En dehors de toute actualité pour la licence, Bitmap Bureau sort Terminator 2D: No Fate. Si le jeu de mot T2/2D est au moins assez bon pour justifier presque à lui seul le développement du titre, c’est probablement plus l’envie de voir publié le jeu tel qu’ils le rêvaient à l’époque qui a motivé les développeurs.
T2D: No Fate nous renvoie à notre tour dans les années 90, comme Skynet avait fait voyager le Terminator dans le temps. Mais l’adaptation toute de pixels d’un film sorti en 1991 a-t-elle sa place en presque 2026 ?
(Test de Terminator 2D: No Fate réalisée sur PC via une copie commerciale du jeu)
« I’ll be back » (again, and again…)
Film-phénomène dominant de loin la licence qu’il porte, Terminator 2 a déjà été l’objet de plusieurs jeux vidéo, dont un FPS arcade, sur des bornes équipées de light guns, ou la version 8 et 16 bits par Ocean, qui mixait les genres (shooter, plateforme, course automobile…). C’était maladroit, mais c’était généreux. Et les scènes « digitalisées » directement tirées du film, qui servaient de courtes cinématiques (à peine une seconde pour certaines !), impressionnaient les joueurs de l’époque.
C’est à cette dernière version que le jeu de Bitmap Bureau, Terminator 2D: No Fate, fait directement écho. Le générique de début est assez clair sur l’intention, démarrant avec ces même versions digitalisées (et pixellisées !) de l’endosquelette du Terminator et du T-1000.
Ces images, pas exactement tirées du films (une histoire de droits, peut-être), mais qui le réinterprètent, rythmeront le jeu entre chaque niveau comme le faisaient les séquences du T2 d’Ocean. Notons que Linda Hamilton et Robert Patrick prêtent à nouveau leurs traits (ceux de 1991) à Sarah Connor et au robot de métal liquide, et que la musique du jeu utilise tout au long de l’aventure est de manière très cool le thème du film, pour une immersion encore plus efficace.
Une fois la partie lancée, là encore, c’est le jeu vidéo de la première partie des années 90 qui se rappelle à nous.
Pure expérience rétro
Shooter à progression horizontale, tir limité à cinq directions (gauche, droite, haut, et les deux diagonales supérieures), platformer réduit à sa portion congrue : les premiers niveaux de Terminator 2D rappellent ces jeux qui sortaient en série au début des années 90, comme le Terminator 2 dont nous parlions ci-dessus, mais aussi les Shinobi, Turrican, Gunstar Heroes ou même Robocop, autre adaptation vidéoludique d’une histoire de robot hollywoodien…
Bien entendu, le titre de Bitmap Bureau n’est qu’un pastiche de jeu du début des 90’s, et appartient complètement au genre du néo-rétro. Il reste ainsi un titre de 2025 par bien des aspects, à commencer par une animation léchée, qui fourmille de détails, mais aussi des décors fouillés, une galerie de personnages variée, un pixel art magnifiquement précis, et, ce que tentait déjà le jeu Terminator 2 de 1991, une multiplication des genres au sein du titre.
Le shooter/platformer laissera ainsi sa place à un jeu de course à défilement horizontal dans un niveau qui rejoue la scène de poursuite avec le camion conduit par le T-1000 dans la zone bétonnée de la L.A. River. Puis, quand il faudra faire évader Sarah Connor de l’hôpital psychiatrique où elle est enfermée, ce sont des mécaniques d’infiltration qui apparaissent.
La séquence culte dans laquelle le T-800 réclame à un biker « ses vêtements, ses bottes et sa moto » occupe évidemment une place centrale dans le jeu, qui se fait pour l’occasion beat’em all, façon Double Dragon. Toujours dans la série des citations rétro, le dernier niveau rappellera Clock Tower, quand les héros sont pourchassés dans l’usine de la fin du film par le T-1000 qui surgit par surprise dans certains écrans, comme le tueur aux ciseaux géants. Charge à Sarah Connor de le ralentir à coups de fusil à pompe…
Demake
Le titre reprend relativement fidèlement le déroulement du film. Les sécquences les plus cultes du métrage de James Cameron, et les dialogues associés, comme le fameux « Viens avec moi si tu veux vivre » ou le pouce en l’air en guise d’au-revoir à John à la fin du film, sont toutes mises en scène dans le jeu. Les niveaux de difficultés sont d’ailleurs baptisés « Easy Money », « No Problemo » et « Hasta la Vista ». Certaines scènes sont étirées pour des raisons de gameplay, bien entendu, et d’autres sont ajoutées, comme les niveaux dans le futur dans lesquels on incarne le John Connor adulte, chef de la rébellion contre les machines.
Le jeu prend aussi quelques libertés en permettant au joueur ayant terminé une première fois le jeu d’emprunter un chemin alternatif par rapport au film, en prenant des décisions différentes de celles de Sarah dans le scénario original. Cet aspect offre un peu de rejouabilité bienvenue à un jeu dont la durée de vie sera le véritable point noir.
15€ de l’heure
Vendu 30€, le jeu se termine en moins de deux heures. Plutôt facile, le véritable challenge n’apparaît qu’à deux reprises : la phase d’infiltration dans l’hôpital psychiatrique, ou le moindre échec entraîne la perte d’un continu, et le tout dernier niveau. Complètement fidèle à son genre, le game over nécessite de reprendre le jeu depuis le début, comme c’était le cas à l’époque citée par Terminator 2D : No Fate. Cependant, on en viendra néanmoins vite à bout, et si les routes alternatives amènent un peu de changement bienvenu, le gameplay n’en est pas révolutionné et cela ne viendra pas multiplier par deux la (trop) courte durée de vie.
Alors est-ce que « ça vaut le coup » ? Cette courte durée de vie, associée au tarif indiqué – quand même 10€ plus cher qu’Hollow Knight Silksong, qui devient un mètre-étalon un peu injuste – ne manqueront pas de faire débat. Le titre est une vraie réussite : graphique, de gameplay, et dans son hommage au film Terminator 2 et au jeu vidéo années 90 en général. Les droits de la licence T2 doivent aussi représenter un certain coût… Si l’on veut un bon jeu, un beau jeu, et un jeu « officiel » Terminator, peut-être est-ce là le juste prix ?
Nous n’avons pas d’avis tranché sur la question, et avons comme beaucoup, été un peu surpris d’arriver si vite au bout du jeu. Cela dit, si l’on imagine que le prix d’un jeu devrait refléter plus justement sa durée de vie, est-on prêt à payer 150€, 200€ ou même plus, pour les jeux qui proposent des durées de vie de 80h, 100h ou plus ?
Véritable lettre d’amour au jeu vidéo des années 90, Terminator 2D: No Fate est exactement le titre dont rêvaient les joueurs du début des années 90. S’amusant des limitations de l’époque, du pixel au manque de souplesse des tirs, limités dans leurs directions, le jeu rend une copie quasi parfaite en tant que jeu néo-rétro et en tant qu’adaptation d’un film cultissime.
L’histoire principale se boucle en moins de deux heures, et certains le verront comme un défaut, voire comme un frein à l’achat. T2D: No Fate possède quand même une certaine rejouabilité, et l’on se dit aussi que si l’on trouve le jeu trop court, c’est probablement qu’on aurait voulu en avoir plus… Soit une belle marque de qualité !


