Dans le genre J-RPG qui souhaitent rendre hommage aux grandes gloires du passé, nous avons été plutôt gâtés ces dernières années avec des titres comme I Am Setsuna, ou encore Bravely Default. Avec Octopath Traveler, Acquire et Square Enix ont souhaité dans une certaine mesure, faire renaître une partie de la magie de Final Fantasy VI, un jeu qui conserve une aura presque mystique pour les fans.
Avec des graphismes surfant entre le passé et le présent, ainsi que sa farandole de personnages, Octopath Traveler promettait d’offrir à la Nintendo Switch une superbe exclusivité, et nous allons voir ensemble si ce titre tant attendu, se révèle être le digne successeur de Final Fantasy VI, ou non.
Une octuple épopée
Avec des jeux comme Octopath Traveler il est plutôt compliqué de parler d’originalité étant donné qu’ils misent la plupart du temps sur la nostalgie en proposant de faire hommage à tel ou tel titre que nous avons adoré par le passé. Donc plutôt que de parler d’originalité nous évoquerons plutôt certaines singularités. Si vous avez suivi un peu le développement de ce titre vous savez donc que l’aspect le plus singulier de Octopath Traveler, c’est de nous introduire huit personnages jouables.
Cet élément étant la pierre angulaire du jeu, nous souhaitions attaquer directement par ça, car comme nous l’avons évoqué, cette pléthore de personnages nous a rappelé, à juste titre, Final Fantasy VI. En effet, plutôt que de nous offrir un vrai héros principal à la quête stéréotypée, le studio a voulu mettre en avant une multitude d’histoires différentes et travaillées. Le hic résultera donc dans fait qu’un personnage ne sera pas vraiment plus mis en avant qu’un autre, et ce point précis pourrait en rebuter certains d’entre vous.
Il est possible de commencer avec n’importe quel personnage au départ, et vous irez, en parcourant le monde, recruter les autres dans l’ordre de votre choix. Cela vous offre une réelle liberté dans vos actions, mais peut-être trop pour les joueurs aimant être guidés de bout en bout. Malgré tout, pour notre part nous avons été séduit par cette épopée aux aventures multiples. Le scénario est très bien écrit pour chaque personnage et le jeu appuie vraiment sur le background de chacun avec beaucoup de dialogues d’exposition, mais aussi de textes d’ambiance.
On félicitera la traduction qui semble plutôt fidèle et utilisant un vocabulaire riche, varié, faisant la part belle à la langue française. Autrement dit, nous sommes très loin d’un YS VIII et c’est tant mieux, malgré tout le bien que l’on pense de ce jeu.
Cependant, nous regrettons qu’il n’y ait pas plus de liant entre les personnages, que leurs histoires ne soient pas mieux interconnectées, et surtout mieux imbriquée lors du recrutement des autres héros. On a parfois l’impression que les choses vont vraiment trop vite. Du genre « bonjour j’ai besoin d’aide », à l’autre de répondre « ça tombe bien je vais dans la même direction ». Nous grossissons le trait pour vous faire comprendre, mais dans l’esprit, ça manque parfois de finesse.
En termes d’esthétique, le parti pris était plutôt audacieux car ce pixel art que beaucoup ont appelé de la « bouillie de pixels », rend finalement très bien et offre un style très particulier et facilement identifiable, conférant une véritable identité à Octopath Traveler. Pour faire simple, le jeu est en pixel art, mais contient des éléments HD créant un véritable contraste. On y trouve alors de somptueux éclairages et autres effets de lumière et de particules, que l’on n’aurait jamais pu voir dans un jeu des années 90. Ce petit peps de modernité permet tout en rendant hommage à un style rétro, de le sublimer de bien des façons, pour le plus grand plaisir des yeux.
Pour les oreilles, c’est Yasunori Nishiki qui s’est occupé de composer l’OST du jeu, et qu’on se le dise, il n’y a pas de fausses notes à l’horizon, du début à la fin la bande-son ne nous aura absolument pas déçu. On est complètement dans cette ambiance de fantasy à l’ancienne, et bon sang que ça fait du bien étant donné qu’il ne faut visiblement plus compter sur les Final Fantasy pour cela. Et pour rester sur cette licence, c’est aussi beaucoup au neuvième opus que nous avons pensé à l’écoute de certains morceaux.
Le tour par tour a de beaux jours devant lui
Ce qu’il y a de bien avec Octopath Traveler c’est qu’on retrouve une saveur particulière de J-RPG d’époque jusque dans des détails mineurs qui pourraient finalement ravir les fans. Par exemple, chose toute bête, mais de nos jours aller à l’auberge pour récupérer sa vie en passant une bonne nuit de sommeil, c’est quelque chose que nous ne faisons plus. À présent chaque sauvegarde permet de récupérer sa vie, et certains jeux permettent de récupérer toute notre vie juste après le combat. Et ces petits détails RP que l’on pouvait chérir il y a de ça des années, nous les retrouvons finalement dans ce Octopath Traveler.
Il ne sera donc pas inintéressant de garder un peu d’argent pour l’auberge, ou encore pour aller vous équiper auprès des marchands, qui dans les jeux actuels ne servent presque plus à rien tant l’équipement se trouve ailleurs (coffres, boss, récompenses aléatoires, récompenses de quête, etc.). Il en va de même pour le farming. Car si Final Fantasy XV vous permettait par exemple de terminer le jeu sans même vous prendre du temps pour aller farmer de l’expérience ou de l’argent, vous n’y échapperez pas ici, comme à la bonne époque.
En ce sens, Octopath Traveler remet en avant certaines mécaniques des J-RPG de notre enfance, ce qui a particulièrement flatté notre corde sensible, nous devons bien l’avouer. Cheminement logique, nous retrouvons ici le tour par tour lors des combats, et encore une fois, ce n’est pas pour nous déplaire, d’autant plus qu’ils ont réussi à apporter un réel dynamisme (avis aux réfractaires) aux affrontements.
Ici pas de jauge ATB ou autre, c’est vraiment chacun son tour, à la nuance près que chaque adversaire pourra être mis dans un état de Faille, qui aura pour conséquence d’annuler son prochain tour d’action et d’augmenter les effets de nos attaques. Se faisant, grâce à la barre d’action située en haut de l’écran, vous pourrez voir à quel moment provoquer judicieusement une Faille pour annuler un voire plusieurs tours d’action de l’adversaire.
Les points faibles, une fois découverts, sont identifiables sur les ennemis, et cela peut tout aussi bien être une faiblesse aux épées, dagues, à la magies, etc. Ce point est très intéressant car on vous demandera de beaucoup varier vos attaques. Il ne sera pas possible d’effectuer à la chaîne l’attaque spéciale de votre héros pour infliger le maximum de dégâts. Cela vous implique beaucoup plus dans le combat, et évite les éternels spams de la touche X pour attaquer à la chaîne sans réfléchir.
Pour booster vos attaques vous pourrez cumuler jusqu’à 5 points (1 par tour) et utiliser ces points pour cumuler des attaques consécutives. Pour mettre les ennemis en état de Faille, il faudra frapper leur point faible un nombre de fois précis indiqué sur un logo bouclier à côté de leur nom.
C’est justement ce qui dynamisera beaucoup vos combat, aussi bien car vous pourrez facilement créer la Faille chez l’ennemi grâce à cela, mais aussi visuellement, car les effets, on le répète, sont vraiment superbement bien réussis. Après comme vous vous en doutez, chaque personnage de l’aventure possède ses propres caractéristiques, qu’il s’agisse de la Prêtresse, de la Chasseuse, ou encore du Chevalier. Leurs capacités individuelles étant vraiment très différentes les unes des autres, cela apporte une vraie richesse dans l’approche des combats, mais aussi dans la progression de l’aventure.
En effet, la communication avait été très axée sur ce point, mais vous verrez que chaque personnage a des capacités propres et utilisables en dehors des combats. Par exemple, la Prêtresse a le pouvoir de recruter des PNJ qui une fois avec nous peuvent être invoqués pendant un combat. La Chasseuse elle, est dotée d’un pouvoir se rapprochant de celui de la Prêtresse mais envers les animaux, qui pourront ensuite être appelés en combat pour prodiguer des effets de soutien, ou plus simplement attaquer.
Autre exemple, le Voleur a la capacité de voler n’importe quel PNJ et cela pourra s’avérer très lucratif, mais aussi intéressant en termes d’équipement que vous ne pourrez parfois trouver qu’en volant quelqu’un. Il y a des restrictions que vous découvrirez le moment venu, mais dans la globalité, tout ça est très bien amené, très bien mis en place et permet de créer une interaction avec les personnages non joueurs qu’habituellement, nous n’avons pas le courage d’approcher pour lire une pauvre ligne de texte souvent inintéressante sur la pluie et le beau temps.
Enfin, jeu à l’ancienne oblige, vous devez savoir que parfois les quêtes ne vous seront pas offertes sur un plateau d’argent, et il faudra user de vos méninges pour trouver l’objectif. Il n’y a pas de GPS pour vous guider, pas d’indication autre que ce que le PNJ veut bien vous donner (sauf exception), et cela vous renverra certainement au bon vieux temps d’un Final Fantasy VII par exemple, dont certaines quêtes vous demandaient de la recherche. Pour nous, cela est vraiment une qualité, mais nous comprendrions parfaitement que des joueurs habitués à la modernité des jeux et leur « facilité » actuelle, trouvent ce genre de mécaniques crispantes.
Cependant, il faut bien se le dire, en parlant d’hommage à Final Fantasy VI, les studios savaient très bien qu’ils ne faisaient pas un jeu pour tous, mais bien pour des fans, et c’est très bien qu’il soit encore possible en 2018 de faire des jeux qui ne s’adressent justement pas à tout le monde.
Octopath Traveler avait mis la barre très haut en évoquant Final Fantasy VI comme inspiration et il est vrai qu’avec ses nombreux personnages au background travaillé, et aux histoires très intéressantes, il y avait de la suite dans les idées. Malgré tout il ne parvient pas à égaler le roi, notamment à cause de sa trame narrative un peu trop saccadée. Chaque histoire est particulièrement intéressante, prenante, et nous avons toujours envie d’aller plus loin grâce à un scénario soigné et très étoffé, mais cela manque un peu de liant pour vraiment nous marquer au fer rouge. Après, si vous êtes amateur de J-RPG, on ne peut que vous conseiller de foncer les yeux fermés. Ne pas être à la hauteur d’un jeu mythique dont la nostalgie renforce l’aura, ne veut pas dire que le jeu est mauvais.
Au contraire, Octopath Traveler s’arme d’un gameplay riche et dynamique, d’histoires travaillées, de graphismes somptueux, de mécaniques d’antan enfin retrouvées, et d’une OST vraiment magnifique, faisant la part belle au côté fantasy de l’univers. En gardant le meilleur de l’époque, tout en intégrant des éléments plus modernes, Octopath Traveler nous fait voyager dans le temps, un pied dans le passé, l’autre bien ancré dans le présent.