Alors que l’heure n’est plus aux vacances d’été, l’équipe des Sims 4 a surpris son public en début de mois avec la sortie d’un nouveau pack d’extension intitulé À l’aventure, seulement trois mois après celle de son prédécesseur. Une première pour le simulateur de vie, dont le calendrier de sorties nous avait habitués à deux sorties de DLC par an (été et hiver), et qui chamboule donc ses habitudes.
Mais à une époque où les bugs s’accumulent, et où le rythme de publication s’accélère, nous sommes en droit de nous demander si cette sortie express est une bonne nouvelle, ou si EA est en complète perdition dans ses propositions de contenu.
Mise au green
Ce nouveau pack nous promet une bouffée d’air pur, et notre tour du propriétaire commence avec une bonne surprise : le nouveau monde nommé Point Gibbi. Une carte en trois quartiers, chacun avec son atmosphère propre : les Bois Errants et leur calme feutré, la Vallée de Cristal baignée de lumière, et le Carrefour de la Méduse, plus animé. Les décors sont splendides : forêts denses, eau turquoise, reliefs travaillés, ruelles commerçantes… Le tout dégage une vraie impression de vie, et c’est une grande réussite du pack.
Contrairement à des maps récentes comme San Sequoia, tristement vide dans Grandir Ensemble, Point Gibbi bouillonne d’activités et de personnages. Entre les festivals, les événements locaux, les rencontres fortuites et les petits secrets à découvrir, le monde semble enfin respirer sans que l’on ait la main dessus, quel bonheur.
Valérie Boismidot
Dans le mode Construction et Créer un Sim, À l’aventure s’inscrit dans une tendance que Pinterest appelerait “granola aesthetic” : un style montagnard, sportif, chaleureux, avec des matériaux naturels et des teintes terreuses. Le tout évoque les chalets scandinaves ou les lodges de randonnée. Imaginez Center Parcs mais en plus stylé.
Le contenu du mode Construction reste assez restreint pour les foyers privés, puisque la moitié des objets est pensée pour les espaces communautaires, notamment les terrains de jeux ajoutés gratuitement à l’automne. Mais l’ensemble reste cohérent et plutôt réussi visuellement.
Côté garde-robe, vos Sims peuvent enfiler des polaires, shorts de rando, tresses ou bonnets. Certaines tenues évoquent d’anciens packs, mais la qualité des textures et des détails s’est nettement améliorée : EA ne fait que progresser sur ce point avec des vêtements toujours plus réussis au fil des années.
L’appel de la forêt
Le cœur du pack est sans conteste la nouvelle fonctionnalité des Escapades. Ce système permet d’organiser à peu près n’importe quel événement : colonies de vacances, compétitions de cuisine, retraites sportives, soirées entre amis, ou même repas familiaux hebdomadaires. On choisit l’horaire, les activités, les comportements, les lieux, les contraintes… bref, une liberté totale.
Dans la pratique, ça fonctionne bien, même si quelques bugs de groupe viennent parfois perturber l’expérience (un classique pour Les Sims 4). Ce qui gêne davantage, c’est la surcharge du menu, pas réellement lisible, et ajoutez à ça les festivals, les notifications, les coups de fil et les rappels d’événements, on frôle parfois l’indigestion. Résultat : on se retrouve souvent à ignorer une fonctionnalité pourtant brillante, par simple fatigue. Et c’est dommage, car les Escapades ont un vrai potentiel de rejouabilité, capable de redonner du souffle à nos parties.
La revanche des mômes
S’il y a bien une tranche d’âge qui sort du lot de À l’aventure, ce sont les enfants. Longtemps délaissés par le jeu, ils sont ici au centre de toutes les attentions. Les nouveaux terrains de jeux leur offrent enfin des lieux de socialisation dignes de ce nom, et les colonies de vacances permettent de tisser des amitiés durables.
On attendait également le retour de l’Ami Imaginaire, désormais appelé Amimaginaire. Présenté sous forme d’interactions mignonnes et discrètes, il accompagne les enfants au quotidien avec quatre personnalités possibles : pitre, compétitif, créatif ou malveillant.
L’idée est charmante, et s’inscrit dans l’histoire des Sims (tous les opus ont bénéficié d’un protagoniste similaire), mais est loin de révolutionner la formule. En revanche, les moments déterminants, ces souvenirs qui influencent la personnalité à l’âge adulte, apportent une vraie richesse narrative et s’intègrent joliment à l’évolution des Sims.
À la sortie du pack, EA a tenté de prolonger l’idée avec un événement saisonnier, Amitié Éternelle, censé célébrer les souvenirs d’enfance. Malheureusement, les interactions sont répétitives et les récompenses sans réelle direction. Au delà des dizaines de fenêtres qui s’ouvrent parfois au démarrage du jeu, il aurait été plus opportun de proposer cet événement dans une période de sortie creuse. On a comme un sentiment de plat supplémentaire à la fin d’un repas déjà copieux.
Là où l’abondance défie la valeur
Difficile de reprocher à ce pack son manque de générosité. Entre le kayak, la pêche, la musculation, les quêtes, les festivals, la collection d’insectes et les smoothies maison, il y a de quoi s’occuper pendant des semaines. Mais paradoxalement, c’est peut-être ce trop-plein qui finit par nuire au plaisir de jouer.
Depuis le passage du jeu en free-to-play, EA multiplie les ajouts et les expériences parallèles, au risque de diluer la cohérence globale. À l’aventure illustre parfaitement ce phénomène : on ne sait plus trop où donner de la tête. On passe d’une activité à l’autre sans véritable respiration, comme si tout devait exister en même temps.
À l’aventure est un pack riche, beau et généreux, qui apporte aux Sims 4 une profondeur et offre aux enfants le traitement qu’ils méritaient depuis longtemps. La carte est superbe, le contenu varié, et les escapades ont un potentiel inégalé. Mais entre sa fenêtre de sortie surprenante, son interface saturée et son trop-plein d’activités, le pack illustre aussi les excès du modèle. Etant donné la foule de contenu dont on pourrait parler autour de ce pack, il est même dommage selon nous de ne pas avoir davantage laissé de place à celui-ci pour être présenté convenablement.
À cela s’ajoute la question récurrente des bugs, un problème de longue date pour les joueurs, dont la gestion laisse clairement à désirer et sur lequel la communication de l’équipe reste désespérément absente. Ce qui devait être une virée nature apaisante s’est transformé en une expérience frustrante, presque oppressante. Tout y est trop dense, trop présent, comme si chaque élément avait été forcé à entrer au chausse-pied. Une métaphore parfaite du secteur du jeu vidéo actuel finalement.
Plein de corrections de bugs dans les Sims 4 – EA ce pompier pyromane ?
broccomilie
Test Les Sims 4 : Nature Enchantée – Fée pas ci fée pas ça
broccomilie
Les Sims en film, mais pour raconter quoi ?
Lila