La promesse d’un jeu de conquête de territoires pacifiste a attiré notre œil. Le propos de départ, qui raconte la redécouverte du monde après un long confinement, tombait trop bien, et la direction artistique tout en rondeur permettait de ne pas être trop effrayé par l’habituelle complexité du genre.
Et pour couronner le tout, les soldes de l’Epic Games Store rendent le titre particulièrement accessible. Toutes les conditions étaient donc réunies pour nous faire tester Before We Leave.
(Test de Before We Leave réalisé sur PC via une copie commerciale du jeu)
Un jeu XXX
Pour comprendre la promesse faite d’un jeu 3X, il faut revenir aux origines, avec Civilization. Sorti en 1991, le premier Civilization n’est pas le premier jeu de type 4X (King’s Bounty ou Imperium sont sortis avant lui), mais certainement celui qui aura marqué le genre le plus fortement. Sa longévité est un bon indice de la portée de la licence, puisque la série existe toujours après près de 30 ans d’existence.
Les 4X, ce sont l’eXploration, l’eXploitation, l’eXpansion et l’eXtermination. On doit la formule à un journaliste américain qui s’en serait servi pour la toute première fois pour définir Master of Orion, un jeu de gestion-stratégie sorti en 1993 sur PC.
Dans un 4X, on va donc d’abord prendre ses marques et reconnaître la map (l’exploration), puis construire son petit village en utilisant les ressources naturelles que nous offre cette carte (l’exploitation). Petit village que nous aurons pour mission de faire grandir (l’expansion) afin de devenir assez puissant pour aller conquérir par les armes d’autres coins de la carte : c’est l’extermination.
Et Before We Leave dans tout ça ? Si on parle de 3X, c’est que le jeu revendique son pacifisme ! Point d’extermination dans le jeu. Les planètes que nous allons conquérir sont inhabitées, on se limite aux trois premiers X, et notre (presque) seul ennemi sera le manque d’optimisation des ressources dont on dispose…
Déconfinement
Hasard étonnant, le jeu commence alors que des survivants d’une catastrophe planétaire sortent de leur abri après plusieurs longues années de confinement. Il va alors leur falloir (et nous falloir) ré-apprivoiser leur habitat, tout en profitant des vestiges technologiques que leur a laissés la civilisation précédente aujourd’hui disparue.
Comme dans les classiques du genre, on commence avec une base de ressources assez limitée, qu’on devra utiliser de manière optimale pour pouvoir faire grandir notre petite société. Construire d’abord des scieries pour se fournir en bois, planter quelques légumes et creuser un puits pour avoir de quoi survivre… Les premières dizaines de minutes sont accueillantes, mais somme toute très classiques.
Le jeu tire parti de son scénario post-apocalyptique en nous faisant recycler des matériaux sur des vestiges de la civilisation précédente. Ainsi, pour obtenir du fer, on ne construit pas de mine, mais on pille des engins de chantier abandonnés.
De même qu’en explorant la carte, certains ouvriers spécialisés peuvent comprendre le fonctionnement des reliques, et ramassent des points de recherche nous permettant de développer de nouvelles technologies. Des originalités scénaristiques qui se traduisent néanmoins de manière assez attendue dans le gameplay.
Autre Wilds
Là où le jeu se fait remarquer, c’est dans sa présentation graphique. Bien que conservant les éternelles cases en hexagone propres aux jeux de stratégie, la map prend la forme d’un globe. Nous allons en effet rapidement partir à la conquête de la planète entière, continent par continent (même si ces derniers sont dans le jeu désigné comme étant des îles).
On joue alors sur une surface plutôt convexe, pas du tout à l’échelle. La planète étant en effet toute petite au regard de ses habitants qui peuvent parfaitement en faire le tour en une journée… Un parti pris qui rappelle un peu la petite planète au feu de camp d’Outer Wilds
Et ce n’est pas innocent, car comme dans Outer Wilds, Before We Leave nous proposera rapidement d’explorer l’espace, et de repartir à la recherche d’autres planètes habitables. Cet espace où, c’est bien connu, personne ne vous entend crier… Car s’il ne s’agit pas de partir guerroyer contre ses voisins, Before We Leave n’est pas pour autant exempt de danger (que nous ne spoilerons pas ici !).
Optimisation et commerce international interplanétaire
On en a un premier aperçu en gérant ses deux, puis trois premiers continents, mais on se rend compte de l’ampleur de la tâche dès qu’on peut quitter le plancher des vaches. L’élément central du gameplay de Before We Leave, c’est l’optimisation. Que mettre sur quelle case ? Tout est une affaire de choix, et de recommencement. On détruira ainsi souvent pour reconstruire différemment.
Une optimisation nécessaire qui se présente à nous dès les premières constructions, puisque les divers éléments (bâtiments, culture, etc.) ne peuvent se placer qu’aux abords d’une route.
D’autant que, ne pouvant contrôler les personnages eux-mêmes, nos progrès dans le jeu dépendent du bon vouloir des habitants à faire le travail qu’on leur confie collectivement. Il faut donc que les lieux d’habitation ne soient pas trop loin des lieux de production, que des routes les plus courtes possible les relient, etc.
Et puis, différentes ressources se trouvant en différents lieux, nous serons rapidement amenés à devoir organiser des routes commerciales. Entre continents, d’abord, puis entre planètes. Il faudra alors décider si on spécialise tel ou tel lieu (un continent consacré à la production de carburant, par exemple, qui l’exportera partout ailleurs), ou si on essaie de construire des lieux de vie plus polyvalents…
Simple, mais pas simpliste
Avec ses graphismes de petits bonhommes comme sortis de l’Arbre Magique (ce jouet qu’on a tous eu, quel que soit notre âge !), Before We Leave est un jeu de stratégie extrêmement accueillant, qui prend le joueur par la main.
Une excellente entrée en matière pour qui s’inquiète un peu de la complexité d’un Civilization, ou d’un Anno 1800 trop ésotérique. Le tutoriel de Before We Leave est parfait, très progressif, mais nous plonge immédiatement dans une vraie partie. Les joueurs plus aguerris au genre relèveront sûrement un certain manque de profondeur, mais il n’est pas dit qu’ils ne s’amuseront pas à bâtir, puis détruire leur village pour le reconstruire de manière à optimiser la route interstellaire du coton…! Surtout vu le petit prix auquel est vendu le jeu…
On appréciera d’abord Before We Leave parce qu’il nous permet une entrée tranquille dans le genre. L’absence de phase guerrière permet aussi d’aborder la partie de façon plus détendue (même si certains dangers nous menacent néanmoins…). Pourtant, le jeu n’est pas qu’un 4X pour débutants, et possède des éléments intéressants, comme le voyage dans l’espace, la découverte de planètes, et les routes commerciales.
En conjuguant ses qualités avec les promos actuelles de l’Epic Games Store, qui permettent de s’offrir le jeu pour un tout petit 7€, on n’hésitera pas à conseiller le titre qui, s’il finit par se montrer un peu routinier, promet d’abord quelques dizaines d’heures de fun ! Quitte à ensuite migrer vers Civilization VI, justement gratuit pour quelques jours sur l’Epic Games Store.