Les jeunes femmes de Senran Kagura en ont vécu des péripéties depuis leurs débuts en 2011. Depuis leurs premiers combats en tant que kunoichi, ces demoiselles ont également mener l’assaut derrière les fourneaux et même dans de violentes joutes armées de pistolets à eau.
Annoncé peu après la sortie de la Switch, Senran Kagura Reflexions prend un tout autre chemin que les opus évoqués précédemment. Ici, il n’est plus question de violence, de combats humides et de vêtements pour le moins fragiles (remarque, ce dernier élément peut rester), mais plutôt de simulation de massage aux accents exotiques de visual novel/dating sim. Plus encore, le titre se présentait d’après un trailer de Marvelous! comme une sorte de vitrine technologique promettant des sensations proches du réel, le tout Joycon en main. Alors, qu’en est-il une fois le logiciel entre les doigts ? Senran Kagura Reflexions, qui sans manquer de charme, a-t-il de quoi nous séduire ?
Place à un peu de douceur
Senran Kagura Reflexions commence sur un postulat limpide. Comme indiqué précédemment, les combats ne sont pas à l’ordre du jour. Le soft vous met face à Asuka, protagoniste principale de la franchise, seule dans une salle de classe, éclairée par la douce atmosphère tamisée d’un soleil de fin de journée d’été se réfléchissant sur les bureaux de bois.
Dans ce cadre idyllique et merveilleusement cliché, elle s’offre à vous dans un monologue vous expliquant qu’elle n’attendait que ce moment avec vous et qu’elle a cruellement besoin de votre aide pour retirer cette pression qui pèse sur ses frêles épaules d’arme de destruction massive (oublions pas qu’il s’agit d’une kunoichi surentraînée de films d’animation japonais, la chose la plus puissante après le méchas et les kaijus hein !). Comme une saveur fade de cliché n’est-ce pas ? Tristement, il faudra vous y faire puisque les dialogues dans ce jeu, qui sont d’ailleurs légion, épouse merveilleusement cette philosophie de recyclage éhonté qu’on trouvera dans la pléthore de shojo attrape-sous de n’importe quelle période de l’animation japonaise.
Forcément, le point fort de ce jeu réside dans son esthétique globale puisque tout est fait pour caresser le fan dans le sens du poil. Il était évident que ce soit le cas, après tout le titre mise réellement sur le fan service donc notre hôtesse de charme se devait d’être traitée avec les égards qui lui sont dus. Donc, dans les faits, notre demoiselle est très bien modélisée et beaucoup de soin a été apporté à son animation tout comme à ses mouvements. De plus, toute une panoplie d’éléments de customisation vous sont offertes: tenues, sous-vêtements, accessoires, coupes de cheveux… Tout y est ! Mais ça ne se limite bien sûr pas qu’au visuel puisque toutes les bulles de conversation de notre jeune dame sont doublées dans la langue originale, ce qui est très plaisant également. Détail anodin à ce niveau mais le logiciel est intégralement adapté en français ! Il va de soi que le fan peut-être comblé par tant d’égards.
Une journée sans fin
Dans un dating-sim lambda, le jeu nous invite à faire le plein de cadeaux à distribuer à l’élue de notre cœur et à multiplier les échanges avec elle, répondant à ses questions au risque de se méprendre et d’échouer. Ici, l’échec n’est pas vraiment possible. Dans Senran Kagura Reflexions, toutes les phases d’interrogatoire et d’échange de cadeaux sont simplement remplacées par des échanges plus physiques. Ainsi, une fois que vous avez passé le dialogue d’introduction, elle vous offrira ses mains afin que vous massiez la partie de votre choix. Ceci est la première étape d’un cycle que vous allez répéter jusqu’à plus soif.
En suivant votre intuition par rapport à ses réactions, vous déclencherez un événement au sein de ses rêves dans lequel elle aura un rôle différent. Assumant le rôle d’une écolière, d’une sportive, d’une idol… (parmi 6 au total, 7 une fois la boucle scénaristique achevée), elle s’offrira à vous pour un massage plus généralisé qui vous offre la possibilité de vous montrer plus … « fripon ». Chaque partie de son corps déclenchera une couleur différente à votre contact, couleur qui est la clé du dénouement de votre choix. Et votre manière de rentrer en contact avec cet élément du corps n’est pas affecté par la manière dont vous la touchez donc vous pouvez tout aussi bien la tapotez plutôt que la masser (représenté à l’écran par une petite gifle…). Une fois ce massage bouclé, la crème de la crème s’opère sous le titre Réflexologie Glorieuse.
Sous ce titre se cache en fait un mini-jeu dans lequel par le biais d’un objet de votre choix (1 ou 2 disponible dans le premier scénario et d’autres se débloquent à mesure que vous progressez), vous pouvez faire des massages « coup de grâce ». Afin de remplir les conditions de cette mission, il vous faut opérer un objet tout en restant au centre d’une jauge. Si vous êtes trop lent, la demoiselle se lassera, si vous êtes trop vigoureux, au contraire, elle ressentira de la douleur. À vous d’attraper le rythme afin de rester dans les clous. Une fois la mission accomplie, une autre phase de discussion se déclenchera et vous reviendrez dans la salle de classe.
Ce cycle s’opère jusqu’à 5 fois par partie afin de débloquer un des 6 dénouements possibles. Une fois votre première run terminée, la Réflexologie Manuelle vous permet de savoir quelle scène vous pouvez vivre ce qui vous permet d’orienter vos parties vers le dénouement de votre choix avec plus de facilité ou simplement pour qu’elle porte la tenue que vous préférez. Mais vous n’échapperez certainement pas à la redondance de l’ensemble.
Un doigté à perfectionner
Le défaut majeur de ce Senran Kagura Reflexions réside dans son gameplay. En effet, non seulement le jeu ne respecte pas ses promesses de retranscrire des sensations proches du réel (en notant que la seule chose qu’on ressent dans les mains c’est au mieux les battements du cœur, au pire les vibrations du vibromasseur qu’on peut débloquer), mais de surcroît, il s’offre le luxe d’échouer sur les seuls éléments de gameplay qu’il propose. Effectivement, seulement la moitié des mini-jeux utilisant les contrôles physiques répondent proprement. L’autre moitié est brouillonne et ne vous laisse pas le choix que d’utiliser les sticks (contrôles mécaniques) pour venir à bout de votre mission de plaisir.
Mais là où Senran Kagura Reflexions enfonce le clou, c’est dans le traitement général. Au final, une fois le scénario passé pour la toute première fois, les scènes auront toutes un goût de déjà- vu (en plus de manquer de profondeur pour vous inviter à les relire) et ça, l’éditeur le savait. Ils ont donc incorporé une option pour les passer. Mais ça n’est pas tout, puisque vous pouvez tout simplement ignorer les massages glorieux. Est-ce une confession confirmant que le gameplay n’est pas à la hauteur ? Difficile de le percevoir autrement pour être honnête. Ainsi, seuls les massages des mains et du corps restent obligatoires.
Difficile, voire périlleux de noter ce Senran Kagura Reflexions si bien que nous n’allons pas le faire. Résumons plutôt ce que nous venons de voir puisque si ce titre a piqué votre curiosité, c’est que fatalement, vous y êtes intéressés. Et si c’est bien votre cas, oui il pourrait vous plaire. Si vous cherchez du fan service, il a ce qu’il faut. Si vous êtes curieux, il pourra « répondre » à vos demandes.
Mais l’expérience est plutôt passable, noyée par des contrôles par mouvement hasardeux et mal calibrés, un rythme relativement lent ainsi que par des dialogues plats et aussi profonds qu’un dé à coudre. Enfin, si même malgré ça Senran Kagura Reflexion vous fait de l’œil, c’est que ce jeu est probablement fait pour vous, pour x ou y raisons. Mais ne le partagez surtout pas…