Si le genre simulation est toujours monopolisé par les mêmes protagonistes sur consoles, à savoir Gran Turismo et Forza, le genre arcade, lui, est beaucoup plus ouvert, attendant que de nouveaux challengers entrent sur la piste. Et pour le coup, faute de pouvoir assister à un retour en force de la série Burnout par exemple, ou de voir débarquer de nouveaux cadors, c’est Codemasters qui rempile avec sa série GRID, qui avait été délaissée pendant un bon moment.
Dans le lot des revivals de 2019 nous avons eu le très bon Wreckfest qui signait le retour de l’équipe derrière la série FlatOut, et GRID mine de rien, même s’il ne propose pas le même style de courses, se positionne sur un marché plus ou moins similaire avec un prix de 49.99 euros, et marquant le retour de l’arcade automobile comme on l’adorait il y a de ça 10 ans ! Alors, retour en trombe, ou serrage du moteur pour GRID ?
(Test de GRID réalisé sur PlayStation 4 Pro à partir d’une version fournie par l’éditeur)
GRID aurait mérité un gros surplus d’ambition
Quel plaisir que de retrouver enfin la série GRID, une série que nous avions un peu oubliée, mais dont l’évocation continue malgré tout de faire vrombir nos coeurs, en se remémorant les premiers épisodes. Malheureusement le problème avec le souvenir d’un bon moment passé, c’est qu’il n’est qu’un vecteur de plaisir parmi d’autres, et dans le cas de GRID, il allait falloir mettre les bouchées doubles pour nous combler, en proposant une formule adaptée à l’époque actuelle.
Vous allez le voir, GRID a des carences certaines, mais s’il y a bien un point sur lequel il n’est pas attaquable, c’est sur ses graphismes. Habituellement, un jeu de ce genre, proposé pour un prix « réduit », n’arrive pas vraiment à se hisser à la hauteur des standards actuels, mais il faut bien avouer que le titre de Codemasters possède une plastique plutôt enthousiasmante. Malgré tout, nous devons tout de même le souligner, nous avons joué sur PlayStation 4 Pro, avec un écran 4K HDR, ce qui a bien entendu participé à améliorer de manière significative la qualité visuelle du jeu.
Dans cette configuration GRID est assez fin, pas trop d’aliasing à noter, et la fluidité est au rendez-vous avec un 60 fps quasiment constant. Mais là où le jeu nous a le plus marqué c’est sur ses effets de lumière permettant de parfaitement gérer les ambiances en fonction de l’heure de la course, mais aussi du lieu. Cela participe alors à ce que l’on ressente une vraie différence d’atmosphère entre chaque circuit.
Et côté collisions les dégâts sont vraiment, mais alors vraiment très bien gérés. Nous ne sommes pas au niveau de dislocation d’un Wreckfest, et c’est bien normal, mais visuellement les dommages causés nous ont impressionné, laissant pour le coup Forza et GT Sport loin derrière. Et ce souci de l’esthétisme en ce qui concerne l’usure de la carrosserie participe grandement au plaisir de jeu, mais nous y reviendrons plus après.
Une carrière réduite à son plus simple appareil
Le gros hic dans GRID c’est qu’il manque cruellement d’ambition. Oui le jeu est plutôt joli, bien fignolé, mais vous en aurez très rapidement fait le tour, si bien entendu vous avez le courage d’enchaîner toutes les courses du mode carrière, qui n’en a que le nom. C’est exactement le même défaut que l’on reprochait à Wreckfest, sauf que ce dernier avait une vraie personnalité qui ressortait dans la diversité et l’originalité de ses modes de jeu un peu barrés.
Dans GRID on se retrouve simplement avec 6 catégories comprenant chacune une petite quinzaine de courses à réaliser sans aucune mise en scène, et pour un jeu d’arcade en 2019 ça fait un peu léger, d’autant plus que pour l’instant seulement 13 pistes différentes sont présentes.
Les courses sont cependant loin d’être ennuyeuses et cela est notamment dû au système de rivalité en course. L’IA au demeurant n’a rien d’exceptionnelle dans son ensemble, mais lorsque vous tapez un peu trop fort un autre concourant, ce dernier deviendra votre némésis le temps d’une course et cherchera dès que l’occasion se présentera à vous malmener comme il se doit à coup de pare-choc. Et si l’agressivité outrancière est plutôt dérangeante dans une simulation, dans un jeu d’arcade, cela participe totalement à l’aspect grisant du soft. Nous avons donc été nombre de fois malmené par l’IA, mais toujours avec le sourire et l’envie de lui renvoyer l’ascenseur.
Là où il y avait du potentiel, mais qui a été mal exploité cependant, c’est dans le système de coopération au sein de notre écurie. Sur chaque course le but est bien entendu de gagner, mais vous ne serez pas seul sur la piste. En effet un collègue de la même écurie pourra vous aider au moyen d’indications à envoyer via la croix directionnelle, comme par exemple lui demander de tenter de saper les attaques de votre rival du moment. Mais l’intérêt réel de cet élément de gameplay n’a finalement que trop peu d’impact, et malgré le fait que l’on puisse recruter de meilleurs coéquipiers contre une plus grosse part de vos gains à la fin d’une course, cela ne change pas vraiment la donne.
On avait déjà vu que seulement 13 pistes étaient présentes, et en ce qui concerne les bolides, c’est aussi un peu léger avec une soixantaine de modèles, qui sont certes très variés et intéressants, mais au total on aurait tout de même aimé avoir un peu plus de choix. Peu de personnalisation à l’ordre du jour également, avec juste une panoplie de livrées pas vraiment très inspirées pour la plupart. Même pour un jeu se voulant résolument arcade, un petit effort dans l’aspect customisation aurait été plaisant, que ce soit esthétique ou même moteur à la façon d’un Forza Horizon, pour booster une bagnole qu’on aime plutôt que de sans arrêt devoir en acheter des plus puissantes.
Heureusement cependant, le plaisir de la conduite arcade ne manque pas à l’appel, offrant un vrai pilotage tout en glisse et une belle palette de modulation des sensations via les réglages de la voiture (ABS, stabilité, etc.). Et cela sans compter sur une gestion visuelle des dégâts vraiment superbe rendant le jeu très impressionnant lors des collisions, et dans GRID autant vous dire que ça tape souvent très fort. Éclats de carrosserie qui volent, par-choc troué, perte d’éléments tel que le capot, vous verrez, ils n’ont pas lésiné sur le côté spectaculaire pour nous charmer.
Enfin, le mode multijoueur reste anecdotique, et contentera surement les plus acharnés qui voudraient poursuivre l’expérience. Mais en ce qui nous concerne, le multijoueur est trop peu attrayant pour nous captiver sur le long terme. Et c’est dommage car en 2019, une époque où les joueurs en veulent toujours plus, bien travailler sa partie multijoueur est primordial, surtout dans un jeu où l’aspect online semble être une évidence.
Le retour de la série GRID était la promesse d’un moment réjouissant, mais quelques petits bémols ont rendu les retrouvailles malheureusement un peu fades sur le long terme. Dans les premiers instants le nouveau jeu de Codemasters s’est révélé très agréable, avec de bonnes sensations, une IA pas mauvaise du tout, et un rendu graphique très séduisant.
Cependant, sa belle carrosserie n’a pas réussi à masquer la faiblesse de son moteur très longtemps. GRID manque ici clairement d’ambition, même pour un jeu d’arcade pure, et avec un contenu chiche à tous les niveaux, une feature d’écurie sous exploitée, ainsi qu’une carrière insipide, il ne parvient pas à convaincre complètement. En espérant que ces bonnes bases facilitent l’arrivée d’un prochain opus à la hauteur de nos attentes cette-fois.