Attendu avec impatience par les joueurs PC, Final Fantasy VII: Rebirth débarque enfin sur nos machines de bourgeois – ou nos vieilles configs toussotantes, au choix – après avoir marqué l’année 2024 de la PS5. Square Enix ayant récemment promis ne plus vouloir faire d’exclusivité cette attente était donc peut-être la dernière concernant leurs portages PC.
Le contenu de cette version est, lui, identique en tous points à la version PS5, qui a déjà reçu une critique sur notre site. Nous ne reviendrons pas dessus ici. C’est donc parti pour continuer l’épopée de notre écoterroriste antipathique préféré, dans un écrin technique qui n’étonnera pas les joueurs PC du premier opus. Pour les autres, tout n’est pas reluisant, malheureusement.
(Test de Final Fantasy VII: Rebirth réalisé sur PC à partir d’une version fournie par l’éditeur)
C’est donc ça, la misère ?
Nous avons affaire à un beau bézo de 153 Go une fois installé sur notre SSD. Le test a été réalisé sur la configuration suivante : un moniteur 1440p G-Sync, une RTX 2080 avec 8 Go de VRAM, un Ryzen 3700X et 16 Go de RAM cadencée à 3600 MHz.
Avant d’attaquer les options graphiques que nous propose le menu approprié, remercions Square Enix de ne pas nous avoir infligé le fameux DRM Denuvo, connu pour avoir un impact plus ou moins significatif sur les performances. Notons aussi la baisse de prix de ce portage à 69,99 € par rapport aux 79,99 € de Final Fantasy VII: Remake.
Mettons les mains dans le cambouis avec les réglages, et comme d’habitude avec les Japonais, c’est pauvre, très pauvre. Square Enix fait un léger effort par rapport à son prédécesseur, mais on est encore loin des standards actuels. Impossible, par exemple, d’ajuster finement les ombres, la lumière ou l’anti-aliasing comme à nos habitudes.
Le plus frustrant reste cependant la gestion du super sampling. Si les possesseurs de cartes Nvidia ont accès au DLSS, son implémentation est un modèle précis de ce qu’il ne faut pas faire. Plutôt que d’offrir un menu classique avec des modes préconfigurés (Qualité, Équilibré, Performance), comme la terre entière, Square Enix a jugé bon de le cacher derrière le réglage de « résolution dynamique ». En clair, pour activer le DLSS, il faut définir manuellement un pourcentage identique entre la résolution minimale et maximale : 66 % pour le mode Qualité, 50 % pour Performance, etc.
Une gymnastique inutile qui complique l’expérience. Et si vous activez simplement le DLSS en tant que méthode d’anti-aliasing ? Surprise, ce n’est pas du DLSS, mais du DLAA, une autre technologie gourmande en ressources qui demande un GPU haut de gamme pour être utilisée efficacement.
Les joueurs AMD et Intel, eux, n’ont même pas droit à cette prise de tête. Pas de FSR ni de XeSS, uniquement du TAA (Temporal Anti-Aliasing) et sa version upscalée, qui reste loin d’être idéale. Le TAA, s’il n’est pas utilisé à 100 % dans les deux réglages de résolution dynamique, rend l’image extrêmement floue. La communauté des moddeurs a néanmoins déjà réagi en proposant des solutions pour intégrer les technologies d’AMD et d’Intel.
Final Fantasy VII: Rebirth ne propose aussi aucun support pour les écrans 21:9 et 32:9. Quant au framerate, il est limité à 120 fps, sans possibilité d’aller au-delà dans les options. Petit plaisir tout de même : les cinématiques ont un framerate débloqué.
Seul point positif, l’option permettant de modifier le LOD (Level Of Details), qui atténue le pop-in agressif des décors en repoussant les transitions de niveau de détail plus loin. Mais attention, 8 Go de VRAM sur la carte graphique ne suffisent pas à pousser le curseur au maximum, sous peine de perdre en fluidité. Les temps ont bien changé, ma bonne dame !
Stuttering un jour, stuterring toujours
Problème dramatique du premier épisode : le fameux stuttering. Final Fantasy VII: Rebirth ne fait pas exception, et même s’il s’en sort un peu mieux que son prédécesseur, il traîne encore ce problème récurrent qui peut rapidement gâcher l’expérience. Une véritable épine dans le pied, plus ou moins habituelle dans certaines productions tournant sous Unreal Engine 4, mais rarement autant qu’ici.
Concrètement, le stuttering se manifeste par des micro-ralentissements causés par des variations soudaines dans le temps d’affichage des images. En théorie, à 60 FPS, chaque image doit être affichée toutes les 16,67 ms. Mais lorsque ce délai varie trop, cela engendre une sensation de saccade, parfois imperceptible, souvent franchement agaçante. Dans le cas de ce portage, deux causes principales sont à blâmer : la compilation des shaders et la gestion des ressources VRAM.
D’un côté, le jeu réalise bien une précompilation des shaders au premier lancement, mais elle est visiblement loin d’être exhaustive. Résultat, lors des premières heures de jeu, on se retrouve avec des micro-ralentissements à chaque nouvel effet ou environnement rencontré.
Ce problème est surtout visible sur les CPU milieu et entrée de gamme, qui souffrent davantage de ces micro-ralentissements. Sur une machine haut de gamme, le phénomène est moins marqué, surtout si l’on limite le jeu à 60 FPS, mais il reste présent et n’aurait pas lieu d’être si l’optimisation avait été mieux pensée. Si vous êtes un esthète de la fluidité (ou un ingénieur froid et sans cœur, si vous préférez), vos yeux saigneront comme rarement. Final Fantasy VII: Rebirth sur PC reste victime d’un problème qui aurait dû être anticipé et corrigé en amont, et cela restera sans doute à jamais en l’état.
Mais heureusement, nos super moddeurs sont là pour limiter la casse, et il est même indispensable de passer par là pour avoir une expérience satisfaisante à nos yeux. Certains vous permettront de débloquer la console de développement en jeu et d’avoir un fichier INI pour modifier des variables d’options graphiques beaucoup plus en profondeur. Certains fichiers INI optimisés sont disponibles en ligne et permettent d’améliorer nettement les problèmes de fluidité, mais aussi de stuttering et de flou qui sont ressentis.
Final Fantasy VII: Rebirth arrive sur PC avec une gestion des paramètres graphiques laborieuse et un support des technologies récentes largement insuffisant. Entre les limitations absurdes, l’absence de support natif pour de nombreuses fonctionnalités modernes et le fait que la communauté fasse un meilleur boulot que Square Enix lui-même, ce portage est définitivement raté et en résulte une expérience frustrante.
Malgré tout, il reste possible d’obtenir une expérience (très relativement) stable en allant bidouiller certains paramètres. En l’état, ce portage PC s’adresse avant tout aux joueurs les plus patients, prêts à tolérer ces imperfections pour profiter de l’une des aventures les plus marquantes de ces dernières années. Un exercice de remake gargantuesque qui, pour l’instant, rappelons-le, est effectué avec maestria, et d’une ambition qui ne se reverra probablement plus jamais dans l’industrie.