Le rythme frénétique des sorties jeux vidéo peut parfois masquer des titres mineurs, mais diablement intéressants. Parce qu’il n’y a pas que les grosses productions médiatisées, il est bon de regarder dans la direction de la scène indé regorgeant de pépites en tous genres. Teslagrad, premier du nom, fait indéniablement partie du haut de ce panier et avait marqué de par sa proposition originale il y a dix ans. Oui, dix années ont passé depuis le succès mérité de Rain Games. Mais voilà que le studio norvégien retente une percée avec un second épisode reprenant d’apparence la même recette.
On ne sait pas trop comment l’expliquer, mais la suite est totalement passée inaperçue auprès du grand public, et on est justement là pour lui donner le coup de projecteur qu’elle mérite. Enfin, c’est vite dit…
(Test du jeu Teslagrad 2 sur PlayStation 5 à partir d’un code fourni par l’éditeur)
Coup de jus
Les premières minutes passées sur Teslagrad 2 sont plaisantes et poussent les portes d’un monde énigmatique dans lequel nous devons trouver un sens. Aucune ligne de dialogue, aucune présentation, toute la trame scénaristique se fait à coup de petites cinématiques sans prétention. Tout comme dans le premier épisode, la recette fonctionne à merveille et l’immersion se fait tout en douceur avec une prise en main directe. La direction artistique est à souligner tant cette dernière est sublime. Les couleurs pastel sont omniprésentes et donnent vie à un monde crépusculaire, renforçant le mystère des lieux. Les minutes deviennent une poignée d’heures et la bonne impression est toujours de mise. Teslagrad 2 se démarque de son prédécesseur avec une exploration plus poussée, des environnements plus variés et un gameplay plus orienté à la verticale.
Avons-nous affaire à une bonne suite ? Un second épisode plus élaboré, plus ambitieux ? La réponse par la positive se dessine au fil de notre partie. Mais le sourire s’efface d’un coup d’un seul au moment où le générique de fin s’affiche à l’écran. Après un peu plus de trois heures de jeu, notre aventure arrive à son terme, et avec elle, notre belle impression.
Entendons-nous bien, nous sommes les premiers à marteler que la durée de vie d’un jeu ne reflète ô grand jamais sa qualité, qu’un jeu court n’est pas systématiquement un mauvais point, mais dans cette situation, la frustration est jugée trop importante pour qu’on puisse l’outrepasser. On a bien tenté de se rassurer en allant inspecter son prix. Oui, c’est court, mais s’il est vendu à un moindre coût, on peut plus facilement avaler la pilule. Le titre est actuellement proposé à 20€, un entre-deux qui rend notre tâche de critique plus ardue, mais pas impossible.
Le gameplay en guise de paratonnerre
Nous revoilà donc au menu principal avec la possibilité de reprendre notre partie dans le but de récupérer les derniers collectibles. Et il y en a des tas ! Faut bien essayer d’étirer au maximum la durée, n’est-ce pas ? Néanmoins, durant cette quête des parchemins optionnels, on récupère de nouvelles compétences totalement inutilisées durant le scénario principal, comme le double saut ou la possibilité de dasher vers le haut. Ces ajouts – certes mineurs – viennent nourrir un gameplay déjà fort jouissif.
Pourquoi diable ne pas les avoir intégrés plus tôt ? Pourquoi n’en a-t-on pas eu besoin durant l’histoire ? Après la frustration, l’incompréhension. Il est à noter tout de même l’effort fourni pour ceux qui amassent un certain montant de collectibles : un boss secret, une récompense bienvenue qui n’efface nullement la durée de vie éphémère, mais a au moins le mérite de récompenser les joueurs les plus motivés.
Pour terminer dignement notre aventure, revenons au noyau de ce Teslagrad 2. Son gameplay fait toujours autant mouche, facile à prendre à main, fluide et assez grisant dans sa manière de jouer avec tous les pouvoirs liés à l’électricité. De plus, les phases de boss sont très bien conçues et nous forcent à réfléchir un minimum pour dénicher le point faible des assaillants. Teslagrad 2 assume pleinement son statut de die and retry (plus que le premier, du moins) avec des passages on ne peut plus laborieux dans lesquels la mort est inévitable pour comprendre. Le tout sans oublier son léger côté Metroidvania.
Teslagrad 2 a tout du projet sabordé en interne. Une production non alignée avec le studio ? Une durée de développement trop faible ? On ne peut qu’émettre des suppositions. Mais une chose est sûre : le jeu avait tout le potentiel nécessaire pour pleinement convaincre, mais pèche sur sa forme avec sa durée de vie en tête de lice.
La frustration, l’incompréhension et maintenant la tristesse. Car avec un tel échec (son anonymat en dit long sur ces dernières semaines), on ne risque pas d’avoir un autre opus de cette saga foudroyée en plein vol.