Même le sabre le plus aiguisé subit les affres du temps. La lame, jadis éclatante, s’émousse et se plie au loi impitoyable de l’horloge. Pendant que Capcom s’attèle en forgerie pour son tant attendu Onimusha 5, et après avoir sorti le premier épisode dans une version restaurée, le développeur japonais sort du fourreau le second opus dans le même écrin. L’objectif est simple : préparer au mieux la sortie du nouvel épisode, prévu pour 2026, en remettant la licence au centre de l’attention (et en oubliant au passage la plus que médiocre série animée Netflix).
Initialement sorti en 2002, soit à peine un an après le premier opus (détail qui a son importance), Onimusha 2: Samurai’s Destiny se veut être une suite directe et reprend exactement la même formule que son prédécesseur. Point culture : Onimusha signifie « Le guerrier des Oni », et les Oni sont (grossièrement) des démons tout droit issus du floklore japonais.
(Test d’Onimusha 2: Samurai’s Destiny sur PlayStation 5 réalisé à partir d’un code fourni par l’éditeur)
Dark Oda Nobunaga
Évacuons le scénario sans plus attendre : le seigneur Nobunaga (déjà antagoniste du premier) revient d’entre les morts et se prépare à envahir le monde. Pourquoi ? Comment ? Oubliez. Vous n’aurez aucune explication. L’histoire sert juste de prétexte à l’aventure et à justifier sa toile de fond : le Japon féodal. Bien sûr, qui dit terrible menace, dit valeureux héros. Jubei Yagyu, l’un des plus célébres samouraïs (qui a d’ailleurs inspiré bien des œuvres à l’instar de One Piece ou de Tenchu), affrontera l’armée d’Oni. Très vite, sa route croisera celle d’autres combattants que l’on pourra jouer lors de sessions spécifiques, la première nouveauté notable de ce deuxième épisode.
Outre quelques apports bienvenus du côté du gameplay (que nous détaillerons plus tard), Onimusha 2 est une copie sans grande ambition du premier. Le bougre reprend même une bonne partie de la carte, un recyclage en bonne et due forme pour palier à un temps de développement sans doute trop réduit. Ici, les joueurs du précédent opus voyagent en terrain connu avec aucun changement majeur à l’horizon.
On le disait en introduction, de l’eau a coulé sous les ponts, et Onimusha 2 a bien pris la poussière de par sa réalisation dépassée (mais qui garde un charme certain), et son gameplay d’un autre temps. Les plus vieux ressentiront une vive émotion nommée nostalgie (l’ère PS2, quel plaisir), pendant que les plus jeunes auront du mal à apprécier la lenteur de son action. La version moderne n’efface rien, celle-ci laisse le jeu dans son jus d’époque avec un simple rehaussement des graphismes (passage en HD) et quelques suppléments que l’on pourrait qualifier de discutables.
Samouraï un jour, samouraï toujours
Qu’on se le dise, la recette Capcom des débuts 2000 fait toujours mouche. Resident Evil, Dino Crisis, Devil May Cry, Onimusha, quatre licences redoutables qui ont vivement participé à la renommée du studio. Des plans statiques d’une beauté saisissante, des caméras bien pensées (avec leurs limites) et une réalisation qui frise parfois la série B, Onimusha 2: Samurai’s Destiny fait définitivement partie de cette belle catégorie. Le genre du beat’em all a bien évolué pour toujours plus de dynamisme et de frénésie, mais qu’il est bon de regarder en arrière.
Le gameplay du second épisode s’est vu légèrement enrichi. Plus d’armes à disposition, des attaques chargées et la possibilité de se transformer en Oni à partir d’une nouvelle jauge, les combats se révèlent plus prenants, plus jouissifs. Mais Onimusha ne se limite pas à l’action pure, des phases de puzzle/réflexion parsèment l’aventure, de la même manière qu’un Resident Evil.
Autre nouveauté majeure à signaler : le titre est séquencé avec tout un tas de passages optionnels facilement manquables si l’on trace sa route. Il conviendra ainsi de dialoguer avec ses compagnons de route et d’explorer les environs pour débloquer de nouvelles intrigues. Par ailleurs, un système de troc fait son apparition dans lequel l’on peut échanger divers objets afin de gagner la sympathie de ses camarades. On se demande encore son intérêt, système qui n’a pas été repris dans les épisode suivants, et c’est tant mieux.
Capcom fainéant
Parlons maintenant de cette version optimisée. Déjà, le passage en HD est plutôt réussi dans l’ensemble (sans faire non plus des merveilles). On notera juste quelques cinématiques à la traîne, mais rien d’inacceptable. Ensuite, un mode facile a été ajouté pour initier un maximum de néophytes. Une démarche plus que louable étant donné que le jeu est plutôt difficile d’accès de par sa difficulté de base (même en normal). Une sauvegarde automatique vient également se greffer afin de correspondre aux standards actuels. Une sauvegarde automatique qui ne remplace pas la manuelle, car totalement aléatoire.
Des mini-jeux viennent compléter cette version. Au nombre de trois : une série de puzzles à en décourager plus d’un, un mode arène et une sorte de chasse au trésor revisitée, ces derniers n’apportent strictement rien à la copie, si ce n’est une poignée d’heures supplémentaires pour les plus complétistes. Rien de plus.
Enfin, la musique du jeu a été réorchestrée même si celle-ci ne marque à aucun instant. Il est d’ailleurs possible d’écouter les morceaux dans un menu dédié. On prend le pari : les joueurs qui pousseront les portes de ce menu se conteront sur les doigts de la main. En somme, comme pour Onimusha: Warlords, Capcom se limite au service minimum pour un prix affiché à 29,99€. Attendons-nous au même traitement si le troisième opus est annoncé.
La version remastered d’Onimusha 2: Samurai’s Destiny s’adresse avant tout aux anciens joueurs de la saga. Au fil des années, la lame s’est bien émoussée, trop pour conquérir un nouveau public. Et le travail minimum apporté ne lui permet pas de retrouver son tranchant d’antan. Maintenant, la magie Capcom fait encore effet, une lame reste une lame, avec des environnements détaillés et un gameplay toujours aussi jouissif.
Il faudra définitivement attendre Onimusha 5 pour voir briller la licence (du moins, on l’espère). En attendant, elle continue de faire vibrer le cœur des anciens joueurs, et c’est déjà pas mal après toutes ces années d’absence.