Nous avons manqué de galanterie. Bayonetta est passée après Vanquish dans notre approche du 10th Anniversary Bundle. On le rappelle, il s’agit d’un pack regroupant la charismatique sorcière et le nerveux soldat de PlatinumGames à l’occasion de leur dix ans de sortie. Mais à dire vrai, la galanterie, on s’assoit dessus. Cassons nos mœurs tantôt pompeuses, tantôt archaïques. On parle ici d’une héroïne brisant les codes de conduite, mettant tous les hommes à genoux.
En l’espace de dix ans, Bayonetta s’est forgée une place dans le cœur des joueurs. Poussée par son studio et Nintendo, elle est devenue une icône incontournable du jeu vidéo moderne (au point de figurer dans le roster all-star de Super Smash Bros.). Plus que ça, notre sorcière bien-aimée a grandement participé à l’image et à la présence de la femme dans notre média à prédominance masculine. Et on peut les compter sur les doigts de la main, ces héroïnes portant toute une licence sur leurs épaules. Mais l’heure n’est pas à la dénonciation, mais au test.
Jusque-là limitée au camp Nintendo, Bayonetta revient sur les autres consoles. Il s’agit d’une première édition dite remasterisée sur PlayStation 4 et Xbox One. Attention, on précise. On ne parle ici que du premier épisode de la saga. Bayonetta 2 demeure à ce jour une exclusivité Big N (sortie initialement sur Wii U et un peu plus tard sur Switch).
(Par souci de cohérence, nous avons opté pour deux tests distincts concernant Bayonetta & Vanquish 10th Anniversary Bundle. Notre test de Bayonetta PlayStation 4 a été réalisé à partir d’une version fournie par l’éditeur)
Bordel paradisiaque
Enfer et Paradis. Démons et anges. Oubliez toutes ces conneries. Il n’y a pas de Bien ou de Mal, juste des héros, ou plutôt des héroïnes, s’assurant de la protection de l’équilibre du monde. Cachée dans l’ombre, une guerre entre le royaume des cieux et celui des profondeurs fait rage. Les sorcières de l’Umbra et les sages de Lumen s’affrontent pour le pouvoir depuis de nombreuses années. Mais une prophétie prédit la venue d’une sauveuse apportant la paix éternelle dans ce joyeux bordel. Et c’est toujours bien, une prophétie. Bayonetta entre alors en scène avec une envie sanglante de nettoyer tout ce qui n’est pas humain. Amnésique (sinon, ça serait trop facile), celle-ci devra retrouver sa mémoire pour comprendre qui elle est véritablement et ainsi utiliser toute l’étendue de ses pouvoirs.
On ne vous le cache pas, le scénario de Bayonetta est un sacré foutoir, assez difficile à suivre et à comprendre dans le détail, mais a le mérite d’être original. Effectivement, là où le jeu vidéo a l’habitude de nous faire affronter démons à cornes biscornues ou autres créatures du mal, Bayonetta inverse la donne. Les anges sont nos ennemis. Et rien que ça suffit à s’immerger pleinement dans son histoire sans trop se poser de questions. En vérité, Bayonetta est une sorcière de l’Umbra, l’une des dernières maîtresses des forces des ténèbres. Elle maîtrise la magie occulte et doit renverser les sombres desseins des divinités du haut.
Outre son scénario un brin brouillon, Bayonetta brille de par sa mise en scène inégalable. Dante n’a qu’à bien se tenir, il n’est pas le seul à enchaîner les postures improbables et les acrobaties de toute beauté. Dotée d’un charisme fou et d’une répartie à toute épreuve, Bayonetta s’amuse à casser les codes du jeu vidéo et à maltraiter tous ceux qui ont le malheur de croiser son chemin. Le jeu appuyant au maximum sur sa féminité aguicheuse, le patriarcat est tourné en ridicule. Ajoutez à cela une bande-son tantôt jazzy, tantôt épique, frisant la perfection, et vous avez un cocktail explosif des plus réussis.
Luxure et baston
La réputation de PlatinumGames s’est faite principalement sur sa capacité à imaginer un gameplay solide. Bayonetta a été l’un des premiers pas du studio vers son succès actuel, et ce gameplay reste toujours aussi jouissif une décennie plus tard. Mais retournons aux fondamentaux, le titre est un jeu d’action de type beat’em up dans lequel notre funeste sorcière devra s’affranchir d’une multitude d’ennemis en enchaînant attaques spéciales et combos en tous genres. Attaque rapide, lourde, à distance, saut, esquive, tout y est pour rendre les affrontements nerveux. Néanmoins, un duo de particularités sublime la chose. Deux détails qui changent la donne et accentuent grandement l’aspect frénétique et épique des mêlées. On parle des esquives parfaites et des attaques sordides.
En cas d’attaque ennemie, si vous esquivez au dernier moment, le temps se ralentit, laissant un avantage certain. Ces phases de vitesse normale/vitesse ralentie apportent un dynamisme bienvenu tout au long des combats. Il faudra identifier les patterns (mouvements) de vos adversaires pour comprendre comment les esquiver au mieux. Mieux encore, plus vous effectuerez de combos, plus vos points de magie augmenteront. Ces derniers servent à réaliser des attaques spéciales appelées sordides. Pourquoi sordides ? Car la belle dégaine des instruments de torture (guillotine, vierge de fer, cheval de bois à piques, bref toute une panoplie) servira à faire souffrir ses adversaires, style sorcière de l’ombre.
Cerise sur le gâteau, Bayonetta met l’accent sur ses finish moves en invoquant de redoutables créatures des ténèbres afin d’achever ses ennemis, toujours avec style. Chaque affrontement se terminera avec un score style arcade (PlatinumGames oblige) et une médaille (platine, or, argent, bronze ou pierre) vous sera adressée en fonction de vos prouesses.
Bayonetta 10th Anniversary Bundle
Côté technique, Bayonetta édition dixième anniversaire a profité d’un lissage HD et d’une amélioration du framerate. En résulte un jeu encore plus effréné, parfois un peu trop même. Les temps de chargement ont été réduits et on a parfois du mal à suivre le rythme. Surtout que ces temps de chargement nous permettaient de tester combos et nouvelles armes acquises. Contrairement à Vanquish où le temps a eu très peu d’effet, Bayonetta a pris quelques rides concernant ses graphismes. D’autant plus que certaines cinématiques n’ont clairement pas eu l’attention nécessaire pour gommer correctement les effets des années, allez savoir pourquoi. Malheureusement, aucun DLC ou ajout cosmétique à signaler dans cette moulure 2020.
Enfin, défaut majeur à sa sortie initiale, la caméra reste un problème. Cette dernière peut véritablement devenir une plaie, vous empêchant de suivre convenablement le combat.
Bayonetta fait indéniablement partie des grands noms du genre. La sorcière n’a pas volé sa réputation et confirme une énième fois sa toute puissance dans le royaume des beat’em up. Jouissif, épique, vénéneux, voilà les trois meilleurs qualificatifs qu’on peut donner au jeu. Néanmoins, les effets du temps sont bien visibles sur ses graphismes. Défaut d’hier et d’aujourd’hui, la caméra reste également votre pire ennemi et peut vous causer à plusieurs reprises une mort injuste.
Bayonetta, ton enchantement fait encore effet une décennie passée. Si ça, c’est pas de la magie…