South Park a vingt ans ! Oui, ça fait déjà vingt ans que nous suivons les aventures irrévérencieuses et hilarantes de Stan, Kyle, Cartman et Kenny. La série doit sa longévité à sa qualité d’écriture et son humour cynique qui pointe nos défauts avec ce qu’il faut de mauvais goût et de justesse pour dresser un portrait mordant de notre société, parce que South Park, ça va au-delà de simples blagues de caca. Comme toute licence à succès, la série de Trey Parker et Matt Stone a connu diverses adaptations vidéoludiques dont la meilleure à ce jour est South Park : le Bâton de la Vérité, édité par Ubisoft, que nous avions testé. Le titre, un RPG hallucinant, a rencontré un succès bien mérité, et il était naturel qu’une suite sorte. Toujours piloté par Matt Stone et Trey Parker, South Park : l’Annale du Destin nous parvient enfin.
South Park : l’Annale du Destin, ça troue l’cul !
J’prends la route pour South Park histoire de prendre un peu l’air…
C’est l’horreur dans la petite ville de montagne de South Park, Colorado. Sacripan, un chat, a disparu, et une récompense de 100 $ sera offerte à qui le retrouvera. Cet argent permettrait à Eric Cartman, alias le Coon, de lancer sa franchise de films de super-héros Coon and Friends. Mais pour cela il a besoin d’aide, votre aide. Vous êtes le Nouveau. Et si vous êtes l’enfant le plus puissant de la ville depuis le Bâton de la Vérité, vous allez devoir tout reprendre depuis le début car les gamins ont changé de jeu. Finie l’heroïc fantasy, vous n’êtes plus le Roi Trouduc. Vous devrez à présent accepter votre alias de Justicier péteur, un enfant aux super-pouvoirs qui doit vivre avec le traumatisme d’avoir vu son père coucher avec sa mère. Votre but, en tant que héros silencieux de jeu vidéo, sera d’aider la franchise Coon and Friends à décoller, tout en vous méfiant de la franchise des Potes de la Liberté dirigée par Mystérion alias Kenny McCormick.
South Park : l’Annale du Destin vous invite donc de nouveau à South Park dans un jeu qui, s’il ressemble beaucoup à son illustre prédécesseur, s’en démarque à plus d’un titre. Comme nous le disions, exit les références au Seigneur des Anneaux et à Donjons et Dragons, et bonjour au monde des Super-héros. Le titre se fait un plaisir de parodier les franchises Marvel et DC Comics, au point de prendre pour postulat de départ un pastiche de la guerre que se livrent au ciné et à la télé les deux géants du Comics US. Mais ce changement de contexte n’est pas le seul point s’éloignant du précédent jeu. Si le Bâton de la Vérité était un RPG puisant ses inspirations dans le J-RPG, South Park : l’Annale du Destin injecte des éléments de tactical-RPG à sa formule. Le scénario, complètement barré, est digne de ce que nous offrent Parker et Stone à chaque épisode. Les vannes pleuvent et les références à la série pullulent. Tout comme le Bâton de la Vérité, South Park : l’Annale du Destin est un paradis pour les fans.
Shoote dans l’bébé !
Dans South Park : l’Annale du Destin, vous devrez réaliser des missions pour Cartman afin d’aider sa franchise à gagner du terrain. Pour cela, vous devez augmenter votre influence sur le réseau social COONstagram. Pour avoir plus de followers, il vous suffit de prendre des selfies avec les habitants de South Park. Mais certains vous demanderont de leur rendre divers services avant de vous autoriser à leur tirer le portrait. Les missions renvoient souvent à des épisodes de la série, agissant comme autant d’hommages. Ainsi parmi ces missions, vous devrez calmer un Servietsky ayant laissé tomber la fumette ou aider Mme Cartman à lancer son nouveau business de « Coaching pour adultes ». Vous devrez également collecter les images Yaoi de Tweek et Craig ou retrouver tous les chats de Al Super Gay. Outre des followers, remplir ces quêtes secondaires vous permettra de débloquer de nouvelles tenues, des artefacts augmentant votre puissance, ou des invocations, comme Moïse, l’Oncle Jimbo ou encore Gerald Broflovsky.
Votre quête sera parsemée de combats, car la vie de super-héros est remplie de luttes. Les ennemis seront nombreux sur votre route. Clodos, sbires du Professeur Chaos, ninjas, hommes-crabes (qui ont le goût du crabe et parlent comme les hommes) et surtout les terrifiants grands de sixième se dresseront sur votre chemin. Par chance vous pourrez compter sur vos pouvoirs répartis au sein de la dizaine de classes qui s’offriront à vous. Ainsi, les assassins sont spécialisés en techniques de longue portée tandis que les brutalistes reposent sur la puissance de leurs coups pouvant projeter leurs adversaires en arrière. En plus de vos pouvoirs, vous pourrez également vous entourer de vos amis parmi la bande du Coon ou les Potes de la liberté. Wendy Testaburger, alias Call-Girl, Jimmy Valmer, ou Quickie, Super Craig ou encore Mystérion pourront vous prêter main forte. À vous de composer votre équipe afin de maximiser vos chances.
Oh mon dieu ! Ils ont tué Kenny !
South Park : l’Annale du Destin fourmille d’idées géniales et de contenu. Le jeu est très généreux et s’avère aussi dense qu’il est rempli de surprises. Le titre multiplie les gags, tapant sur tout ce qui bouge et accumulant les situations loufoques. En tant que « Nouveau » vous pourrez accéder à divers pouvoirs utiles sur le terrain, comme par exemple arrêter le temps, car vos flatulences sont capables de tordre le continuum spatio-temporel. Vous pourrez débloquer de nouvelles techniques grâce à l’aide de Morgan Freeman et de ses tacos. Vous aurez également l’occasion de développer votre fiche de personnage, choisissant votre ethnie, votre genre sexuel (ben oui, êtes-vous un homme, une femme, êtes-vous genderfluid ? Êtes vous cisgenre ? Hétéro ou polysexuel ? Ou peut-être asexuel…) le jeu prenant un malin plaisir à se moquer des Social Justice Warriors. Avec sa durée de vie conséquente, le titre a de quoi vous tenir occupé.
Graphiquement, South Park : l’Annale du Destin est simplement hallucinant. On a réellement l’impression d’avoir sous les yeux un épisode de la série. Le graphisme particulier et volontairement simpliste du dessin animé est parfaitement respecté. Difficile de dire que c’est beau, mais impossible de dire que c’est laid. C’est tout simplement un épisode interactif. Pad en main, le titre est très agréable. Les combats sont très instinctifs, chaque touche est assignée à une attaque dont la portée diffère. Enfin la mise en scène des combats est très soignée. Les techniques spéciales et les invocations arrivent à nous en mettre plein les yeux et il peut arriver que les combats s’interrompent pour laisser la place à certaines blagues.
Le jeu n’est pourtant pas parfait. Les affrontements sont en général très simples et il nous est rarement arrivé d’être mis en difficulté. Par ailleurs, le plus gros défaut du jeu, et ce défaut a fait couler beaucoup d’encre, est la VF. Aucun des doubleurs français de la série n’a été retenu. Si le comédien ayant repris le rôle de Cartman a essayé tant bien que mal de reprendre le timbre particulier de Christophe Lemoine, d’autres personnages sont à la limite du naufrage, comme Stan (doublé par l’excellent Thierry Wermuth dans la série, qu’on regrette de ne pas entendre dans le jeu). Nous vous recommandons vivement de vous en tenir à la VO, bénéficiant des voix officielles.
Conclusion South Park : l’Annale du Destin
Vous savez ce que ferait Brian Boitano à votre place ? Il jouerait à South Park : l’Annale du Destin. Parce que ce jeu est une véritable petite bombe, un cri d’amour aux fans de South Park et la preuve qu’un jeu à licence peut constituer une excellente adaptation. Il parvient à reprendre le flambeau du Bâton de la Vérité en le dépassant même. South Park : l’Annale du Destin vous occupera de longues heures et vous donnera envie de vous replonger dans les 20 saisons de la série et dans l’excellent film. Fans de South Park, jetez-vous dessus. Et si vous ne connaissez pas cet univers déjanté, ce titre fera office de parfait point d’entrée. Sur ce, je vous emmerde, et je rentre à ma maison.