Présenté lors du Big Ben Week 2024 à Paris, nous n’avions pas eu l’occasion de poser les mains sur TIEBREAK, le dernier jeu de tennis estampillé Nacon, uniquement proposé sous forme de démo non jouable. Malgré tout, nous avions été attirés par les visuels présentés, notamment la modélisation des joueurs et joueuses professionnels présents dans le titre et largement mis en avant dans la démo. Pour le gameplay, il fallait encore patienter.
Depuis le 22 août, la simulation de tennis est officiellement disponible sur PS4, PS5, Xbox One, Series S/X et PC, et il était donc temps de se faire un avis sur un titre qui peut se targuer de son partenariat privilégié avec le circuit professionnel, en se faisant le jeu officiel de l’ATP et de la WTA. Après le retour décevant de Top Spin sur le devant de la scène en début d’année, il y a une vraie place à prendre dans le monde des simulations de tennis. TIEBREAK a t-il les épaules pour prendre place sur le trône ?
(Test de TIEBREAK: Official Game of the ATP and WTA sur PS5 à partir d’une copie fournie par l’éditeur)
Un premier set réussi
Avant de rentrer dans le vif du sujet, un petit retour sur le développement du jeu s’impose. Disponible depuis janvier en accés anticipé, TIEBREAK avait d’emblée dû essuyer pas mal de critiques. « Loin d’être complet », « quasi injouable », les premiers avis n’avaient pas épargné le titre de Big Ant Studios, pourtant habitué des simulations de tennis. Neuf mois et de nombreux correctifs plus tard, qu’en est-il ?
L’expérience débute par un tutoriel on ne peut plus classique mais néanmoins nécessaire dans les jeux du genre. Tous les coups du tennis y passent, du service à la volée en passant par le lob. Le jeu met immédiatement l’accent sur le lift en amenant le joueur à user et abuser de ce genre d’effet raquette en main. Et il est vrai qu’en match, ce sera de très loin le coup le plus utilisé, voire le seul réellement utile. Une pression plus forte sur les boutons pour des coups plus puissants, un jeu de joystick directionnel pour atteindre les zones souhaitées, rien de bien nouveau sous le soleil, mais peut-on réellement attendre une révolution de gameplay dans un jeu de tennis ? Rien n’est moins sûr.
En revanche, dès les premiers échanges, il faut reconnaitre que le charme opère. Les déplacements latéraux sont plutôt réalistes et les mouvements de bras sont de très bonnes factures, que ce soit en coup droit ou en revers. Le bruit de l’impact de la balle sur le tamis et les cris des joueurs et des joueuses en plein effort sont très bien calibrés, et la préparation des coups bien avant l’arrivée de la balle, qui parlera aux tennismen et tenniswomen qui nous lisent est également très réussie. Mais qu’en est-il en situation de match, lorsque enjeu, stress et tactique rentrent en ligne de compte ?
Tout pour plaire mais…
Pour enfin mettre à profit le travail effectué face à la machine à balles, TIEBREAK propose différents modes de jeux. Le match simple (féminin, masculin ou mixte), les matchs en ligne, la possibilité de jouer un tournoi entier ou de se lancer dans une carrière, avec ou sans la création de votre joueur. Enfin, un double mode de jeu entièrement dédié à Novak Djokovic nous permet notamment de revivre les plus grands moments de sa carrière en incarnant « Nole » lors de ses plus grandes finales de Masters et de Grand Chelem (ces derniers malheureusement pas sous licences officielles). Des propositions qui s’avèrent au final sans surprise, un peu à l’image de notre aventure dans le jeu.
La force de TIEBREAK c’est bien évidemment son partenariat avec l’ATP et la WTA. Avec plus de cent-vingt joueurs et joueuses officiels du circuit professionnel, vous allez pouvoir vous en donner à coeur joie. Les modélisations des visages sont ultra réalistes et donnent immédiatement envie de partir à l’assaut des cours du monde entier, eux aussi modèlisés. De même, en s’associant à de grandes marques de raquettes et de textiles, le titre de Big Ant Studios avait mis tous les atouts de son côté pour proposer une expérience des plus immersives.
Malheureusement, dès l’entrée sur le court, l’ambiance retombe. Les animations des joueurs restent toujours aussi jolies (seules les volées et tous les coups qui nécessitent des courses vers l’avant sont selon nous complètement loupés) et les petites réactions que vous pouvez choisir après chaque point via la croix directionnelle ajoutent également à l’immersion, mais l’effet de surprise s’estompe rapidement. Et les mouvements et réactions du public tout simplement en retard d’une bonne dizaine d’années n’aident pas vraiment.
… seule compte la vérité du court
Comme nous l’avions ressenti lors de notre test de Top Spin 2K25, une lassitude s’est rapidement installée lors de l’enchainement des matchs, et même le mode carrière, pourtant un peu mieux scénarisé et travaillé n’a pas réussi à nous tenir en haleine plus d’une demie-saison.
En cause, des échanges régulièrement irréalistes et une difficulté de l’IA très mal calibrée. Jouer contre une machine à balles immobile c’est une chose, mais calibrer des adversaires de haut niveau, c’en est une autre. Premier conseil, n’essayez même pas de jouer en dessous du mode de difficulté moyen (et encore), vous risqueriez d’avoir très mal aux yeux. Les adversaires ne remettent rien, et chaque balle un tant soit peu placée vous offrira le point sans combattre et donc sans gloire.
TIEBREAK met en avant dans sa présentation un gros travail de motion capture et d’études de patterns de points de tennis réels pour faire de son IA une force. Si on reconnait sans problème le coup droit de Rafael Nadal ou le service d’Alexander Zverev, preuve d’un gros travail, on s’est retrouvé trop souvent face à des échanges irréalistes et indignes d’un jeu se voulant simulation. Petit indice si vous êtes en difficulté sur votre service: service extérieur suivi d’un coup droit ou revers lifté croisé, et vous aurez de grandes chances de faire mouche. Oui, le point est gagnant, mais côté plaisir de jeu, on repassera.
Quelques mois après la déception Top Spin 2K25, TIEBREAK se place comme un vrai concurrent au jeu de tennis référence. Problème, les deux concourent dans une catégorie loin d’être celle des grosses réussites.
Malgré de beaux arguments et des promesses en début de titre, le jeu de Big Ant Studios et Nacon n’arrive pas à tenir sur la durée, la faute à des loupés trop criants pour se rapprocher de la simulation. Entre amis ou en ligne, vous pourrez sans doute passer quelques bons moments, mais les autres modes de jeux trop limités et les patterns d’échanges trop répétitifs pourraient avoir raison de votre patience.
On se demande finalement si le jeu n’est pas sorti trop tôt après ses débuts chaotiques en early access. Des pans entiers de dialogues et de présentations de joueurs non traduits et nécessitant donc une bonne connaissance de la langue de Shakespeare sont de petits détails qui montrent sans doute un rush pour être dans les temps. C’est dommage, car ce sont de petits riens qui sautent malheureusement très rapidement aux yeux.