Passé son âge d’or sur PlayStation 1 et 2, PES a eu bien du mal à s’adapter à nos consoles en haute définition. Distancée par FIFA, la licence s’est encrassée dans le très moyen pendant quelques années, jusqu’à revenir depuis trois/quatre ans en meilleure forme. Cette année, PES 2019 entend bien combler définitivement son retard avec la franchise d’Electronic Arts et elle est bien partie pour, surtout que si la simulation footballistique de Konami ne cesse de s’améliorer, FIFA, lui, stagne dangereusement sur ce qui fait un bon jeu de foot, son gameplay.
(Test de PES 2019 réalisé sur PlayStation 4 à partir d’une version fournie par l’éditeur)
Difficile de faire l’éloge de ce PES 2019 sans en relever les défauts. Ainsi, pour se débarrasser de la chose au plus vite, il va être question dans les lignes qui suivent d’en énumérer les principaux et plus connus.
S’il ne fallait parler que de ça, nous pourrions en discuter des heures. Beaucoup de joueurs ne peuvent pas blairer PES simplement parce qu’au niveau des licences officielles, la saga de Konami est à la traîne totale. De notre point de vue, et même si cela reste dommageable, ceci n’est en rien preuve que cette simulation footballistique vaut moins qu’une autre. Bien au contraire, sachant qu’ils ne peuvent rivaliser sur ce terrain avec FIFA, les développeurs s’acharnent à créer le jeu de foot ultime en misant tout sur d’autres aspects ayant attrait au gameplay ou encore au réalisme de leur bébé.
Merseyside Blue dans mon MD White
Alors oui, effectivement PES 2019 ne possède ni les licences officielles de la Premier League, de la Liga ou encore de la Serie A. Bien que présentes avec leurs divisions inférieures, Konami ne détient pas les droits de ces compétitions et encore moins la Bundesliga, totalement absente, alors que seuls le Bayer Leverkusen et Schalke 04 sont présents en tant que clubs allemands dans le jeu. On regrette aussi qu’il n’y ait que le FC Barcelone pour l’Espagne, Liverpool et Arsenal pour l’Angleterre et toutes les équipes de la Série A, hormis la Juventus, qui arborent maillots et dénominations officielles pour ce qui est des championnats non licenciés.
Mais la plus grosse tache de café sur la feuille de match est a mettre au crédit de la sélection brésilienne qui présente des joueurs fictifs créés de toute pièce par faute de droits. Pour la nation de la « joga bonito », ça la fout mal. C’est un fait, PES 2019 se doit de se faire une nouvelle fois patcher par sa communauté pour que tout soit présent et à l’endroit, chose qui devrait arriver sous peu, excepté pour les joueurs sur One comme d’habitude.
Mais tout ceci n’est pas rédhibitoire et Konami a plus d’un tour dans son sac. Car le studio nippon ne fait pas étalage de bling-bling et entend mettre en avant d’autres championnats, bien moins connus, mais tout aussi intéressants.
On se retrouve alors avec une bonne grosse dose d’Amérique du Sud, avec le Campeonato Brasileiro, la Superliga d’Argentine, le Campeonato Scotiabank du Chili et la Liga Àguila de la Colombie. Et si la Copa Libertadores n’est pas plus présente dans PES 2019 qu’elle ne l’était dans l’opus 2018 – mais remplacée par une simili-coupe sans licence -, fouler les pelouses sud-américaines reste un plaisir immense surtout lorsque l’on suit un peu les championnats outre-Atlantique.
En ce qui concerne l’Europe, hormis la Ligue 1 Conforama, la Liga NOS portugaise, voir l’Eredivisie hollandaise, les autres compétitions nationales présentes sont loin d’être majeures. On y retrouve la Domino’s Ligue 2, la – Jupiler – Pro League de nos amis belges, la Super League suisse, la Ladbrokes Premier League écossaise, la Superliga du glacial Danemark et bien entendu la Super Lig Turque. Alors oui, ce n’est pas flamboyant, mais au moins c’est présent et ça met aussi en avant d’autres équipes que les traditionnels Real Madrid, Manchester City ou encore Juventus.
Football total
Laissons de côté tous ses problèmes financiers d’acquisition de licences et autres pacotilles, pour nous concentrer sur ce qui rend ce PES 2019 unique en son genre, c’est-à-dire son gameplay.
Cela fait maintenant trois ou quatre épisodes que les choses vont en s’améliorant sur ce point pour la saga de Konami et ce nouvel opus la propulse au firmament des simulations footballistiques. Un travail incroyable a été fait pour apporter un rendu ultra-réaliste aux matchs. Jamais un jeu de foot n’avait porté aussi fidèlement sur console toute la technicité, la justesse et la tactique d’un match. La construction du jeu est l’un des points sur lequel Konami a le plus travaillé.
Prendre son temps, construire ses actions, se créer des occasions et foutre un pion via un beau ciseau retourné de son attaquant star n’a jamais été aussi grisant. PES 2019 en donne a qui en veut, ainsi que l’on soit un joueur patient, un adepte de la contre-attaque rapide, de jeu direct ou encore d’une formation basée sur la défense, il est possible de tout mettre en place et de tout changer au cours d’un même match.
Ce ne sont pas tant les dispositifs tactiques proposés qui ont évolué et qui permettent d’apporter autant de souplesse, que l’IA qui se comporte et applique bien nos directives en fonction du système que l’on a choisi. Et c’est vrai dans les deux sens, notre adversaire s’adaptant aussi à nos tactiques, cela surtout à haut niveau. Une véritable prouesse qui rend chaque partie unique vu que l’équipe adverse et son système changent à chaque fois.
Cela apporte surtout une homogénéité de gameplay rarement vue, finies ici les erreurs de placement dûes à une IA hasardeuse, s’il y a un trou dans votre défense, c’est de votre faute. De même que les frappes, qui ont toujours été un petit point faible de la licence, sont bien meilleures maintenant, ceci étant dû à une excellente physique de balle, toujours un très gros point fort de PES. Les gardiens se sont aussi vu améliorer pour l’occasion, même s’ils ont tendance à relâcher quelques ballons finalement peu dangereux de base, surtout lorsque cela vient à ras de terre ou à mi-hauteur.
Nos avatars en short quant à eux se déplacent et bougent avec une inertie réaliste au possible, la balle réagit diablement bien à nos actions, les duels aériens sont accrochés, les tacles sont appuyés et durs, les tirages de maillots, les coups d’épaules et autres petits vices bien sentis au rendez-vous.
On ressent l’impact entre les joueurs et on a même mal pour eux parfois, les collisions sont très bien gérées par le moteur et cela fait des merveilles. Il faut appuyer dans le bon timming et ne jamais se précipiter, l’intelligence de jeu étant ici plus récompensée que la simplicité d’un pressing à deux. Un équilibre parfait a été trouvé entre attaque et défense, donnant des matchs rythmés et dynamiques, durant lesquels le tempo est dicté par le jeu balle au pied et non autre chose.
Il y a de la beauté dans ce PES 2019, de celle des grands matchs qui offrent des minutes intenses à vivre en tant que supporter, comme lorsque l’on est acculé dans nos bases à défendre comme des morts de faim. Cela se ressent, on se sent étouffé assis sur notre canapé et on fulmine lorsque l’on fait subir cela à quelqu’un d’autre, euphorique de notre domination. On s’aide alors de changements tactiques en match, et espérons que la fatigue des joueurs qui se fait ressentir maintenant plus que jamais, ne va pas trop handicaper notre avancée vers le but adverse, car une seule crampe et c’est fini. Konami a franchement mis les bouchées doubles, triples et même quadruples, pour nous pondre là la simulation ultime de football et c’est réussi. Bravo !
Dispositif tactique
Un mot sur l’IA qui a vu, selon nous, sa difficulté rehaussée de manière non artificielle. Il faut pour comprendre cela, prendre en compte ce qui a été dit précédemment par rapport à la tactique et la justesse technique manette en main dont il faut faire montre pour maîtriser ce PES 2019. Disons que passée la difficulté « haut niveau », les choses se compliquent et il va falloir savoir s’adapter aux tactiques adverses, repérer les failles de ces dernières et les exploiter.
Il faut en faire de même pour notre assise défensive, sortir sans trop laisser d’espace derrière devient vite une obsession, tout comme la recherche du décalage parfait et de la petite passe en profondeur qui fera mouche. D’ailleurs, s’il y a un défaut à relever sur PES 2019, ce sont bien ces fameuses passes en profondeur qui ont tendance à passer un peu trop souvent, surtout après un une-deux et lors des contre-attaques.
Autre petit calembour, les commentateurs français. On retrouve toujours l’exaspérant Darren Tulett, aussi pertinent qu’un végétarien participant à un hamburger-eating contest, ainsi que son compère un peu au-dessus Grégoire Margotton. Et c’est catastrophique, nul et sans saveur, il est temps de faire quelque chose. D’autant plus que pour ce qui est du reste, l’ambiance sonore est au top dans les stades, et même si c’est parfois hésitant, on est dedans.
D’autant plus que PES 2019 est porté par une réalisation graphique qui fait enfin merveille. Les jeux de lumière sur les stades sont de toute beauté, les spectateurs bougent, sautent, applaudissent et les joueurs expriment de mieux en mieux leurs humeurs via des gestes que l’on ne voyait pas avant. La modélisation globale de ces avatars de millionnaires – mais pas que… – virtuels est pour le moins réussie et on reconnait les grands noms du football au premier coup d’œil, même sans voir leur faciès.
Et là encore il y aurait à dire, puisque sur ce point, comme sur le gameplay, PES met une grosse claque à FIFA. Ne faisons pas la fine bouche, certains joueurs, les moins connus notamment, ne ressemblent vraiment pas à leur modèle réel et là-dessus, il va encore falloir travailler.
Club House
Enfin, en ce qui concerne les modes de jeu, rien de bien original ici. Les joueurs solos vont très certainement retrouver avec joie une Ligue des Masters, certes toujours aussi addictive, mais aussi un peu austère et vieillissante, alors que les gamers online vont sans aucun doute se tourner vers le mode My Club.
Pour le premier, il est bon de noter que des efforts ont été faits sur plusieurs points, avec une mise en avant bien plus importantes des joueurs clés de son effectif, des transferts améliorés et de petites mises en scène sympathiques via cut-scenes assez mollassonnes tout de même, et l’apport d’une mini compétition en pré-saison, l’International Champions Cup. Reste que le plaisir est toujours présent et c’est bien là le principal.
Pour My Club, là encore c’est du classique, rien de bien révolutionnaire. Il faut toujours se monter son équipe en ligne en usant de recruteurs et d’agents que l’on se paie à coup de GP, la monnaie virtuelle du jeu. Bien entendu, quelques améliorations sont apparues ici et là, ainsi s’il est toujours possible d’affronter l’IA ou des joueurs humains pour gagner quelques GP et autres personnels qualifiés pour le recrutement.
On voit aussi apparaître des petits championnats à durée limitée avec classement, l’arrivée des joueurs performants qui ont brillé durant le week-end et quelques retouches ici et là au niveau des équipes ou encore du recrutement avec un système proche de celui de FUT avec ces cartes. On a même la possibilité d’échanger celles que l’on a en double ou de recruter des légendes telles que Vieira ou Beckham. Passé cela, eh bien rien n’a vraiment bougé, l’interface nouvelle est un brin vieillotte, comme celle du jeu en général d’ailleurs et l’ergonomie des menus sans être mauvaises, n’est pas au poil.
Enfin, pour les autres modes de jeu, on a le plaisir de retrouver les matchs en 3vs3 en coopération online ou non, les ligues en ligne, le mode Vers une Légende – qui lui aussi n’a pas évolué -, les coupes de tous bords en solo, et même la Champion’s League asiatique est là. Seule ombre au tableau, le online est assez lourd et parfois lent, mais cela devrait s’améliorer au fur et à mesure des semaines à coups de patch. Mais le constat est sans appel, cela manque de fraîcheur et de nouveauté.
C’est bien dommage, car on peut pardonner au jeu le manque de licences, même si PES 2019 en a aussi gagné, il ne faut pas tout voir en noir, comme certains stades, Anfield ou le Camp Nou pour ne citer qu’eux. Par contre, le contenu aurait mérité d’être repensé pour que ce sublime gameplay que nous propose le titre soit mis en valeur de la meilleure façon possible. Qui sait, peut-être aurons-nous une grosse surprise l’année prochaine.
Enfin ! Enfin PES redevient PES. Cela faisait longtemps que nous attendions l’épisode référence capable de surpasser FIFA et ainsi de relancer la course à l’excellence, et PES 2019 est définitivement l’élu. Fort d’un gameplay hallucinant de réalisme, le nouveau bébé de Konami parvient à gommer une dizaine d’années d’errance d’un coup de pied bien placé. On est totalement conquis et sous le charme, et il nous faut tirer notre chapeau aux développeurs qui ont su créer un jeu intelligent, tactique et qui pue le football comme on l’aime.
Il est temps maintenant pour Konami de repartir à la conquête de son trône perdu en nous proposant dans un premier temps plus de contenu et surtout de la fraîcheur. Ensuite viendra le temps de récupérer les droits sur de grands championnats perdus depuis longtemps. Car il ne reste que ça à accomplir pour que PES redevienne le champion du monde qu’il était, même si on espère que FIFA ne se laissera pas faire et qu’une guerre saine entre les deux jeux repartent de plus belle. Si on pouvait changer les commentateurs aussi tant qu’à faire, on ne serait pas contre du tout.