D’abord sorti sur iOS puis sur Xbox One, Stela a pendant quelques mois été le « Limbo de l’Apple Arcade » puisque le jeu était aussi disponible sur le service par abonnement des i-devices. Avec une arrivée toute récente sur Steam et sur Switch, Stela s’ouvre à un public plus large. Mais le public doit-il s’ouvrir à Stela ?
(test de Stela réalisé sur PC via une copie commerciale du jeu)
33% Limbo/Inside
La comparaison avec les titres de Playdead est évidente. Les deux jeux doivent de toute façon avoir été une grande source d’inspiration pour Skybox Labs. Jeu de plateforme cinématique quasiment monochrome, à l’ambiance oppressante, si Stela lorgne du côté de Limbo et Inside au niveau graphique et au niveau de l’ambiance, c’est aussi le cas avec son gameplay. Le jeu est ainsi beaucoup plus basé sur la résolution d’énigmes que sur l’habileté du joueur.
Il va falloir analyser l’environnement pour identifier les éléments avec lesquels interagir, et la façon d’interagir avec eux. Si ce n’est jamais (à peut-être une exception près) bien compliqué, le titre a le mérite de renouveler ses mécaniques très souvent au cours de l’aventure et, même si on tire de nombreux leviers, il ne se montre jamais répétitif.
33% Gris
Autre comparaison incontournable : Gris, le hit indé des studios espagnols Nomada. Dans Stela comme dans Gris, le joueur contrôle une jeune fille qui semble être née au début du jeu. Dans les deux titres, elle va devoir progresser dans un monde étranger privé de couleurs, et dans l’un comme dans l’autre, le joueur se fera sa propre lecture des aventures de l’héroïne, chacun pouvant voir la métaphore de manière différente…
Si dans Gris, la jeune fille redonnera des couleurs au monde, dans Stela, l’univers dans lequel on évolue a tout de même un petit goût d’apocalypse. Un plan post-générique (restez après les crédits !) viendra d’ailleurs orienter la lecture en ce sens, mais le mystère reste presque entier !
33% Another World
Père du cinematic platformer, le jeu d’Éric Chahi a inventé le genre. Dans Stela, on est aussi dans Another World, dans un autre monde. Le joueur observateur aura remarqué les deux soleils, qui indiquent clairement une aventure située loin de la Terre.
Comme dans Another World, on va traverser des zones arides, des camps habités par des créatures humanoïdes inamicales, des formes de vie sauvages aux dentitions acérées… Et comme dans Another World, il s’agira souvent d’identifier la mécanique de jeu qui nous permettra d’échapper au danger qui nous guette dans le très court temps imparti : franchir une grille avant qu’elle ne se referme, faire partir un ascenseur avant que le monstre à nos trousses ne nous rattrape…
Référence ou coïncidence ?
1% Halo
« Quoi ? Mais quel rapport… ? » hurle mentalement le lecteur à la lecture de ce titre. C’est pourtant bien Skybox Labs, studio qui est actuellement à l’œuvre sur Halo Infinite aux côtés de Microsoft Studios, qui est derrière Stela. Skybox Labs qui a aussi travaillé sur certains titres Age of Empire ou encore sur Magic: The Gathering Arena.
Limbo, Gris, Another World et même Halo… Autant de solides références, mais qui ne font pas de Stela un titre aussi imparable. D’abord parce que le jeu ne fait rien de bien neuf avec ces emprunts. C’en est même étonnant de la part d’un studio avec un passif comme celui de Skybox Labs. Si les environnements désertiques participent pleinement à la narration, ils nous font aussi penser à un jeu qui aurait pu être réalisé avec Dreams, l’outil de Mediamolécule sur PlayStation 4. Un aspect très, très, indé, donc, pour ne pas dire un peu amateur.
Et puis, l’aventure durera autour de deux heures seulement ! Si le jeu avait toute sa place sur Apple Arcade, notamment vis-à-vis du système d’abonnement, on est peut-être moins sûr pour des supports plus traditionnels comme la Switch ou Steam.
Convoquant de grands classiques du cinematic platformer, Stela a, sur le papier, de solides arguments. Le jeu étant inspiré par des titres devenus cultes et réalisé par un studio qui a du métier, on était en droit d’attendre une expérience qui sorte de l’ordinaire. Hélas, sans être non plus un jeu raté, Stela manque de vraies propositions.
Si le titre est parfaitement justifié sur Apple Arcade, son arrivée sur Switch et sur Steam implique un passage à la caisse difficile à avaler pour ses deux petites heures de jeu seulement, facturées plus de 15€ tout de même. À ce prix, difficile de le recommander.