Si la Switch avait Arms, jeu d’affrontement en multijoueur qui tirait partie des spécificités de la console, la Switch 2 a désormais son équivalent avec Drag X Drive qui, lui, utilise à fond l’innovant mode souris des nouveaux Joy-Cons. Mais ce jeu de basket-fauteuil, évidemment exclusif à la Switch 2, est-il une belle démo technique, ou un vrai jeu multijoueur promis à un bel avenir, avec pourquoi pas une scène esport ?
(Test de Drag X Drive sur Switch 2 réalisé via une copie du jeu fournie par l’éditeur)
Handi Crush
Belle idée qu’a eu Nintendo, qui développe et édite Drag X Drive, que de mettre en lumière le basket fauteuil. Surtout de la manière qu’il le fait ici. Le handisport est parfois regardé avec un peu de condescendance et moins considéré que le sport pratiqué par les personnes valides. Or, dans Drag X Drive, on fait du basket fauteuil, mais pas comme un handisport : simplement comme un sport.
D’ailleurs, on ne sait pas tout à fait si les personnages sur le terrain sont des personnes en situation de handicap, ou même des humains en fauteuil (porteur de handicap ou non), ou des robots se déplaçant sur deux roues à la manière d’une personne se déplaçant en fauteuil. Certains y verront d’ailleurs peut-être un rendez-vous manqué avec l’opportunité de mettre au premier plan des personnes peu représentées dans le jeu vidéo. Une mise en place qui en tous les cas permet une certaine normalisation de cette discipline, ici revue et corrigée avec une pointe de science-fiction.
Nintendosthéo
Quand la Wii est sortie, démocratisant le principe du motion gaming, qui consiste à contrôler un jeu vidéo non pas via une manette, mais avec des gestes et des mouvements, les médecins ont vu apparaître de nouvelles pathologies, les « Wiitites », des tendinites dues à une pratique importante des jeux sur Nintendo Wii. L’éventuel succès du jeu de basket fauteuil pourrait-il provoquer un retour du phénomène ? C’est qu’une partie de Drag X Drive est physique !
Les contrôles sont aussi naturels qu’immersifs : pour déplacer son fauteuil, on fait glisser les Joy-Cons en mode souris de l’arrière vers l’avant, comme on pousserait les roues d’un fauteuil roulant. Ce peut être fait sur un support (table…), mais pour pousser l’immersion, on peut le faire sur les cuisses, ou même si la surface et l’espace le permettent, de chaque côté du corps, sur le canapé par exemple.
On tourne à gauche ou a droite en ne faisant glisser qu’un seul Joy-Con, et on tire en simulant un tir de de basketball : en levant un ou deux bras, puis en faisant un petit mouvement sec en cassant le poignet. C’est la position du fauteuil face au panier (ou non) qui décidera si le point rentre (on non).
Les seuls contrôles traditionnels se trouvent au niveau des freins, qui sont sur les boutons ZL et ZR (on en actionne un seul pour déraper dans une direction ou dans l’autre, et les deux en même temps pour s’arrêter), et pour la passe, qui s’effectue en pressant simultanément les bouton L et R. On est ainsi toujours en mouvement, et les parties peuvent se révéler vite épuisantes.
Basket League
Une comparaison revient souvent : Rocket League. Il est vrai que Drag X Drive a pu piquer deux ou trois idées au jeu de foot revisité d’Epic Games. Les parties se jouent à trois contre trois, et sont aussi nerveuses. Pour s’assurer que le rythme d’un match ne retombe jamais, Nintendo a imposé une possession de balle limitée à 14 secondes. Si aucun tir n’a été effectué dans cet intervalle de temps, la balle passe à l’équipe adverse. Les échanges sont donc permanents durant les trois petites minutes que durent les matchs.
Parmi les autres éléments inspirés de Rocket League, on trouve d’abord le stade situé dans un sorte de « half pipe », permettant de réaliser des sauts, des 180° et des dunks, mais aussi son côté néons et fluo, quand même un peu moins chatoyant ici, notamment à cause du vignettage, mais qui va bien à la thématique science-fiction du jeu, puisqu’on y contrôle des robots. Les robots eux, ont un look proche des robots du fabricant de jouets WowWee, créateur du fameux Robosapiens… qui avait d’ailleurs mis sur le marché un robot se déplaçant sur deux roues dès 2014 ! Une option de personnalisation existe, mais est au service minimum.
Nintendo apporte quand même quelques petits plus aux « simples » matchs de baskets, en proposant, entre deux parties, des compétitions sur des mini-jeux. Un mode « libre » est aussi disponible, qui permet de s’exercer au pilotage du fauteuil dans des environnements proposant différents challenges.
Git Gud
Et de l’exercice, il en faudra pour commencer à mettre quelques paniers. Entre jeu de sport et sport tout court, Drag X Drive ne choisit pas et comme dans toutes activités sportives, c’est le travail et l’entrainement qui permettront d’accéder à un véritable contrôle en finesse du fauteuil. Le joueur un tant soit peu habitué gagnera ainsi une capacité à faire des mouvements rapides pour des virages à 90 ou 180°, nécessaires pour piquer la balle à l’adversaire ou pour éviter qu’on ne nous la prenne, mais aussi toute une palette de mouvements spéciaux, du saut au dunk.
De notre place de grand débutant, par exemple, il nous est régulièrement arrivé que notre robot apparaisse comme « boiteux » tournant l’une des roues plus qu’il ne le faut (et virant ainsi dans la direction concernée), ou pas assez (avec le même résultat). On aura vite fait eu de critiquer l’imprécision des contrôles quand, soyons honnêtes, c’est surtout l’imprécision de nos mouvements qui était en cause.
S’il faut critiquer quelques aspects techniques du jeu, ce sera plus au niveau de la stabilité des serveurs (on est chez Nintendo) : des pertes de signal ont pu nous faire sortir en plein match (alors que notre connexion internet fonctionnait très bien par ailleurs), ou du côté du matchmaking. Si les matchs se jouent à trois contre trois, nous n’avions pas toujours suffisamment de joueurs disponibles en même temps que nous pour lancer des parties. Heureusement, une option permet de « jouer le plus possible », quitte à ne pas jouer à trois, mais à deux contre deux.
Plus amusant qu’on ne l’aurait imaginé, Drag X Drive risque tout de même de souffrir de sa construction hyper nerveuse : des matchs très courts pour des sessions très courtes, et finalement, un jeu qui risque de voir moins d’investissement que son « modèle » Rocket League.
Drag X Drive est typiquement ce jeu « démo technique » qu’on montrera à un copain pour lui présenter la Switch 2 et son mode souris, ou que Nintendo mettra sur ses bornes rouges dans les conventions comme la PGW : l’idée est géniale, la technique fonctionne bien, c’est assez impressionnant sur le coup, mais la proposition de gameplay assez limitée nous fera vite passer à autre chose.