Bloodborne ! La plus grosse exclusivité PlayStation 4 de ce début d’année est enfin là et n’a pas attendu de sortir pour faire parler d’elle sur les internets. Digne héritier de la saga des Souls initiée sur la précédente console de Sony avec un certain Demon’s Souls en 2010, Bloodborne change d’univers mais ne rompt pas avec les racines des titres made in From Software. Acclamé par la critique avant même sa sortie, le nouveau bébé du studio japonais s’annonçait déjà comme le jeu incontournable de ce début d’année.
Mais avant de débuter, une petite précision s’impose. Je n’ai jamais joué à un jeu de la série des Souls auparavant, et mon appréciation de la difficulté sera donc basée sur cette première expérience. Nombreux vont être ceux qui souhaitent s’essayer à cet épisode alors qu’il n’ont pas joué aux précédents opus du studio, alors si vous faites partie de cette catégorie de personne, vous apprécierez certainement mon avis plus « objectif ». Maintenant que tout est dit, j’espère que vous êtes prêt, car nous pénétrons dès à présent dans l’antre des enfers et de la folie !
La nuit du chasseur
Très chers chasseurs, bienvenue dans la charmante et pittoresque ville de Yharnam ! Une ville dans laquelle il fait bon vivre, tout du moins si vous êtes armés jusqu’aux dents et que vous n’avez pas peur d’être confrontés à vos peurs les plus viscérales. Dans un style victorien très soigné, Bloodborne tranche en effet avec les anciens jeux de la saga des Souls de par le fait qu’il nous plonge dans un univers totalement différent. Nous verrons cependant que si l’univers change, les bases du jeu restent les mêmes.
En attendant, attardons-nous un peu sur le contexte de notre aventure. Nous démarrons dans la peau d’un chasseur de passage, un étranger qu’on n’hésitera pas à conspuer et à rejeter dès que l’occasion se présentera. Mais sachez qu’il s’agit de la rançon de la gloire, car si notre but n’est pas clairement défini au milieu de cette ville ravagée par la maladie et les monstres, il se pourrait bien que notre destin nous pousse à ramener l’ordre au milieu de cette folie monstrueuse qui rôde à chaque coin de rue.
Graphiquement, Bloodborne reste dans la veine des précédents jeux de From Software, à savoir qu’il ne s’agit clairement pas de la claque qui mettra tout le monde d’accord. On retrouve de l’aliasing, peu, mais il y en a. On se trouve confronté à des ralentissements de façon régulière, ce qui est d’autant plus frustrant qu’il n’y a pas de réelle raison apparente.
Heureusement la plaisir de jeu ne s’en voit pas diminué pour autant, surtout que cet aspect un peu limite qui ne devrait plus exister sur nos consoles actuelles se voit rapidement éclipsé par une direction artistique de folie. C’est sur ce point que le travail effectué ne mérite absolument aucun reproche tant l’ambiance dans laquelle nous plongeons s’avère crédible et immersive. Les décors fourmillent de détails, les éclairages sont parfaitement dosés, et cette architecture victorienne fendant le ciel de ses toits élancés nous laisse tout simplement admiratif.
On ne perd par les bonnes habitudes
S’il y a bien une chose qui n’a pas vraiment évolué dans Bloodborne c’est son principe et ses mécaniques de base. On retrouve donc énormément de choses héritées du passé, à commencer par le système d’âmes que l’on appelle désormais les « échos de sang » et qui sont notre monnaie, utilisable dans le « rêve du chasseur », qui n’est autre que le hub ou l’on peut se rendre afin d’avoir accès à tout ce dont nous avons besoin (portails, achats, ventes, améliorations…). Chaque mort entraînera alors la perte de nos « échos de sang » qu’il sera possible de récupérer en se rendant sur le lieu de notre trépas ou en tuant l’ennemi responsable de notre mort.
Cependant, une seconde mort avant de retrouver ses fameux « échos » et ils seront perdus à jamais. Le hub nous propose d’améliorer nos armes au moyen de joyaux augmentant les caractéristiques, mais aussi d’augmenter plus simplement leur puissance en les renforçant contre certains items. Certaines armes et équipements seront trouvables en cours de jeu, mais point de panique car si vous les ratez, il sera possible pour la majorité de les acheter par la suite dans « le rêve du chasseur ».
Les « checkpoints » débloqués seront naturellement accessibles directement depuis ce lieu, ce qui est aussi le cas pour les donjons Calice dont nous reparlerons un peu plus tard. L’humanité laisse ici place à la lucidité, ce sont des points que l’on récupère au cours du jeu de différentes manières comme en tuant des boss, et qui servent à appeler d’autres chasseurs à la rescousse ou à débloquer certains éléments en fonction du nombre de points accumulés.
Dernière chose qui n’est pas des moindres, la mort reste à nouveau omniprésente et la moindre petite faute d’inattention pourra être à l’origine d’une mort atroce et douloureuse. Paix aux âmes des manettes qui ont déjà dû exploser sur le sol après une montée de rage incontrôlée.
I’m not in danger, i’m the danger !
Eh oui, la mort est un événement naturel et redondant dans Bloodborne, puisqu’il sera même parfois obligatoire de mourir dans certains affrontements afin de bien analyser un boss et tous les mouvements qu’il est capable d’effectuer. Alors parlons tout de suite des choses qui fâchent car c’est un peu le sujet polémique du moment. Les temps de chargements entre chaque mort sont assez longs. Pour vous donner un ordre d’idée, vous aurez entre 30 et 45 secondes d’attente avant de repartir de plus belle. Au début l’on se dit que ce n’est pas si long, et plus on progresse, plus les morts sont récurrentes, et plus on subit les chargements. Une mise à jour devrait arriver pour corriger cela, mais en attendant, c’est un point de détail assez énervant.
Bloodborne n’est certainement pas un jeu ou l’on fonce dans le tas, il vous faudra user de finesse parfois, mais l’accent est tout même bien mis sur l’offensive. En effet, le bouclier étant pratiquement tombé aux oubliettes, le jeu nous pousse vers un dynamisme exacerbé. On est bien plus mobile et bien plus réactif que dans les Souls, rendant le jeu plus attractif pour les novices. Une des nouveauté vient du fait que lorsque l’on est blessé par un ennemi, nous avons un court laps de temps pour regagner de la vie en frappant notre adversaire. Cet élément encourage donc à rester vif afin de saisir chaque occasion qui s’offre à nous pour déchirer les chaires. Les commandes restent ici globalement les mêmes, à savoir les gâchettes droites pour la main droite (armes blanches) et gâchettes gauches pour la main gauche (torches, armes à feu).
Les items sont quant à eux accessibles avec la croix directionnelle et le ciblage des cibles s’effectue avec R3. Et d’ailleurs parlons-en du ciblage car il fait parti des mauvaises casseroles que se trimbale Bloodborne puisque la caméra fait parfois n’importe quoi, il arrive qu’on ne puisse pas cibler, qu’on perde le ciblage ou même que la caméra face un 180° désagréable lors des combats en milieu étriqué. Sachant qu’on s’en accommode parfaitement et on prend les bonnes habitudes pour que tout se passe le mieux possible, mais espérons qu’ils corrigeront un jour ce phénomène désagréable. On retrouve donc un système de combat plus accessible dans un sens, mais qui devrait demander un temps d’adaptation pour les habitués de la lourdeur des Souls. Les combats demandent de l’attention, de la concentration, on est sans cesse sous pression, rendant les affrontements de boss totalement épiques, et la victoire plus agréable et salvatrice que jamais.
Quid des donjons Calice ?
L’une des grandes nouveautés, et surtout l’une des grandes promesses du titre, était de pouvoir accéder aux donjons Calice, ces endroits sous-terrains générés de façon aléatoire regorgeant de défis pour tout bon chasseur qui se respecte. Alors on va commencer par le négatif. Le problème de ces donjons générés aléatoirement, c’est qu’ils ne sont pas le fruit d’une réflexion aussi intense que le reste du jeu, qui lui, est un monument de game-design. On est donc cloisonné dans des zones où l’objectif est de vaincre les boss des différents niveaux du donjon. Il faudra alors vider un compartiment pour accéder à un mécanisme qui ouvre la porte menant au boss et ainsi de suite.
Seul, il est clair que l’expérience n’est pas spécialement motivante et que beaucoup passeront leur tour. Mais le positif c’est de pouvoir les faire en coopération, et tout de suite l’intérêt remonte en flèche, puisque dégommer du boss à la chaîne avec un partenaire chasseur reste plutôt jouissif quel que soit le contexte.
Une impression en demi-teinte donc pour ces donjons qui restent une très bonne idée sur le papier, mais qui manquent d’originalité dans la réalisation. Malgré tout, cela reste un bon moyen de prolonger la durée de vie du titre pour les chasseurs les plus avides et qui voudraient continuer d’explorer le tréfonds des ténèbres dont regorge Bloodborne. D’autant plus que le bestiaire varié est tout aussi incroyable, généreux et horrifique que dans l’aventure principale, et c’est un point à souligner très fermement.
Bloodborne est une incroyable découverte qu’on conseille à tous les joueurs n’ayant pas peur de la difficulté. En effet, le jeu est difficile, mais rien d’insurmontable quand on s’arme d’un peu de patience et de concentration. L’expérience livrée par From Software est absolument sensationnelle, ils ont réussi à trouver le parfait compromis entre l’accessibilité et la difficulté qui a fait leur renommée.
On se trouve donc dans un parfait équilibre, la mort est récurrente mais jamais réellement frustrante, et on passe plus de temps à pester contre ses propres capacités, plutôt que contre le jeu lui-même. Ses défauts ne sont pas à négliger, en particulier en ce qui concerne les ralentissements et les petits soucis de ciblage, mais rien de rédhibitoire, le génie de son game-design, sa fabuleuse atmosphère, et ses affrontements épiques prenant le pas sur ces petits désagréments.
Si la mort ne vous fait pas peur, que vous voulez enfin un peu de challenge dans votre vie de gamer, alors Bloodborne vous attend à bras ouverts et vous fera découvrir que la souffrance peut parfois être une délicieuse sensation.