Un open world bac à sable, des poursuites en voitures entre gendarmes et voleurs, des fusillades en pleine rue… Difficile de ne pas faire la comparaison avec la licence de Rockstar, d’autant plus quand le jeu sort au moment même où l’on apprend que GTA VI est, lui, reporté à 2026. Bénéficiant d’un scope complètement différent, The Precinct peut-il quand même être le jeu qui nous fera patienter un peu, en attendant de retrouver Vice City ?
(Test de The Precinct réalisé sur PC via une copie du jeu fournie par l’éditeur)
Anti GTA
La comparaison avec le mastodonte GTA est-elle vraiment justifiée, ou un peu fainéante (en plus d’être opportuniste) ? Il faut savoir que le jeu est une sorte de spin off d’American Fugitive, un jeu du même studio, Fallen Tree Games, sorti en 2019. Et déjà à l’époque, nous n’étions pas avares de comparaison avec Grand Theft Auto.
Cependant, on n’est pas les seuls à le dire, et le studio lui-même décrivait son jeu comme un GTA-like. La mention disparait pour The Precinct, mais le dernier jeu n’abandonne ni le top down des premiers GTA, un point de vue qui est la raison essentielle de la comparaison, ni l’environnement « gendarmes contre voleurs » entraînant des courses-poursuites en voiture à travers la ville et autres fusillades…
Sauf qu’avec The Precinct, on passe de l’autre côté de la plaque de cuivre (cuivre qui en aglais se dit « copper », qui a donné « cop », le saviez-vous ?!) puisqu’on incarne un flic, dans ce qui serait donc plutôt un anti-GTA.
Voici leur histoire
Dans un scénario un peu cliché (mais n’est-ce pas le genre qui veut ça ?), on incarne un rookie qui rejoint le commissariat d’Averno, une sorte de New-York du début des années 80. On rencontrera rapidement des flics amicaux, des forts en gueule, des ripoux… Notre personnage est par ailleurs le fils d’un héros local, policier tué en service dont le meurtre n’a jamais été résolu. Et c’est bien entendu dans l’optique de résoudre l’affaire que nous aurons rejoint les rangs du ACPD.
Un scénario qui manque donc cruellement d’imagination : on a rencontré exactement ce même personnage dans le tout récent jeu Robocop, c’est une histoire qu’on retrouve également dans la série Blue Bloods, ou même simplement dans… Batman ! Même si Bruce Wayne se fait super héros plutôt que policier (il faut dire que la police de Gotham…).
Heureusement, on n’est pas là pour l’histoire. Et de toute façon, la partie narrative, au-delà même de l’écriture, n’est ni la plus palpitante, ni la mieux réalisée, au contraire. Tout se déroule avec des silhouettes dépourvues d’animation qui surplombent le texte des dialogues, un peu comme dans un visual novel, mais un visual novel cheap ! Les personnages ne changent ni de posture, ni d’expression, et on aura surtout envie de presser la touche A en continue pour abréger les dialogues et revenir au gameplay le plus vite possible. Dommage, les scènes sont entièrement doublées, et l’on salue l’effort, même s’il tombe un peu à plat.
Expedition 22 (v’là les flics)
Et si l’on veut en revenir rapidement au gameplay, c’est simplement que contrairement aux cutscenes, celui-ci est fun et plutôt réussi. En tant que flic d’abord débutant, on va se voir confier plusieurs types de missions, de la chasse aux voiture mal garées à l’arrestation de grapheurs, en passant par le contrôle de vitesse sur la route. Le job est varié et propose finalement une série de mini-jeux auxquels on se prend.
Rapidement, on prendra du galon, et les missions se diversifieront : séparer des bagarres (souvent en y participant), stopper coûte que coûte des chauffards (souvent en devenant nous-même un chauffard), intervenir lors d’un hold’up à la banque (qui finira, qui est étonné, en fusillade !)…
Selon les situations, et pour maximiser ses succès et grimper plus vite les échelons, il faudra agir « by the book ». Littéralement. Le menu propose en effet un « manuel du flic débutant », décrivant l’attitude à tenir et les décisions à prendre selon telle ou telle situation, à quel moment faire ou non usage de la force ou de son arme… Et bizarrement, c’est l’une des quelques excellentes idées du jeu ! Les premières heures, voulant se montrer bon flic, on consulte régulièrement le manuel (ce qui met le jeu sur pause) pour appliquer la procédure. Car il ne s’agira pas systématiquement -pour une fois !- de flinguer systématiquement tous les ennemis, mais d’abord de les pousser à se rendre, peut-être de les y contraindre. Un petit côté RP très très light, mais qui permet une certaine immersion, et un bel exemple qu’il est possible de jouer même à des jeux « violents » sans forcément condamner tous le monde à mort !
Puis la journée finie, on rentre au commissariat taper nos rapports et mettre un terme à notre « quart ». Une routine s’installe façon, pas désagréable, et qui rappelle un peu la phase de Shenmue lors de laquelle on prenait un boulot de cariste.
Les situations vont bien entendu évoluer avec notre personnage : nouvelles armes, nouveaux véhicules, de nouveaux quartiers deviennent accessibles, on participera à des enquêtes, pilotera un hélicoptère…
On retrouve le système de jeu d’American Fugitive, même si on a l’impression que les activités sont peut-être un peu moins variées que dans le titre précédent. Le gap graphique par contre est réel, la caméra est un peu plus près des personnages, qu’on voit plus détaillés, mais c’est surtout la ville qui prend la lumière, au sens propre comme au sens figuré. Le détail et le travail sur la lumière est à saluer, surtout dans le spectre qui est celui du studio, sans pour autant atteindre le niveau d’un Expedition 33, nouveau mètre-étalon quant à la possibilité de faire passer un jeu AA pour un AAA !
Les phases « façon VN » avec ses pantins inanimés sont d’autant plus regrettables qu’elles renforcent le côté fauché d’un titre qui par ailleurs se défend très bien !
Si la comparaison avec le GTA des débuts vient rapidement en tête, elle peut aussi donner le vertige tant l’ambition de The Precinct est à des kilomètres du jeu de Rockstar. Le jeu fourmille de bonnes idées, comme celle d’inciter le joueur à respecter les règles (on parlait en intro « d’anti GTA » !), de vraiment limiter la durée des journées de travail… S’il possède aussi quelques défauts pénibles, comme sa narration mal foutue, ou la conduite pas toujours très agréable, surtout vu l’IA un peu limitée des collègues et des malfrats poursuivis, le jeu a surtout pour lui une certaine fraîcheur bien agréable aux sortir des beaucoup trop prenants Oblivion ou Expedition 33.