Red Dead Redemption 2 est enfin disponible, et les premières notes sont déjà tombées bien entendu. Difficile en arrivant après les autres de sortir son épingle du jeu, d’autant plus si l’on décide de mettre une note similaire à ce que la presse vous a déjà servi jusqu’à plus soif. Un énième 10/10 diront certains en descendant le plus rapidement possible en bas de page pour constater de la note. D’autres, et nous les en remercions, prendrons le temps de lire notre avis du début jusqu’à la fin et comprendront certainement mieux pourquoi nous avons décidé de mettre, nous aussi, la note parfaite, pour un jeu qui ne l’est pourtant pas.
Rockstar a consacré 8 longues années au développement de Red Dead Redemption 2, et c’est sans se précipiter qu’ils nous offre aujourd’hui un nouveau jeu en monde ouvert, comme l’on nous en sert jusqu’à l’écœurement depuis plusieurs années. Souvenez-vous, c’était en 2013, nous vivions alors le lancement d’une nouvelle génération de consoles, et lors de l’E3 de cette année-là, tous les plus gros acteurs du jeu vidéo nous promettaient les plus grands et les plus riches mondes ouverts. Le hic, c’est que ni Watch Dogs, ni The Division, ou encore InFamous n’ont réussi à faire passer le monde ouvert dans une autre dimension. Les seuls ayant réellement su concrétiser l’aboutissement du genre open world ont finalement été The Legend of Zelda: Breath of The Wild et The Witcher 3 mais dans une bien moindre mesure pour ce dernier, aussi fantastique soit-il.
Nous allons donc voir en quoi, et comment Red Dead Redemption 2 a réussi, à l’instar de The Legend of Zelda: Breath of The Wild, le tour de force de nous proposer une vision du monde ouvert comme nous n’en avions encore jamais vu auparavant.
La grande famille de Dutch le patriarche
En ayant décidé d’acquérir Red Dead Redemption 2, il est probable que vous n’ayez pas forcément joué au premier opus, et que seule la hype montante autour de ce titre ait titillé votre curiosité. Si vous êtes dans ce cas, ne vous en faites pas, le jeu se déroulant avant l’histoire du premier jeu, vous n’aurez aucun souci de compréhension. À la manière d’un NieR Automata vous manquerez certaines références, mais cela ne nuira absolument pas à votre compréhension des événements présents.
Comme on dit, le calme vient après la tempête, et cette expression n’aurait pas été mieux choisie que pour vos premiers pas balbutiants dans le jeu. Contraints de fuir les autorités locales après des événements dont on ignore les détails, Dutch le chef de meute, ainsi que sa petite communauté, se retrouvent à errer dans une tempête printanière que l’on assimilerait beaucoup plus à un enfer hivernale tant la neige, le froid et le blizzard malmènent ces personnages que l’on découvre à peine.
Dans une ambiance à la The Hateful Eight ou l’on ressent déjà toute la puissance immersive et évocatrice du nouveau jeu de Rockstar, vous incarnez Arthur Morgan, le bras droit de Dutch. Un à un, les visages meurtris et usés se dévoilent, les langues se délient, et l’on se rend rapidement compte de la dimension familiale au sein de ce groupe ou chacun aura un rôle à jouer, ou chacun devra « gagner sa croûte », et c’est peu de le dire.
Nous sommes à l’aube d’un nouveau siècle, et la bande de Dutch représente alors les dernières réminiscences d’une époque qui sera très bientôt révolue. Cette famille, dépassée par un temps qui file à l’allure d’une locomotive dégueulant de charbon, nous fera assister avec émotion à la fin d’un certain idéal de vie, la fin d’une quête de liberté, celle de l’ouest américain. La bande, et tout particulièrement Arthur Morgan, représente une parfaite analogie de la fin de cette époque et le début de la suivante. Arthur sera tout du long tiraillé par les maux d’un esprit en ayant déjà bien trop subi pour toute une vie. Et étant le garant de l’équilibre au sein du groupe, c’est par l’érosion du pilier qu’il représente que cette famille va petit à petit se déliter.
Le scénario de Red Dead Redemption 2 ne laisse aucune place aux erreurs d’écriture et ce du début à la fin. Nous le savons, Rockstar a toujours été très fort dans ce domaine, mais nous ressentons cette fois-ci, encore plus qu’à leur habitude, que le boulot effectué a bénéficié d’un soin poussé à l’extrême. Cela va bien entendu de paire avec le jeu des acteurs qui est à ce jour ce que nous avons vu de plus crédible dans un jeu vidéo, acteurs qui nous servent des dialogues à la justesse complètement folle.
À la façon des grands films de western, le jeu laisse respirer ses dialogues, et nous abandonne régulièrement dans un état contemplatif, sur lequel nous reviendrons un peu plus loin. Entre joutes verbales piquantes, échanges plus intimes, et moments à la tension meurtrière, vous serez pris pour témoin d’une aventure passionnante au rythme maîtrisé et au dénouement, comme vous pouvez vous y attendre, tragique.
Une sensation d’immersion encore jamais ressentie
Mais plus qu’une histoire diablement bien écrite et parfaitement jouée par des acteurs de talent, c’est aussi et surtout le monde qui vous entoure qui va vous transporter comme jamais auparavant, vous offrant alors une sensation d’immersion rare. Pour ce faire, le chemin a dû être sacrément long et complexe tant chaque détail semble avoir bénéficié d’un soin que seul un gros paquet d’argent pouvait permettre. Cependant, l’argent, c’est bien, mais le voir transpirer à l’écran c’est mieux.
Il n’y a rien de plus frustrant que de savoir qu’une production a coûté ce que votre famille ne gagnera jamais sur 10 générations, et d’avoir l’impression que tout est passé dans la coke et les… Enfin vous voyez où nous voulons en venir. Ici, vous l’aurez compris, ce n’est absolument pas le cas, et nous allons voir en détail les points qui font de cette aventure une expérience ultra immersive.
Tout d’abord, nous avons fatalement l’aspect graphique qui nous frappe de plein fouet dès les premières minutes de jeu, nous plongeant dans une ambiance de brume à couper au couteau. À ce moment là on comprend rapidement que les mecs qui ont réalisé tout ce qui porte sur la gestion de la lumière sont loin d’être des manchots. La dispersion est absolument somptueuse de réalisme, et nous ne sommes que dans les premiers instants du jeu. L’histoire est naturellement conçue de sorte que l’on accède à un monde de plus en plus ouvert, et c’est à la fin du « tutoriel » que l’on arrive sur les premiers grands panoramas du jeu, nous dévoilant un paysages sublime où la profondeur de champ n’a de limite que l’horizon.
À ce moment-là nous nous sommes posé deux question, la première « comment une PlayStation 4 peut-elle afficher de tels graphismes ? » et la seconde « comment ont-ils fait pour donner une telle impression de réalisme ? ». Pour la première, pas de toute, le ventilateur était bien là pour nous rappeler que notre chère console était en train de nous servir ses tripes sur un plateau. Pour la seconde, nous y venons tout de suite. On remarque que sans même encore parler de finesse de texture ou autre, il y a eu un travail considérable réalisé par le directeur de la photographie du jeu pour nous présenter des visuels d’une qualité impressionnante. L’étalonnage n’abuse pas des couleurs criardes, et le jeu se veut volontairement au plus proche du rendu que l’on pourrait retrouver dans un décors réel. Résultat, on sentirait presque l’odeur du bétail en marchant dans la boue souillée de Valentine, ou les engelures glacées sur les pieds d’Arthur en partant chasser dans le froid pénétrant des hauts sommets.
Nous avons échangé régulièrement avec des connaissances lors de notre test afin d’essayer de décrire la qualité de l’immersion que nous pouvions ressentir, mais ce n’est qu’une fois le jeu entre les mains qu’ils ont réellement pu comprendre là où nous voulions vraiment en venir. Malgré tout un élément important permet tout de même d’annoncer clairement la couleur, c’est l’absence quasi totale de clipping (éléments apparaissant au fur et à mesure que l’on avance).
Alors ça peut sembler n’être qu’un détail dit comme ça, mais ça serait minimiser la prouesse d’aboutir à ça sur une PlayStation 4 quand la profondeur de champ est aussi grande. Où que vous regardiez, peut importe votre allure, on vous garantit que vous mettrez un sacré bout de temps avant de déceler le moindre élément déboulant de nulle part, que ce soit devant vous, ou au plus loin que s’étende le paysage. Cet aspect permet d’accentuer considérablement l’immersion, et encore une fois, sur consoles, c’est la première fois que l’on voit une qualité d’optimisation aussi propre, sans pour autant donner l’impression d’avoir sacrifié des éléments à l’écran.
En termes de technique pure, Red Dead Redemption 2 ne possède pas les graphismes les plus impressionnants sur beaucoup de points, mais pour autant, il donne l’impression d’être le plus beau jeu que nous ayons jamais vu. Les textures pour la plupart sont très propres, mais ce ne sont pas les plus fines à ce jour. Non, en fait tout se joue dans les détails et la remarquable direction artistique dont bénéficie le jeu. Chaque élément est à sa place, et a bénéficié de longues heures de travail.
C’est cet agencement, ce travail d’orfèvre, qui créent une cohérence si pure que l’on a cette impression d’être face à la quintessence graphique vidéoludique actuelle. Uncharted 4 dans une certaine mesure est aussi dans le même cas de figure, mais ne l’oublions pas, Red Dead Redemption 2 est un monde ouvert, pas Uncharted 4. En ce sens, Rockstar met la barre très haut, et nous prouve que si l’on veut avoir un monde ouvert aussi beau qu’un jeu couloir, c’est finalement possible. Ce jeu nous propose, à nous joueurs, d’ouvrir une petite porte sur le futur du jeu vidéo, et nous permet d’espérer que cette qualité devienne le standard de demain.
Avec un aspect visuel aussi impressionnant et réaliste, ainsi que le soin « cinématographique » dont il bénéficie, il est plutôt normal que Rockstar ait voulu nous offrir régulièrement l’opportunité de nous arrêter un instant et de simplement prendre le temps d’apprécier. Tout d’abord, la vue cinéma, sauf rares exceptions où la caméra se place de façon étrange, a été vraiment bien pensée.
Lorsque vous êtes en déplacement et que l’on vous accompagne, il est possible de choisir une caméra spécifique et vous verrez apparaître des bandes noires qui vous donneront l’impression de suivre un film et non plus un jeu. Cela est parfaitement cohérent et rejoint ce que nous avons dit plus haut. En plus de nous permettre à nous autres français de suivre les sous-titres dans le plus grand des conforts, cela nous laisse aussi admirer comme il se doit les somptueux paysages qui s’offrent à nous.
De plus, vous serez régulièrement attiré spontanément vers des corniches, des falaises, ou autres points de vue intéressants, où seule la curiosité vous guidera. Cette dernière sera alors souvent récompensée par de petits moments de grâce, ponctués par une musique discrète mais parachevant l’appréciation d’un instant magique. Sans en faire des caisses, la musique du jeu vous réserve des moments forts et poignants, avec une formidable gestion du rythme façon western. Intense pendant les fusillades, légère pendant les phases d’exploration afin de ne pas dénaturer l’immersion, l’OST sait aussi mettre la pression lorsqu’il le faut, allant crescendo jusqu’à ce que les braises incandescentes se transforment en un gigantesque brasier.
Dans la quête de l’immersion, le sound design se présente comme un formidable outil que le studio semble avoir dompté à la perfection. On ressent rien qu’en fermant les yeux, toute la vie du monde qui nous entoure, dans une cohérence qui force encore une fois le respect. Réussir un mixage des différents sons pour aboutir à un tel rendu est quelque chose de rare, et il est vite possible de se retrouver avec un bruit de fond désagréable plutôt qu’avec une ambiance sonore plaisante comme c’est le cas ici.
Une histoire pas comme les autres
Dans Red Dead Redemption 2, il y a plusieurs facteurs qui vont vous permettre de vivre une aventure différente de celle de tout le monde. Si bien entendu le scénario principal restera globalement identique, vous allez tout de même pouvoir façonner votre aventure au gré de vos envies. Tout d’abord, vous allez avoir le choix de faire les choses dans l’ordre que vous le souhaitez, ce qui vous permettra de vous intéresser aux éléments qui vous attirent le plus. Le scénario est une part importante, mais vous vous rendrez rapidement compte que l’aventure, la vraie, se déroule en dehors des sentiers tout tracés par Rockstar.
En ce qui nous concerne, plutôt que de suivre l’histoire principale de très près, nous avons décidé de nous mettre rapidement à la chasse, ce qui nous a poussé à nous aventurer dans des endroits peu fréquentés. Seulement à cheval, la route peut parfois être longue et vous pourrez vous faire surprendre par divers événements en cours de route. Par exemple, un groupe de hors la loi peut très bien décider de s’en prendre à vous, un homme seul peut vouloir vous accoster pour vous voler votre cheval, ou vous pourriez bien être témoin d’une scène de meurtre ou d’un viol sur le chemin. Ces éléments aléatoires vont faire de chaque destination un moment unique et qui n’appartiendra finalement qu’à vous, faisant d’un simple pistage à la base, une véritable épopée.
Et cela s’est vérifié après la sortie du jeu lorsque nous avons discuté avec d’autres joueurs autour de nous, à qui il n’était pas du tout arrivé les mêmes choses. Ici l’exploration est toujours récompensée, et chaque destination se révèle être une aventure à part. Vous allez aussi pouvoir gérer la personnalisation de votre personnage ainsi que de votre cheval et comme vous l’imaginez, il y a de quoi faire. La pilosité d’Arthur évoluant en temps réel dans le jeu, vous devrez l’entretenir si vous souhaitez rester présentable, mais rien ne vous empêche de la jouer cowboy négligé. Côté fringues vous pourrez acheter des tenues à un marchand ou vous les confectionner vous même grâce aux peaux de bête échangées auprès d’un trappeur.
Et il y en a pour tous les goûts et pour tous les types de temps. Ici la météo est un élément important à prendre en compte puisqu’elle va définir le niveau de chaleur des vêtements que vous devrez porter. Par exemple s’il fait très froid et que vous portez une tenue trop légère vous perdrez régulièrement de la santé jusqu’à en mourir si vous ne faites rien pour l’empêcher. Intervient alors la selle de votre cheval, c’est là que vous pourrez stocker tout votre matériel lorsque vous partez loin du camp.
Et autant dire qu’il n’y a rien de plus insupportable que d’arriver en haute montagne avec une simple tenue d’été. Il vous faudra donc toujours penser à gérer l’équipement que vous prenez avec vous. Dans l’aspect gestion de son personnage la météo est donc très intéressante et son caractère dynamique vous permettra de régulièrement changer d’ambiance… Mais parfois de façon trop radicale. Les changements climatiques en temps réels sont vraiment somptueux à regarder, et vous ne manquerez surement pas de vous arrêter pour attendre un orage et regarder les éclairs, transperçant de lumière le bétail s’affolant dans la plaine. Cependant, certains changements, notamment lorsque le soleil réapparaît, sont clairement trop abruptes et nous passons parfois d’une pluie torrentielle à à un soleil radieux sans une goutte de pluie. Ce n’est pas toujours le cas, mais ça arrive.
Pour votre fidèle ami équidé il en ira de même pour tous les éléments de personnalisation. On ne va pas vous citer tout ce qu’il est possible de faire, mais croyez-nous, vous ne serez pas en manque de contenu à ce niveau-là. Mais sachez que plusieurs possibilité s’offriront à vous allant de la couleur de la crinière au style de coiffage en passant par une personnalisation complète de la selle, que vous pourrez récupérer si la mort de votre cheval devait survenir. Car on ne l’a pas encore évoqué, mais votre cheval peut mourir et on ne vous souhaite absolument pas que cela arrive.
Déjà parce que si comme nous vous vous retrouvez en haute montagne sans cheval vous allez vous sentir bien seul, mais aussi car vous allez lier des liens avec votre compagnon par le biais d’interactions contextuelles. Vous pourrez le nourrir pour lui rendre de la vie, mais aussi le récompenser, le caresser, le nettoyer régulièrement, et tout cela va faire augmenter votre lien, lui promulguant une nouvelle compétence par niveau de lien, le niveau 4 étant le maximum. Sans parler de votre sensibilité envers les animaux, qui est différente en fonction des gens, perdre un cheval, c’est perdre ses compétences durement acquises et tout recommencer avec un autre destrier. Vous aurez alors le choix d’en acheter un à l’écurie, les chevaux étant différents en fonction des écuries et de votre avancement du jeu, d’en voler un, ou de partir dompter l’un de ceux encore à l’état sauvage.
Et plus globalement, le jeu regorge d’espèces animales à l’état sauvage et c’est la première fois que nous avons autant eu cette envie de partir à la chasse pour en découvrir un maximum. Là où c’est bien fait, c’est que le tout ce qui tourne autour de la chasse reste assez intéressant en terme de récompense. Vous pouvez à la fois le faire pour l’argent, mais aussi pour vous habiller, ou plus simplement pour vous nourrir vous et le reste du camp en participant à l’effort de guerre.
La pèche quant à elle n’a pas réussi à nous séduire de la même manière et reste finalement en deçà de la chasse, surtout qu’une fois le voyage rapide débloqué, cette dernière devient encore plus accessible. Si vous souhaitez partir chasser à l’autre bout de la carte, il vous sera au moins possible de vous rapprocher de votre destination en prenant le train par exemple. Cependant, et même si nous comprenons l’intention du studio de ne pas faire des voyages rapides un simple outil de téléportation, ce dernier aurait gagné à être plus simple dans son utilisation et surtout plus fonctionnel.
Concrétisation d’un monde persistant
Hérité de Red Dead Redemption, le gameplay de ce second opus n’a pas subi une grosse évolution, mais plus un petit lifting, ce qui devrait plaire à ceux qui y étaient finalement attachés. Pour les autres il faudra à nouveau faire avec ce maniement made in Rockstar que l’on aime ou que l’on déteste, mais qui reste terriblement efficace. Les amoureux de la difficulté devront encore une fois passer leur chemin puisque tout ce qui se rapportera au maniement des armes ne pose finalement pas de problème, pour peu qu’on soit pas trop mal équipé. La difficulté tient ici plus de l’ordre de la gestion de son personnage et de ses ressources plus que de l’âpreté des gunfights.
Il ne tiendra donc qu’à vous d’acheter les armes et munitions nécessaires à vos activités, pour ainsi vous faciliter la vie, mais surtout prendre un maximum de plaisir. Car si l’on y regarde de plus près, la vie au sein du jeu se veut assez réaliste, mais un compartiment demeure beaucoup plus fantasmé : les gunfights. Ils seront une sorte de récompense pour tout ce que vous aurez vécu en parallèle, et mettront temporairement fin à votre envie de tirer sur tout ce qui bouge. Instinctif et jouissif, le gameplay lors des affrontements, que ce soit au sol ou à cheval, souhaite en mettre plein la vue, et ça marche du tonnerre. On est alors dans des phases ultra dynamiques, les balles fusent de toute part, et quoi qu’il puisse en être dit ailleurs, nous n’avons pas trouvé une seule seconde les contrôles lourds, ou le système de couverture désastreux.
Tout y est plus précis que dans le premier opus, tout en conservant ce style typique de la série, s’inscrivant dans une démarche « réaliste ». Même le fait de devoir fouiller les cadavres un par un après chaque affrontement ne nous a pas dérangé car finalement, les grosses fusillades se font plus rares qu’on ne le croit, et que le reste du temps, l’animation de fouille nous permet une meilleure immersion. Non, là ou le jeu se révèle un peu en-dessous, c’est dans les phases d’infiltration dont on ne peut que constater le manque de cohérence vis à vis du level design. Très clairement, seules quelques séquences vous permettront de jouer à la façon d’un Sam Fisher, mais n’est pas Hitman qui veut, surtout que ce compartiment du jeu n’est absolument pas le coeur du gameplay. En revanche, lorsque les ennemis sont en effectif réduit, il est tout à fait possible de la jouer plus discret afin de ne pas se faire repérer par les autorités, ou de ne pas laisser des témoins derrière soi. Dans ce cas de figure le côté plus en finesse passe beaucoup mieux, et se trouve bien mieux intégré.
Mais parce que le gameplay ce n’est pas juste tirer à vu sur le premier pied tendre venu, et que vous allez passer beaucoup de temps à interagir avec le monde qui vous entoure, nous allons pouvoir parler de la gestion des PNJ, qui s’avère particulièrement intéressante. Dans un jeu plus « standard » la notion de PNJ nous renvoie habituellement à un personne que l’on doit aller interpeller si l’on souhaite avoir une interaction. Ici, les choses se passent plus subtilement et ce sont les PNJ qui vont venir vers vous s’ils attendent quelque chose de vous. Certains viendront même à votre rencontre pour le simple plaisir de vous saluer, ou de vous raconter leur journée. Que vous soyez au camp ou en ville, vous ne passerez pas inaperçu, et il y aura toujours du monde pour vous accoster, que ce soit pour mendier ou pour vous proposer de gagner quelques dollars.
Cela ajoute un réel sentiment de vie au sein du jeu, et même s’ils oseront vous accoster, vous ne serez pas le centre du monde pour autant. Ici les PNJ ont une vie aussi bien de jour que de nuit, et nous vous invitons d’ailleurs à en suivre quelques uns discrètement pour vous rendre compte à quel point le monde qui vous entoure est persistant. Ils ont leurs activités la journée, ils dorment la nuit, ce qui rendra par exemple les commerces indisponibles de nuit pour fermeture. Petit détail rigolo, si vous faites du grabuge dans le saloon, il se pourrait bien qu’il ne soit pas ouvert le lendemain pour réparer les dégâts causés lors de votre venue.
Cependant, et même, étrangement, lors des gunfights l’IA des ennemis est beaucoup moins évoluée et même si cela n’enlève en rien le côté fun des fusillades, force est de constater que nos opposants semblent avoir laissé leur cerveau de côté au moment où ils ont sorti leurs armes. Enfin, pour vous détendre vous pourrez jouer au poker, au jeu du couteau, ou encore aux dominos, et si vous devenez bon, il se pourrait bien que vous décidiez de gagner votre argent en participant à ces mini-jeux, qui même s’ils ne sont pas si lucratifs que ça, permettent de varier un peu les plaisirs quand vous revenez de 3 longues heures de chasse. Beaucoup d’activités vous permettront d’ailleurs de changer d’air et de ne jamais avoir d’impression de redondance comme c’est souvent le cas dans les mondes ouverts.
Ici, la routine ne devrait pas être un problème pour vous et sans même parler de la durée de vie du jeu en ligne droite s’élevant à environs 60 heures, vous aurez tellement de choses à faire en annexe que vous devriez pouvoir largement doubler voir tripler ce nombre. Entre les différents objets à collecter, les braquages, les missions de chasseur de prime, la découverte de la faune et de la flore, la traque des animaux légendaires, vous aurez de quoi vous occuper pendant un moment. Et nous n’avons même pas parlé du online qui arrivera dans le courant du mois de novembre et qui promet déjà d’être de très bonne facture, tout du moins, s’il suit le même chemin que le online de GTA V.
Nous avions des attentes vis à vis de Red Dead Redemption 2, mais ce dernier a su aller bien au-delà grâce à son degré de finition complètement ahurissant. C’est bien simple, ce jeu, c’est la définition parfaite du « toujours plus », redéfinissant vraiment la notion de monde ouvert, laissant ses derniers opposants en date comme Assassin’s Creed Odyssey bien loin derrière.
Doté de graphismes exceptionnels, c’est notamment par une direction artistique sublime, des effets de lumière flamboyants, mais aussi par sa profondeur de champ complètement hors catégorie qu’il se place au-dessus du lot. Mais plus encore, ce sont les détails qui une fois réunis ensemble forment un tout d’un réalisme à couper le souffle. Le moindre petit aspect a été pensé pour rendre l’univers crédible et cohérent.
Le soin apporté à chaque parcelle de ce jeu est d’un niveau encore jamais vu auparavant et nous ne pouvons qu’être impressionné et fasciné par le travail accompli sur ce titre hors du temps, qui semble tout droit venu de la génération suivante. Outre son aspect visuel saisissant, ce jeu ne fait pas du tout office de belle coquille vide et se révèle tout aussi soigné au niveau de sa trame narrative, dont le talent des acteurs n’a d’égale que la qualité d’écriture des auteurs qui se sont vraiment surpassés pour nous servir des personnages inoubliables.
Mais c’est dans la gestion du vivant au sein de son univers que Red Dead Redemption 2 excelle comme aucun autre jusqu’à présent, que ce soit au niveau des PNJ, mais aussi de la faune qui n’aura jamais été aussi bien retranscrite dans un jeu vidéo.
Il y aura clairement un avant et un après Red Dead Redemption 2, notamment car il se place en mètre étalon de son genre à tous les niveaux, et qu’ils sera prochainement très difficile de faire un monde ouvert aussi immersif. Cependant, même si l’on peut l’élever au rang de chef-d’oeuvre, il n’en est pas pour autant la perfection absolue. La météo dynamique l’est peut-être un peu trop à certains moments, et l’IA des ennemis lors des gunfights perfectible. Enfin si nous avons insisté sur son caractère très immersif, il faut constater que malgré tout, quelques bugs inhérents au genre rentreront forcément dans la danse, mais rien de très grave, et qui, pour nous, restent clairement du pinaillage plus qu’autre chose. Nous l’attendions depuis 8 ans, mais Red Dead Redemption 2 est définitivement le monde ouvert d’exception qu’attendait cette génération.