Non, Square Enix ne fait pas que des remasters ou remakes de ses licences passées. Fruit de la collaboration entre l’éditeur japonais et Lancarse (à qui l’on doit quelques jeux fort sympathiques comme Etrian Odyssey ou Lost Dimension), The Diofield Chronicle tente une ambitieuse percée dans le petit monde des Tactical RPG (ou T-RPG pour les intimes). Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’on lui a réservé un accueil plutôt enthousiaste, Triangle Strategy (du même genre) sorti plus tôt en 2022 nous avait conquis. Alors, pourquoi pas lui ?
Malheureusement, on a vite déchanté. Et même si The Diofield Chronicle affiche des bases plus que solides, ce dernier arrive seulement à effleurer son objectif pour se vautrer sur le terrain de la facilité et du vite-fait. Laissez-nous vous guider à travers le champ de bataille.
(Test du jeu The Diofield Chronicle réalisée sur PS5 via un code fourni par l’éditeur)
Conseil de guerre
Les premières minutes d’un jeu dit Tactical sont toujours déterminantes, car il faut bien apprendre toutes les mécaniques de gameplay pour venir à bout des nombreuses missions à venir. Allons-nous nous noyer dans une mer d’options et d’explications en tous genres ? Devons-nous prendre note afin d’optimiser nos chances de réussite ? Quelles sont les caractéristiques principales à prendre en compte ? Dans The Diofield Chronicle, vous pouvez souffler. Le jeu a clairement opté pour l’accessibilité au plus grand nombre avec un mélange de tactique et d’action. Il suffira du tutoriel (la première mission) pour faire le tour des maigres possibilités stratégiques offertes, un parti pris assumé de bout en bout qui a le mérite de se focaliser sur l’essentiel : les combats.
Une carte, jusqu’à quatre héros disponibles, des troupes ennemies à foison, voilà à peu près tout ce qu’il faut savoir d’un niveau dans The Diofield Chronicle. Les combats se passent en temps réel (avec la possibilité d’accélérer le temps), et vous donnez des ordres à vos personnages (déplacement, attaque et défense) avec (et c’est là tout l’intérêt du jeu) des compétences à activer sur le champ de bataille. Magie, attaque de zone, attaque à distance… Il faudra adapter son approche en fonction de la situation. L’issue de la bataille se joue sur ces capacités, infligeant moult dommages et altérations à vos adversaires.
La première poignée d’escarmouches se passe, et l’on attend de nouveaux éléments venant nourrir le gameplay, mais rien n’arrive. Celui-ci reste identique sans aucune nouveauté en cours de route. Pire encore, on se demande à quoi peuvent bien servir certaines mécaniques existantes.
Prenons par exemple la jauge de moral. Dans un T-RPG, le moral est à prendre en compte avant d’envoyer ses troupes. Ici, oui, une jauge existe, mais c’est de la poudre aux yeux, car celle-ci n’apporte rien et ne viendra en aucun cas influencer vos décisions stratégiques. En réalité, on est plus sur un Action-RPG que sur un Tactical-RPG, et c’est loin d’être un problème dans la mesure où c’est bien réalisé. Et on insiste bien sur cette condition…
Le dessous des cartes
Maintenant qu’on maîtrise toutes les mécaniques en combat, on fait quoi ? Pas grand-chose et l’ennui se fait, par conséquent, vite sentir. Les missions se ressemblent toutes sans exception : occire toutes les troupes adverses. Ils n’ont même pas pris le temps de varier les objectifs secondaires : terminer la mission avant un chrono imparti et ouvrir un pauvre coffre perdu sur la carte… plus fainéant, tu meurs. On pointe ici la lacune principale de The Diofield Chronicle : sa paresse dans tout ce qu’il propose. Le contenu est creux, tout est juste effleuré sans aucun effort pour varier un tant soit peu les situations.
Le scénario n’est pas en reste et brasse, en à peine une vingtaine d’heures, tous les clichés liés à une guerre de royaumes. On vous épargnera ses détails vu sa pauvreté, alors retenez simplement que des nations sont en guerre avec tout que cela implique (alliance, trahison…). Néanmoins, The Diofield Chronicle affiche un effort notable quant à sa narration avec des briefings de mission dynamiques et une vue bienvenue sur la carte du monde. Une vision façon géopolitique donnant du corps au conflit, c’est l’unique tentative un poil ambitieuse à relever.
Entre les combats, vous pourrez acheter vos ressources et améliorer votre équipement via votre quartier général. Vous trouverez également vos alliés avec des quêtes optionnelles à proposer. Ne passons par quatre chemins : tout est surfacique, tout transpire le vite-fait mal-fait avec des lignes de dialogue dignes d’un enfant de dix ans qui parle de la guerre : « C’est pas nous les méchants, c’est eux ! ». C’est déplorable et on aura très vite intérêt à passer rapidement les échanges entre les protagonistes pour éviter bien des soupirs.
La bataille s’achève et il est temps de retirer les cadavres… enfin, le cadavre. The Diofield Chronicle disposait d’une proposition initiale honnête : rendre le genre T-RPG plus accessible à une nouvelle audience. Malheureusement, le titre se contente du strict minimum et ne fait qu’effleurer ses possibilités, et même si les combats sont loin d’être mauvais, la redondance finit par nous assommer après seulement une poignée d’heures. C’est trop creux pour durer.
The Diofield Chronicle a manifestement confondu accessibilité et facilité. Dommage. Il faudra se tourner vers Tactics Ogre: Reborn pour avoir sa bonne dose de stratégie. Oui, encore un remaster. Décidément, Square Enix…