précision, rigidité et il lui faudrait plusieurs autres fonctions pour qu’il soit un peu plus attractif… D’un autre côté, le jeu lui-même place le système historique (le tour par tour donc) comme majeur. Les confrontations avec les boss constituent en quelque sorte une manière de prouver cette supériorité. Cependant, est-ce une absurdité de penser qu’en haut-lieu, on prépare la transition vers un temps réel total ?
Un titre pour initié seulement ?
Si le jeu de Falcom souffre d’une sorte de clonage, du fait de son peu d’évolution par rapport aux précédents, peut-on dire qu’il est nécessaire d’être un joueur de longue date pour s’y lancer ? Disons, que d’un certain point de vue, la méconnaissance du public peut être quelque peu préjudiciable. Pas dans le sens où ils ne pourront rien faire sans le contexte, mais plutôt dans le sens où ils prendront probablement moins de plaisirs à l’univers et au lore.
Mais, d’un autre côté, tout est mis en œuvre pour permettre au « primo arrivant » de prendre ses marques : le niveau de difficulté (allant de très facile à difficile) est ajustable, les phases tutos sont toujours présentes et surtout il y a, si besoin, la présence d’un petit récapitulatif des événements antérieurs. Dès lors, avec tous ses éléments, il est difficile de considérer Trails Through Daybreak II comme un jeu seulement réservé à une “élite”… Enfin si, il reste tout de même un titre de niche avant tout destiné au public du J-RPG.
Quoique, à y bien réfléchir, il n’est pas certain que Trails through Daybreak II soit le meilleur opus pour commencer. L’histoire peut en effet déstabiliser par son rythme ou par sa tendance à vouloir tout complexifier. Est-ce dû à la place et au rôle (celui de « médiateur » entre premier et troisième volets) qu’occupent cet épisode ? En tout cas, il est difficile de ne pas penser qu’il ne fait que préparer le terrain pour le grand final. De fait, étant donné sa place dans un tout, il est compliqué de juger le présent opus dans son individualité…
Trails Through Daybreak II trouvera difficilement son public en dehors de sa communauté (et des non-anglophones au passage). Néanmoins, même dans ce cas-ci, ce nouvel opus pourra faire naître des sentiments partagés.
Face à l’exploitation des mêmes ressorts, la lassitude guette et balise notre aventure, et ce, même s’il garde un certain atout séduction dans sa narration. Pourvu que sa suite vienne conclure en beauté ce qui a été commencé en 2021.