Annoncé de façon plutôt maligne par Annapurna en période de disette vidéoludique, Stray a dès son annonce été très attendu par les joueurs PlayStation. En effet, la rareté des exclusivités PS5 a permis à ce titre indé de se faire bien plus facilement remarquer que s’il était sorti en face d’un God of War, par exemple.
Ajoutons à cela l’échec du démarrage de Cyberpunk 2077, qui positionnait du coup Stray – lui aussi ayant pour contexte un univers dystopique aux allures de Blade Runner – comme alternative moins buggée, et l’ingrédient magique : le potichat tout mignon. Tout était alors réuni pour en faire un succès.
(Test de Stray sur PC réalisé à partir d’une copie commerciale du jeu)
NieR: AutomaChat
Si les premières images nous laissaient imaginer un open-world, il n’en est finalement rien, au contraire même, dans le fond comme dans la forme. Notre chat de gouttière (« stray cat » en anglais, d’où le titre) se retrouve coincé dans une ville sous cloche, privée d’accès vers l’extérieur.
On apprendra rapidement que quelque chose dehors, à un moment, a mal tourné, et que la société s’est abritée dans cet immense complexe au ciel artificiel. Une situation initiale déjà vue (au cinéma, par exemple, dans THX 1138, le premier film de George Lucas, mais aussi dans La Fuite au Paradis, The Island, ou encore 10 Cloverfield Lane…), mais qui ici se voit enrichie d’un nouvel élément : les humains ont totalement disparu ; en tout cas de l’environnement du jeu.
Un petit feeling Nier: Automata, renforcé par le fait que comme dans le jeu de Yoko Taro, les androïdes qui peuplent désormais la ville continuent néanmoins de singer la vie humaine dans une sorte de théâtre de marionnettes vain et désincarné. L’autre petit twist, et pas des moindres, est qu’on incarne ici un chat, seul représentant d’une espèce vivante, et à ce titre symbole même de l’espoir.
« Moi vouloir être chat… »
Le héros du jeu en sera aussi l’argument principal : quiconque possédant ne serait-ce qu’un début de faiblesse pour les félins ne pourra que s’extasier devant Stray. Son personnage principal est criant de vérité, criant de vie tout court, même.
L’animation est particulièrement soignée, et on reconnaît immédiatement cette façon unique qu’ont les chats de se mettre en boule pour faire une sieste, puis de s’étirer, pattes avant tendues devant eux, train arrière levé, quand ils se réveillent. Sa démarche, en promenade ou en course, ou encore la façon de progresser prudemment sur des surfaces trop minces pour l’accueillir, et même le petit claudiquement de l’animal à la patte blessée, tout est extrêmement fidèle à la réalité, et incroyablement bien rendu.
Et pour en rajouter dans le « cat porn », tous les kinks de nos amis à moustache (dites « vibrisses » pour faire pro) sont de la partie, des plus attendrissants aux plus agaçants. On poussera de coups de pattes légers, centimètre après centimètre, les pots situés au bord des tables et des balcons pour les faire tomber ; on se fera les griffes sur les tapis ou les canapés ; on se jettera dans tous les cartons à notre portée et on se frottera en ronronnant aux jambes de certains personnages en signe d’affection…
Clairement, le même jeu, exactement, mais avec un petit robot à la place du chat, n’aurait pas eu le même retentissement. Il aurait peut-être même peiné à exister.
« …’Cause you’re a cool cat »
Parce qu’en termes de gameplay, on s’amuse énormément à contrôler le petit chat, mais Stray reste assez classique, et timide dans ses propositions. Si les premières images nous laissaient imaginer un jeu en open world, ou au moins un jeu de plateforme en 3D, on est finalement plus près d’un cinematic platformer à la Limbo ou Little Nightmare : on contrôle bien notre chat roux en 3D, mais la progression se fait en ligne droite.
Suivant un rythme fidèle au genre, les avancées seront régulièrement stoppées par des phases d’énigmes environnementales, des scènes d’action (souvent des scènes de fuite, un peu d’infiltration également), ou des moments d’exploration. Aucun de ces trois éléments de gameplay ne viendra vraiment ralentir le joueur. Le jeu est facile, un poil trop facile peut-être, mais reste satisfaisant.
Le level design est suffisamment bien pensé pour qu’on comprenne à chaque instant où aller, et possède quand même quelques recoins moins visibles pour les complétistes qui voudraient découvrir tous les secrets. Comptez d’ailleurs à peine plus de 4h pour finir l’histoire, et 2h de plus pour fouiller les niveaux à la recherche des souvenirs. Certains jugeront cela comme étant trop court. D’autres au contraire se satisferont d’une aventure qui peut se boucler sans trop d’exigences en termes de temps.
Signé des Français de BlueTwelveStudio (Montpellier), Stray est un jeu sympathique qui se repose presque intégralement sur son personnage principal. Il est mignon, vraiment bien animé, est très fun à contrôler. Pour le reste, le jeu est assez convenu sans être néanmoins dépourvu de qualités, côtés graphismes et level design notamment.
On pensera à un autre jeu indé qui avait fait beaucoup parler, Kena: Bridges of Spirit. De la même façon que le jeu des studios Ember Lab, Stray (lui aussi un premier jeu, tiens !) tient presque intégralement sur le charme qui émane de son héros et de sa D.A. ; et comme Kena, en tant qu’exclu console PS4/PS5 – un label encore rare – Stray concentre des attentes auxquelles il n’avait pas l’ambition de répondre.
Néanmoins, pour les abonnés PS Plus, c’est une très bonne pioche, et on ne saurait que trop vous conseiller de télécharger le jeu. Pour les autres, à 30€, on se demande s’il ne vaut tout de même pas mieux attendre un peu d’éventuelles promotions. À moins que vous ne souhaitiez soutenir un jeune studio qui a réalisé un premier jeu cool. Auquel cas, foncez !