Daedalic Entertainment nous concocte toujours de très bons jeux quel que soit leur thème, que ce soit Shadow Tactics: Blades of the Shogun, qui a mis à l’épreuve les talents de discrétion de notre Mercutio, ou Bounty Train, qui a fait rêver votre servante avec son train voyageant dans le Far West. Le dernier jeu du studio se rapproche davantage de Silence, point’n’click qui a transporté Craaazy Geek dans une belle aventure. Ken Follett’s Pillars of the Earth est ainsi un jeu narratif qui adapte l’histoire de la saga des Piliers de la Terre par Ken Follett en trois épisodes dont le premier, Book One: From the Ashes, est sorti tout récemment sur PC. Le deuxième épisode, Les Piliers de la Terre : Qui sème le vent, est sorti le 13 décembre dernier et nous a également beaucoup plu.
Ken Follett’s Pillars of the Earth – Le côté sombre des cathédrales
C’est un beau roman, c’est une belle histoire…
Il paraît que le livre sur lequel est fondé Ken Follett’s Pillars of the Earth parle de la construction d’une cathédrale et des histoires qui l’entourent. Eh bien, ce sera sans doute le cas dans les deux autres épisodes du jeu, mais ce premier « livre » se déroule bien avant qu’un quelconque projet de cathédrale soit monté dans le charmant triste village de Kingsbridge. On nous plonge plutôt dans des événements très différents, au départ complètement indépendants, qui forment peu à peu une histoire faite de trois chemins inextricablement entrelacés, ceux des trois personnages que nous suivons au cours de cet épisode.
Dans chacune des sept parties qui composent cet épisode (chaque partie dure entre une demi-heure et 2h), on suit donc l’un des trois hommes qui composent l’histoire (oui, que des hommes, alors qu’ils côtoient des femmes ou auraient pu en être une, mais on va dire que c’est la faute de ce cher Ken). Il y a d’abord Tom, le bâtisseur de cathédrale, qui se retrouve dans la forêt avec femme enceinte et enfants parce que, par fierté, il refusa un travail de simple maçon. Vient ensuite Philip, un moine prieur (responsable d’un prieuré) qui se retrouve pris bien malgré lui dans les intrigues du monastère de Kingsbridge. Enfin, il y a Jack, jeune fils d’une hors-la-loi qui vivait dans la forêt jusqu’à ce qu’une rencontre vienne chambouler son existence.
Ken Follett’s Pillars of the Earth est un véritable jeu narratif, avec à peu près autant de dialogues et de cinématiques que de moments où on a la main. Heureusement, les doublages sont bons, on peut passer les dialogues (mais parfois, quand on essaie de passer une phrase, les voix se coupent et la phrase suivante n’arrive qu’après une pause aussi longue que si les personnages avaient continué à parler) et les personnages secondaires sont assez bien creusés. Quant à l’histoire elle-même, si elle n’est pas remplie de rebondissements, elle a le mérite d’être complète et semble être raccord avec la réalité historique de l’époque. On se retrouve d’ailleurs, en tant que Philip le moine, au milieu d’un conflit pour la succession de Henri I, opposant Stéphane de Blois, neveu du Roi, et Robert de Gloucester, bâtard du Roi et voulant mettre sa sœur Maud sur le trône. Ce conflit nous poussera à prendre des décisions de plus en plus politiques : nouer une alliance avec cet abbé plutôt que ce duc, faire confiance à ce nobliau ou le dénoncer… on est projeté contre notre gré dans les chausses d’un intriguant, ce qui est plutôt bien joué puisque c’est exactement le même sentiment qui anime Philip, simple moine qui aime ses ouailles et n’a cure pour toutes ces machinations.
Plongée dans un Moyen-Âge dangereux et sombre
Il faudra pourtant faire attention et rester sur ses gardes au cours des dialogues, puisque des QTE (Quick Time Events) apparaissent régulièrement, nous demandant de choisir une réponse entre plusieurs possibles, le tout avec un temps de réflexion limité (20 secondes). Ne pas choisir de réponse équivaut à garder le silence, ce qui est considéré comme une façon comme les autres de communiquer et est parfois bien utile. Il arrive également qu’on nous donne le choix entre plusieurs répliques sans limitation de temps, ce qui arrive en général pour les affaires les plus complexes. Bien entendu, comme dans tout jeu de ce style, vos paroles et vos décisions influent sur la manière dont les personnages vous voient et comment ils se comporteront avec vous par la suite, même si les répercussions sont bien moins importantes que dans un Life is Strange par exemple : l’immense majorité des événements arrivera, quelle que soit votre décision. Ces QTE prennent parfois la forme d’un curseur qui se déplace et vous demande d’appuyer au bon moment, pour des activités physiques comme utiliser la fronde ou pour convaincre votre interlocuteur-trice.
Mais n’ayez crainte, si on parle beaucoup dialogues et complots pour l’instant, ce n’est pas tout ce qui est dans Pillars of the Earth ! Vous aurez ainsi souvent la main pour explorer les environs, qu’il s’agisse d’une portion de forêt ou de la cour d’une forteresse : en général, il faut trouver de quoi accomplir une certaine tâche qui fera avancer l’histoire. En explorant, vous trouverez des petites quêtes secondaires, qui vous feront gagner la confiance d’un personnage ou approfondir vos connaissances sur l’histoire qui se déroule sous vos yeux. C’est là que le léger aspect point’n’click se fait sentir : vous devez utiliser l’un des quelques objets amassés au cours de vos explorations avec la bonne personne ou le bon élément du décor pour avancer. Rien de bien compliqué, chaque objet ramassé trouve rapidement son utilité et tout est assez logique, et les réflexions que vous font chaque personnage devraient vous aiguiller suffisamment.
En parlant réflexions, le jeu propose un concept intéressant : en pointant sur chaque objet ou personnage avec lequel on peut interagir, on peut l’observer et faire apparaître les réflexions que se fait notre personnage à son égard. Ça ne va jamais très loin (par exemple en regardant son poney, Philip pense que c’est un bon animal, qui l’a servi longtemps et qui doit être fatigué depuis le temps). Rien qui nous aide vraiment dans notre aventure, mais cela montre le souci du détail des développeurs tout en nous donnant parfois des indices qui nous débloquent.
L’habit fait ici bien le moine
Niveau graphismes, le jeu est entièrement animé en 2D dans un style qui fait un peu BD et n’est clairement pas désagréable. Les animations des personnages auraient bien évidemment pu être meilleures (on ne voit parfois pas bouger les lèvres du locuteur), mais c’est un bien maigre détail et cela permet surtout à Ken Follett’s Pillars of the Earth de tourner sur des PC aux caractéristiques peu reluisantes (regard en coin de la rédactrice vers sa bécane surchauffée). Quant à la bande-son, elle n’a rien de remarquable mais elle accompagne agréablement le déroulement des événements, changeant en fonction de l’ambiance pour nous intégrer un peu plus dans l’histoire.
Enfin, bon point pour les aficionados de la manette, le jeu est jouable avec le contrôleur de votre choix : souris ou manette Xbox / PlayStation / Steam. Impossible de modifier la répartition des touches cependant, ce qui semblait une évidence pourtant. Il est difficile d’effectuer une comparaison effective des contrôleurs, tant souris que manette ont des répartitions de touches intéressantes et bien pensées qui rendent le jeu agréable. De son côté, votre très chère penche pour l’utilisation de la souris, qui permet d’avoir immédiatement les informations sur chaque objet sur lequel passe le pointeur de la souris. Avec la manette, il faut déplacer le personnage jusqu’à chaque point interactif pour avoir des informations à son sujet, ce qui prend bien plus de temps qu’un simple mouvement du pointeur (même si la manette a un bouton permettant de faire avancer le personnage plus vite, c’est tout de même le gros point négatif de cette manière de jouer).
Conclusion Ken Follett’s Pillars of the Earth
Avec ce nouveau titre, Daedalic Entertainment nous ouvre une fenêtre sur l’Angleterre du XIe siècle, son peuple et ses églises. Le jeu est très bien équilibré, laissant suffisamment la main pour qu’on ne s’ennuie pas et qu’on puisse influencer l’histoire, tout en offrant une place très importante à la narration. Avec ses personnages attachants et les enjeux qui s’accumulent, on ne peut que continuer à jouer à travers les chapitres de Ken Follett’s Pillars of the Earth comme on tournerait les pages du roman, et arrivé à la fin, en attendant la suite avec impatience, on se prend à rejouer l’histoire pour explorer les différentes voies qu’on aurait pu prendre.