Un nouveau jeu Super Mario, c’est toujours un événement. Un nouveau jeu Super Mario vraiment inédit, encore plus ! Après la ressortie d’un Super Mario 3D World augmenté, et le portage Deluxe de New Super Mario Bros. U (et juste avant un autre remake, celui de Super Mario RPG), c’est la version du jeu en 2D à défilement horizontal qui nous a donné rendez-vous. La qualité constante de la saga ne nous laissait que peu de doutes quant à ce que nous réservait Super Mario Bros. Wonder : on se demandait simplement si le jeu allait être bon, ou très bon !
Nintendo, clairement à l’aise sur la discipline, réussit à nous resservir à chaque fois un jeu à la recette vue et revue, mais qui ne lasse jamais. On décrypte ce tour de magie qu’est Super Mario Bros. Wonder…
(Test de Super Mario Bros. Wonder sur Switch réalisée via une copie du jeu fournie par l’éditeur)
Le même jeu depuis toujours…
Si Mario, le personnage, est apparu dès 1981 sous le nom de Jumpman dans le jeu d’arcade Donkey Kong, Super Mario, le jeu, fête quant à lui ses quarante ans tout pile l’an prochain. Super Mario Bros. (à ne pas confondre avec Mario Bros. tout court, un jeu d’arcade à « tableau » unique, sans scrolling, où l’objectif est le score) est en effet arrivé sur NES en 1984. Et depuis, il se décline ad libitum sur toutes les machines de Nintendo, répétant une recette qui reste depuis inchangée.
Super Mario Bros. 2, 3, Super Mario Land, New Super Mario Bros., etc. La série a traversé le temps et les générations de machines sans jamais se départir de son game system : de la plateforme ultra-classique (on avance vers la droite, et on saute pour esquiver les ennuis : trous, pics, ennemis…). Super Mario Bros. Wonder n’échappe pas à la tradition, et Nintendo nous sert encore une fois le même jeu.
On pourrait lire cette phrase comme une critique acerbe. Ce n’est pas le cas. On entre dans Super Mario Bros. Wonder comme dans des pantoufles : c’est accueillant, chaleureux, confortable, est on y est déjà habitué ! N’importe qui, et quelle que soit son expérience dans le jeu vidéo, même si celle-ci est égale à zéro, peut démarrer, comprendre, et s’amuser immédiatement avec le jeu. C’est la magie Super Mario !
… mais pourtant différent !
L’autre tour d’illusionniste de Nintendo, c’est de nous resservir encore et toujours le même jeu sans pour autant provoquer de lassitude chez les joueurs, et ce sans même qu’on s’en rende tout à fait compte. Tout commence inlassablement de la même façon : un paysage coloré qui transpire la félicité est perturbé par le maléfique Bowser. Mario se lance alors à la poursuite du Roi des Koopas… Et c’est parti pour une longue course vers la droite pleine de surprises et semée d’embuches ! Sur la route, par petite touches, Nintendo va venir saupoudrer ses idées comme autant de nouveautés qui donnent à cet épisode, comme aux précédents, une vraie identité.
Ainsi, on avait quitté Mario dans son costume de chat (Super Mario 3D World + Bowser’s Fury, 2021), on le retrouve aujourd’hui transformé en éléphant ! Sous cette forme, Mario peut mettre des coups de trompe pour éliminer les blocs-briques ou les ennemis… comme le chat et ses coups de griffes, ou le tanuki et des coups de queues.
L’éléphant peut aussi conserver de l’eau dans sa trompe pour désorienter les ennemis, ou arroser des graines, qui fleuriront alors en bonus plus ou moins importants (de quelques pièces à la plante grimpante qui donne accès à une partie « cachée » du niveau…).
Rien de « game changer » pour la licence, mais cela est suffisamment rigolo et agréable à jouer pour qu’on en soit satisfait. D’autres transformations parfois (toujours ?) loufoques viendront ponctuellement varier le gameplay, et habiller un level design encore une fois inattaquable – ça a toujours été la force de la série, et Nintendo montre à nouveau son savoir-faire dans ce domaine.
Ses habits du dimanche
Le Wonder de Super Mario Bros. Wonder signifie « merveille ». Et le terme colle plutôt bien à l’épisode. C’est en effet le plus beau jeu Mario à ce jour ! Le titre est coloré, vivant… C’est un spectacle permanent, et il y a quelque chose à admirer à chaque écran.
Les animations sont aussi très soignées, tout se joue dans les détails : c’est Mario qui laisse échapper sa casquette et la récupère à la dernière minute en entrant dans un tuyau, c’est l’éléphant qui doit pousser un peu pour réussir à entrer lui aussi dans les tuyaux, ce sont les Goombas qui semblent se « checker » avant de faire demi-tour en se trouvant face à face, et les petites fleurs, qui nous accompagnent pendant toute l’aventure et commentent toutes les actions du héros.
Des petites fleurs qui sont aussi l’une des touches d’humour du titre. Leur écriture et leur interprétation font souvent mouche ! Et si on regrette que la même phrase se déclenche parfois 4, 5 ou 6 fois à notre passage dans un moment de plateforme un peu plus exigeant, on pardonne aisément à l’aune des sourires que ces même fleurs auront provoqués tout au long de l’aventure.
Enfin, il y a les niveaux « bonus », dans lesquels on entre en trouvant la Fleur Prodige dissimulée dans certains niveaux. Des niveaux qui sont un véritable carnaval, et une surprise toujours renouvelée, le niveau « normal » transformant alors complètement ses règles pour être appréhendé d’une toute nouvelle façon : une horde de Bulrush (des sortes de bisons-tricératops bleus !) sur laquelle il faut surfer, une transformation explosive qui fait décoller le personnage pour une ascension tout en verticalité, une nuée de bulles de savon sur laquelle on va rebondir…
Et que dire des superbes niveaux tout en ombres chinoises (certes, un procédé déjà vu dans Le Marsupilami de Microids…), dont on ne vous montrera rien pour ne pas gâcher la découverte !
Super Mario, super open
Comme d’habitude dans Mario, le jeu est très ouvert, et chacun peut y jouer à sa façon pour en faire une expérience « zen » sans trop de difficulté, ou un challenge un peu plus relevé. Le joueur, selon son profil, se contentera d’atteindre le drapeau au bout de chaque niveau, ou partira à la recherche des collectibles et/ou du sommet de chaque drapeau… Comme d’habitude encore, les niveaux les plus exigeants se retrouvent après la fin du jeu, une fois que le joueur a fait ses preuves et a obtenu toutes les graines et toutes les pièces roses géantes.
Mais en plus, dans Super Mario Bros. Wonder, il est possible d’incarner deux personnages (sur les douze disponibles) qui représentent un mode « facile » qui ne dit pas son nom : Yoshi (et ses variantes colorées), et Carotin. Tout deux ne prennent pas de dégâts, et sont un choix idéal pour les très jeunes joueurs manquant encore un peu de motricité fine, ou les gens n’ayant jamais, ou presque, mis la main sur un jeu vidéo.
Enfin, le titre propose aussi un mode en ligne, où il sera possible d’être assisté par un autre joueur, un peu à la façon Elden Ring (qui aurait cru qu’on oserait un jour la comparaison entre Super Mario et FromSoftware ?!). On peut aussi jouer ensemble, en local sur le même écran, pour des moments partagés en famille jusqu’à quatre joueurs.
On s’attendait à tout, et on n’est quand même pas déçu ! La magie de Super Mario Bros. Wonder (et de Super Mario en général), c’est de nous proposer un jeu qu’on a parcouru mille fois, et de nous convaincre qu’on le découvre à chaque fois. Une proposition fainéante ? Sûrement pas. Au contraire, c’est de l’orfèvrerie. De la gastronomie, même : comme en goûtant la spécialité d’un grand cuisiner, on sait ce que c’est, et on veut trouver exactement ce qu’on attend, et surtout pas les « revisités » des cuisiniers-animateurs télé !
Néanmoins, on ne peut pas dire non plus que Super Mario Bros. Wonder ne réserve pas son lot de surprises. C’est un carnaval, un feu d’artifice d’idées rigolotes et originales. Cela a beau être peut-être le vingtième jeu Super Mario que nous finissons, on se dit déjà « vivement le prochain » !