Alors que nous arrivons doucement sur la fin de la période estivale, Marvelous nous propose de rester encore un peu dans la tranquillité du moment en sortant son dernier titre, Story of Seasons: Grand Bazaar, ce 27 Août. C’est un opus particulièrement attendu des amateurs de la licence, puisqu’il s’agit d’un remake de Harvest Moon: Grand Bazaar sorti en 2008 sur Nintendo DS. À l’époque, Harvest Moon faisait déjà partie des grandes licences de cosy games. Cependant, ce n’est pas Grand Bazaar qui avait forgé cette réputation. Des aspects avaient pu convaincre, notamment le fameux bazar, mais le jeu souffrait de beaucoup de manques comparé à ses prédécesseurs.
Avec Story of Seasons: Grand Bazaar, Marvelous a l’ambition d’offrir une refonte complète du titre. De nouveaux visuels, de nouveaux dialogues entièrement doublés, et des mécaniques complètement revues. Les développeurs gardent une promesse : conserver ce qui avait alors fait l’identité du jeu, son bazar. Face à la concurrence féroce au sein du marché du cosy game, toujours plus populaire, Story of Seasons: Grand Bazaar pourra-t-il convaincre en cultivant sa propre identité ?
(Test de Story of Seasons: Grand Bazaar réalisé sur Switch 2 à partir d’une copie fournie par l’éditeur)
De solides bases aux couleurs des saisons
Les développeurs du jeu l’ont bien compris : une première impression fait tout. Dès les premières minutes de jeu, après avoir pu décider des caractéristiques de son personnage, Marvelous présente au joueur un environnement soigné, agréable, tant pour les yeux que pour les oreilles. Le jeu tourne sans aucun soucis sur une Switch 2 dont il n’excède pas les configurations. Zéphyria, le village où vient d’atterrir le joueur, est plus beau que jamais. Marvelous conserve la charte visuelle des derniers opus originaux, avec des personnages aux proportions cartoon plus vraisemblables.
Dans un premier temps, le maire de Zéphyria nous explique les fondamentaux : labourer le champ, planter ses graines, arroser, fertiliser… tant de mécaniques dont les amateurs du genre sont surement familiers, il est donc bienvenue que Marvelous ait pensé à rendre les tutoriels souvent optionnels.
Voilà le joueur déjà plongé dans les navets et les radis, à préparer sa première récolte. Même en n’étant pas particulièrement coutumier du genre, la prise en main des mécaniques est très simple. Tout est fait pour garder le joueur dans une zone de confort, avec des mécaniques ajoutées graduellement.
Équitation, élevage, festivals, concours… très vite, le maire fera irruption tous les quatre matins dans votre petite ferme pour vous prévenir des événements à venir la veille de ceux-ci. Zephyria, comme tout bon petit village fermier dispose en réalité d’un calendrier plutôt chargé, que le joueur peut consulter à tout moment.
Jusque là, rien de neuf. Story of Seasons déroule sa partition comme tout bon cosy game fermier. C’est efficace, joli, agréable, mais ce n’est pas sûr que le titre se démarque réellement.
Le bazar : du stress dans mon cosy game ?
Tout comme son prédécesseur, Story of Seasons: Grand Bazaar structure le calendrier virtuel de Zéphyria autour du bazar, un marché tenu tous les samedis où le joueur peut vendre tout ce qu’il a en réserve à prix d’or. Après avoir placé les objets à vendre dans le stock, le joueur peut ouvrir son bazar dès le premier samedi.
Lorsque nous arrivons à Zéphyria, il est en mauvais état, c’est pour cela que Félix, le maire, fait appel à nous : puisque le bazar a perdu de sa superbe suite au départ de la précédente fermière, il lui parait évident que notre venue permettra de le revitaliser.
À ce moment, nous avons découvert un mini-jeu qui, s’il n’est pas non plus difficile, va tout de même demander de faire preuve de réflexes. Il faut disposer ses objets sur son étal, tout en satisfaisant les demandes des clients. Naviguer rapidement entre les différents endroits de son étal, tout en faisant attention aux possibles demandes spécifiques de clients voulant un objet encore rangé dans le stock.
Lors des premiers samedis, sans être encore habitué à son fonctionnement, il est possible de se sentir dépassé, et rater quelques demandes de clients, qui quittent le stand après s’être impatientés. Globalement, la gestion du bazar a été largement repensée : puisque ce mini-jeu fait appel aux réflexes, exit le système de réputation qu’il fallait entretenir en parlant aux clients dans le jeu d’origine.
Par contre, faire de bonnes ventes le samedi ne suffira pas à redonner au bazar ses lettres de noblesses. Le protagoniste doit également aider les autres habitants de Zéphyria ainsi que des personnages itinérants à ouvrir leurs propres boutiques, en remplissant des requêtes au cours de la semaine.
Story of Seasons: Grand Bazaar réussit à créer une proposition moderne sur le concept de Harvest Moon: Grand Bazaar. Encore une fois, la vie à Zéphyria s’organise autour du samedi, pour notre ferme bien sûr, cela s’illustre aussi dans nos relations aux autres personnages.
Cela donne un charme réel au titre. C’est, à l’habitude des cosy games, un objectif des plus bateaux, un prétexte. Cependant, force est de constater que c’est un prétexte qui marche. Le mini-jeu du bazar permet de créer une légère tension dans un jeu dont la raison d’être est le réconfort. Il casse la monotonie et donne une réelle énergie qui permet d’éviter une trop grande lassitude face à la répétition qui va de paire avec le genre.
Donner vie à Zéphyria
Nous le mentionnions en début d’article, Zéphyria a eu droit à un lifting complet, mais ce n’est pas la seule chose mise à jour. Les mécaniques du jeu en général sont également bien plus riches et ergonomiques. Notre personnage peut toujours marcher, sauter, il peut désormais planer, aussi.
Les petits lutins, déjà présent dans les précédents opus Switch, sont aussi de retour. Ils aident dans le quotidien, en permettant d’améliorer les différentes ressources récoltables, et dans le bazar, où ils peuvent intervenir après que suffisamment d’objets n’aient été vendus pour vous aider.
Les interactions avec les autres habitants du village sont également soignées, et c’est tant mieux : il s’agit de l’autre aspect important du jeu. Il est essentiel de renforcer les liens entre le protagoniste et les habitants du village pour atteindre l’objectif du bazar.
De plus, comme tout bon jeu du genre, ces interactions pourraient bien entendu se développer en une jolie romance débouchant sur un mariage pour certains personnages. C’est l’un des aspects les mieux réussis du titre. Les événements sont tous intégralement doublés, avec des effets de réalisation. Ce ne sont pas de grands mouvements, cependant les jeux de cadrage, de lumière réussissent à créer une atmosphère qui donne envie d’en voir plus.
Une belle vie, qui est vachement simple quand même…
Si l’on peut saluer de belles réussites dans ce nouveau chapitre de Story of Seasons, tout n’est pas parfait. Oui, le jeu est très bien pour un joueur qui n’est pas habitué au genre, il n’est par contre pas certain qu’il représente un défi suffisant pour quelqu’un maitrisant bien les codes du genre.
Tout comme son prédécesseur, la ferme que l’on récupère en début de partie est tout à fait fonctionnelle : il n’y a rien à réparer, rien à placer. Il n’y a pas de choix de disposition possible. Tout au plus, on peut, et on doit, l’améliorer. Il en va de même pour les outils, pour les animaux : au début, tout nous est donné, très rapidement, même par rapport au jeu d’origine. C’est excellent pour donner les fondamentaux à un nouveau joueur, mais cela trahit peut-être une simplicité, une précipitation qui irait au détriment de l’expérience de jeu d’un fermier numérique expérimenté.
Oui, il y a un sentiment de liberté : on peut décider de son apparence, on peut décider de qui l’on épouse, on peut planer vers de nouvelles zones ajoutées pour donner plus d’intérêt au planeur. Cependant cela s’arrête bien là. Le joueur n’a le contrôle que sur des éléments relativement limités.
Une impression qui apparait d’autant plus importante que tout avance très vite dans le jeu. Les objectifs fixés par le Maire et le Comité du Bazar sont relativement simples à atteindre, sans même à avoir à s’intéresser en profondeur aux différents systèmes de cuisine, de craft, de minage, pourtant plutôt riches et soignés. On se retrouve rapidement à avoir plus d’argent que de besoins, ce qui peut devenir un problème si l’on souhaite revenir régulièrement sur le jeu.
Beaucoup d’aspects du jeu semblent alors devenir optionnels, ce qui est dommage, car ils sont bien pensés. Si les requêtes des personnages sont souvent un moyen de tirer le joueur vers une mécanique ou l’autre, reste que c’est un engagement très (trop ?) superficiel.
Plus qu’un défaut, c’est un choix de développement. Déjà lors des précédents opus, Marvelous visait un public qui n’était pas forcément coutumier du genre. Cette fois-ci, le studio confirme ces ambitions. Story of Seasons: Grand Bazaar fait un très bon premier cosy game fermier, mais il n’est pas certain qu’il soit suffisant sur le long terme pour un public habitué, qui aimerait peut-être être plus libre dans le développement de leur ferme.
Plus qu’un remake d’un titre qui avait globalement plu, mais dont les défauts étaient bien connus, Story of Seasons Grand Bazaar est une belle vitrine pour la licence. C’est un jeu avec beaucoup de charme, tant dans ses visuels, dans son ambiance sonore que dans son gameplay. Il applique les codes du genre à la lettre avec efficacité et ses ajouts, comme le bazar, lui permettent vraiment de se démarquer. Il déjoue une monotonie qui peut souvent rapidement lasser en ajoutant un élément qui demande au joueur d’être rapide.
S’il écope des belles qualités historiques de sa licence, il peine à se défaire de ses défauts. Très guidé, très cadré pour une partie de son public cible, il aura peut-être du mal à satisfaire le public très investi dans le genre, qui pourraient regretter un équilibrage favorisant les joueurs occasionnels. Toutefois, cela fait de Story of Seasons: Grand Bazaar une porte d’entrée au genre efficace, en donnant rapidement toutes les clés en main au joueur pour développer sa ferme.