Tiny Tina’s Wonderlands est le nouveau jeu de Gearbox Software, les développeurs derrière la série devenue culte Borderlands. « Le monde merveilleux de Tina » est un spin-off de la série principale qui commençait à prendre quelques rides. Il faut dire que Borderlands 3 avait été accueilli en demi-teinte avec d’un côté : les fans inconditionnels ravis de pouvoir continuer de looter pendant des heures entières sur un nouvel terrain de jeu, et de l’autre : des déçus qui pointaient du doigt que la série tournait en rond.
En réalité, Tiny Tina’s Wonderlands est inspiré du DLC de Borderlands 2 : Tiny Tina et la Forteresse du Dragon sorti en 2013, qui avait su ravir les fans par son originalité. Mais est-ce que cet opus est au final un vrai jeu à part entière ou une simple extension améliorée ?
Le fantasme rôliste par excellence
Pour ceux qui ne connaissent pas l’univers de jeu de rôle sur table, un petit rappel s’impose. Le jeu de rôle sur table ou jeu de rôle papier est une sorte de jeu de société qui se joue à plusieurs, et dans lequel vous devez créer votre propre personnage, vos statistiques, choisir votre classe et vos compétences. Le maître du jeu, celui qui vous conte l’histoire, vous mettra ensuite face à des situations, des problématiques que vous devrez résoudre à coup de dés. Malgré les très nombreuses adaptations du jeu de rôle sur table qui ont existé depuis plus de 30 ans, une des plus grandes effigies reste Donjon et Dragon, dont Tiny Tina’s Wonderlands s’est évidemment inspiré.
Dans ce spin-off, on joue littéralement à une partie de jeu de rôle papier nommé Bunker et Badass, et tout ce que l’on vit, c’est dans notre imagination. Tina fait office de maître du jeu, et nous transporte dans un monde à la Donjon et Dragon un peu modifié :les épées laissent place à des armes à feu. Dans Bunker et Badass, on part à la chasse du seigneur dragon, qui fait pleuvoir ses armées de squelettes sur le monde. On devra donc créer un personnage de toute pièce comme dans une vraie partie de jeu de rôle, avec un choix de classe vraiment originale.
Qui dit jeu rôle médiéval, dit sort, épée, bouclier, et surtout gun (peut-être pas). Comparé à la série Borderlands, vous pourrez équiper cette fois-ci des sorts (jusqu’à deux si vous vous prenez la classe Défouromage, le mage qui défouraille) et des épées en guise d’arme de corps-à-corps, et les différentes variantes disponibles sont tellement nombreuses que ça peut faire tourner la tête.
Mais comme dans tous les jeux de rôle sur table avec un gros système de jeu, les informations pullulent, et il y a beaucoup (voire trop) de choses à digérer. Entre les statistiques de toutes les armes, les noms en anglais de ces dernières (seul élément non traduit), les arbres de compétences et les points de personnages à répartir, le début de Tiny Tina’s Wonderlands est âpre, surtout si on n’a pas l’habitude.
Mais aucun enjeu
Le vrai problème de ce Tiny Tina’s Wonderlands, c’est son aspect « jeu fun » poussé à l’extrême. On connaissait évidemment la pâte cartoonesque de la série Borderlands, qui fait entièrement l’identité de la licence, mais il y avait tout de même certaines enjeux auxquels se raccrocher. Dans le DLC de Borderlands 2 dont Tiny Tina’s Wonderlands est tiré, Tina a été traumatisé par la mort de ses amis, et pour faire son deuil, elle s’enferme dans un jeu de rôle papier en guise de catharsis. Malgré le fait qu’on soit dans notre imagination, on accompagnait en quelque sorte Tina dans son deuil.
Ici, rien de tout ça, et c’est bien dommage. Rien n’a d’enjeu et on n’est très rarement impliqué dans l’histoire, surtout que tout est sujet à changement. On vit l’histoire de Tina dans notre imagination : si cette dernière veut changer un élément pour faciliter la vie du joueur, même si cela n’est pas cohérent, elle le fera. Par exemple, dans une des premières quêtes du jeu, on doit détruire des catapultes qui assiègent le château d’Étalon du cul (finesse quand tu nous tiens), sauf que qu’une des catapultes auraient pu nous aider à traverser un précipice complètement infranchissable autrement. Alors Tina arrive dans l’histoire tel un Deus Ex machina pour faire réapparaître la catapulte.
Les exemples similaires sont nombreux et malgré le fait que cette façon d’aborder les problématiques apporte un vent de fraîcheur dans nos habitudes de joueurs, toutes nos actions sont constamment remises en cause, et on n’a pas vraiment d’impact sur ce que l’on fait en définitive.
Pour revenir sur le thème de l’humour, Tiny Tina’s Wonderlands franchit souvent la limite de la blague de trop. On dirait même que le jeu veut trop parler aux joueurs en utilisant des termes qui commencent un peu à vieillir, à base de « noob » ou de « geek ». On ne sait pas si c’est seulement la traduction française qui est comme ça, mais malgré un doublage français d’une rare qualité, avec une Isabelle Volpe (Tina) très juste dans son jeu d’actrice, l’humour vient malheureusement alourdir les dialogues.
On en a des choses à faire
Malgré tout, on pense tout de même que Tiny Tina’s Wonderlands un vrai jeu à part entière qui vaut le coup d’être arpenté. La rejouabilité est au rendez-vous, et le mode en ligne est assez fourni pour nous permettre de nous amuser pendant une bonne dizaine d’heures sans se lasser. Bien que le système de jeu se mette lentement en place, vous tomberez petit à petit dans l’effervescence d’un doom-like, avec toutes les possibilités de gameplay qui s’offrent à vous au fur et à mesure.
Petite nouveauté du ce spin-off : la possibilité de combiner deux classes pour créer le personnage ultime. Le jeu ne fait que monter en puissance, malgré sa boucle de gameplay, certes répétitive, mais complètement addictive. Mention spéciale à la carte interactive du monde qui nous permet de se déplacer entre toutes les zones de jeux. Certes cela coupe dynamique soutenue du titre, mais un peu de repos dans ce monde de brute ne peut pas nous faire de mal.
Il est évident que le jeu prendra tout son plein potentiel en coopération, avec des amis ou en ligne. Il y a même un post-game à base de donjon à la génération procédurale pour passer des dizaines d’heures à looter, encore et encore, pour le plus grand plaisir de tout ceux qui ont apprécié l’aventure principale et qui en veulent encore.
Tiny Tina’s Wonderlands est une excellente découverte et apporte un vent de fraîcheur à la série Borderlands qui commençait à prendre sévèrement la poussière. Pour les joueurs, qui, comme nous, sont des amoureux des jeux de rôle sur table, le simple fait de voir un dé 20 en guise de coffre de récompense vous fera frissonner. Le titre nous fait sincèrement du bien si on ne cherche pas à réfléchir, il faut simplement oublier les nombreuses fois où ce dernier nous sort de son histoire.
Même si le titre de Gearbox Software ne tend pas vers le renouveau de la série, ce changement d’ambiance permet à Tiny Tina’s Wonderlands de se présenter comme un vraie jeu à part entière. Des DLC sont à prévoir sur ce tout nouvel opus, et on espère qu’ils ajouteront un peu d’enjeu et de poids à l’histoire principale.