Le studio Blowfish revient vers nous en ces jours troublés pour nous amener une adaptation vidéoludique de la nouvelle Storm Boy de Colin Thiele. Sorti le 20 novembre 2018, qu’en est-il du programme de Storm Boy: The Game, la promesse de trouver un jeu reprenant les moments marquants du récit et peut-être plus ?
De qu’est-ce qu’on cause, là ?
Storm Boy: The Game nous emmène sur les plages de l’Australie, non loin de l’embouchure de la rivière Murray. Nous y contrôlons le jeune Mike, alias « Storm Boy », enfant venu s’installer dans ce coin perdu avec son père, « Hide Away » Tom, après la mort de sa mère. Dans ce décor vit également un aborigène du nom de « Fingerbone » Bill. La vie des trois personnages se déroulent sans accro jusqu’au jours où Mike découvre par hasard trois bébés pélicans abandonnés dans un nid.
Mike et Tom décident donc de s’occuper des trois oisillons et de les relâcher à leur maturité, mais l’un des trois oiseaux, Mr. Percival, finit par créer un solide lien d’amitié avec le jeune Mike. La vie sur les rives sera-t-elle toujours sous le signe de l’insouciance et du bonheur ?
Vagues et pastels
L’aspects visuel de Storm Boy: The Game est sans doute le plus réussi. Sans tomber dans le photo-réalisme, le jeu propose un rendu aux couleurs assez douces qui s’associe très bien avec cette ambiance de conte pour enfant. La végétation typique des plages est bien représentée, avec ces buissons drus jonchant les bancs de sable et les retenant contre les assauts du vent. Une apparence digne d’un album jeunesse qui devrait plaire aux plus jeunes joueurs.
Le son est aussi un élément réussi, mes bruitages étant assez bien rendus. La bande-son est quant à elle un peu plus discrète et viendra accuser d’un manque flagrant de variété (un thème, mais différents arrangements).
Un gamedesign perdu dans les dunes
C’est ici que nous allons commencer à être un peu plus piquant. Tout d’abord, les déplacements dans Storm Boy: The Game se feront de manière linéaire. Gauche ou droite, pas de saut, pas de chemin alternatif, ça avance ou ça recule, ni plus, ni moins. À mesure que vous irez de l’avant, des phrases du livre viendront ponctuer votre périple, et là encore, cela viendra entraver votre progression. Ces phrases étant programmées pour apparaître entre un point A et un point B, il ne faudra pas avancer trop vite si vous voulez avoir le temps de les lire, mais vous pourrez toujours revenir sur vos pas pour les refaire apparaître. Un brin fastidieux, non ?
Vient ensuite le cas des mini-jeux. Votre parcours sera en effet ponctué de petites propositions de participations à des activités, plus ou moins ludiques. Ramasser des coquillages, dessiner dans le sable, envoyer une balle à Mr. Percival avant que celui n’aille la chercher pour nous la ramener, etc. Des commandes simples pour des activités qui le seront tout autant, puisque vous n’aurez souvent qu’à orienter votre stick et appuyer sur un bouton. Toutes ces activités ont malgré tout un but bien précis, créer de l’attachement pour l’amitié entre Storm Boy et Mr. Percival, mais le manque de profondeur de gamedesign vient plus entraver le plaisir de jouer à ces activités, ne vous engageant pas à investir du temps dans ces dernières.
Et là, si vous ne passez pas un peu de temps dans ces activités… C’est la fin du jeu en 20 minutes. De notre côté, après avoir essayé de vider la plage de ses 100 coquillages, nous avons vite compris que l’intérêt des activités se limitait à la détente. L’ambiance sonore, le calme, la quiétude… Mais est-ce vraiment ce que nous attendons d’un jeu vidéo ? La narration peut-être un élément fort d’un jeu, mais cela doit-il se faire au détriment du gamedesign ?
Là où nous avions pris plaisir à tester Old Man’s Journey qui prenait le parti de dévoiler son histoire par la déduction et les interprétations visuelles tout en laissant un gamedesign simple et accrocheur guider le joueur dans son voyage, Storm Boy: The Game a préféré la linéarité pure et dure entrecoupée de mini-jeux facultatifs. Ayant rencontré la fin du jeu en une petite demi-heure à peine, il est difficile pour nous de vous livrer un avis positif sur le jeu.
Les visuels et l’ambiance sonore étant assez réussis, nous aurions tendance à penser que ces efforts auraient pu mieux servir un court-métrage. L’histoire de Storm Boy est très belle, avec une morale qui trouvera écho encore de nos jours, mais c’est ici la mise en oeuvre qui pêche pour apprécier l’expérience, délaissant l’aspect jeu du terme jeu vidéo au profit d’une expérience linéaire et finalement assez pauvre.