Battle Chasers: Nightwar est un jeu de rôle issu de Battle Chasers, une série de comics américaine dont la publication a commencé à la fin des années 90. Grand succès critique et populaire à l’époque, la série a fini épuisée avant sa fin. Le dessinateur Joe Madureira probablement blasé par ces années difficiles trouvera sa rédemption dans le monde du jeu vidéo. En effet, il est entre autres l’auteur du design des personnages de la célèbre saga Darksiders. Il s’agit donc d’un jeu adapté d’une série de comics connue pour ces retards que nous avons dans les mains. Et le titre en question le justifie bien puisque c’est le test de la version Switch de Battle Chasers: Nightwar que nous vous présentons aujourd’hui, titre qui affiche un retard d’un peu plus de six mois par rapport aux versions des autres consoles. L’attente en valait-elle la peine ?
Test de Battle Chasers: Nightwar – Au-delà du comics !
Tales of spin-off
Battle Chasers: Nightwar vous propose de suivre les héros qui sont ceux également de la version comics. Cette équipe est articulée autour de Gully, jeune demoiselle dont le père a disparu et qui a décidé de porter les gants magiques de ce dernier dans le but de le retrouver. Ses gants sont en fait des artefacts très recherchés ce qui fait de la jeune demoiselle une proie de choix pour de nombreux personnages peu recommandables. Elle se retrouve donc épaulée par un lot de charmants héros haut en couleur qui vont l’aider à remplir sa quête. Ainsi, son équipe s’illustre d’un robot appelé Calibretto, d’un mage à la langue acérée qui se prénomme Knolan, d’une voleuse avec son propre sens des priorités (« moi d’abord ») et de Garrison, un paladin (ou « magilame » si vous préférez) » pour le moins taiseux.
Passé le casting générique indispensable à ce genre d’histoire, il est important de préciser que vous n’avez pas besoin de connaître l’arc principal pour prendre place dans cette aventure. Alors que notre intrépide équipe survolait une île quasiment inconnue, ces derniers furent pris en chasse par des pirates qui commencèrent à bombarder leur navire volant. Contraints au repli, nos héros se retrouvent séparés sur l’île après la destruction de leur embarcation. Il découvre une île dépeuplée après les ravages de ce qui a été une sorte de ruée vers l’or. Cette île jouissait autrefois de grands gisements de mana, elle est maintenant terre de pillage où de nombreux brigands s’affairent. L’équipe ne tardera pas à faire connaissance de Destra, une sorcière prête à tout pour mettre la main sur de précieux artefacts et filons de mana.
Il peut être difficile de faire ses premiers pas dans un univers déjà existant, même dans un spin-off. Bien joué de la part Airship Syndicate de nous faciliter l’accès à cet univers. Par le biais de personnages truculents malgré des conventions, tout nous est présenté au travers de phases courtes de dialogue où chacun nous expose les faits avec leurs propres phrasés et caractères. Ainsi, on comprend vite ce qui lie les personnages les uns au autres (et c’est plus particulièrement Gully qui fait office de pièce pivot pour tous. Protégée par Calibretto, formée par Garrisson… elle est le ciment de cette aventure. Et pour pimenter l’aventure, chaque personnage y ira de son propre commentaire en combat.
Un spectacle de son et lumière
Le premier élément qui nous saute aux yeux dans Battle Chasers: Nightwar, c’est déjà son esthétique. Très largement inspiré des comics desquels le titre provient, sa patte graphique est très soignée et reprend avec maestria son univers steampunk dans chacun des éléments qui nous sont présentés. Ainsi, le design des personnages, des adversaires, de l’overworld mais également des menus fait un rappel constant à l’univers des comics et du genre steampunk-fantasy. Cela prend également en compte les différents dialogues qui, s’ils ne sont pas doublés, sont présentés au travers de bulles de dialogues. Ces mêmes phylactères apparaissent même en combat où des échanges entre ennemis et alliés sont fréquents.
Le département audio n’est d’ailleurs pas oublié. Comme précédemment mentionnés, certains dialogues importants sont doublés. Les voix originales sont plutôt convaincantes et remplissent bien leur taf alors que les doublages français sonnent beaucoup moins bien. On ressent un manque d’investissement de la part de certains doubleurs quand ils ne sont pas littéralement mal « castés » (comme Calibretto doublé par quelqu’un à la voix plutôt fluette). Mais dans l’absolu, la présence d’un doublage français fait réellement plaisir sur un titre comme celui-ci. Enfin, le point le plus fort dans ce rayon: la bande-son. En effet, Battle Chasers: Nightwar jouit de thèmes inspirés croisant le spectre du genre heroic-fantasy à celui de la modernité. Couvrant tous les genres d’instrument selon les contextes, tout l’orchestre a son rôle à jouer. On notera également la présence de différents thèmes de combat pour casser l’ennui.
Enfin, la navigation est intuitive. Les menus sont clairs et détaillés et grouillent de détails généraux pour le joueur. La carte également est facilement navigable et fourmillent de détails esthétiques en plus d’accueillir quelques quêtes annexes. Comme celle Super Mario World, vous vous déplacez de case en case. Des villes se trouveront sur votre chemin ainsi que des donjons et des objets à ramasser qui vous serviront pour les enchantements et autres craft. Enfin, les ennemis seront présentés sous forme de bulle. Si vous en croisez une, vous savez à quoi à vous attendre.
La vie est un éternel combat
Le système de combat est classique. Il s’agit d’un JDR au tour par tour où les personnages les plus rapides font leurs actions en premier et ainsi de suite. Certaines actions ont des effets instantanés, d’autres en revanche réclament du temps (à la manière de Child of Light). Les premiers combats vous permettent de rentrer dans le jeu assez rapidement. En revanche, ils vous apprennent aussi à être prudent immédiatement parce que l’ennemi vous montrera comment additionner les différents effets négatifs (dont ils abusent dès le début) et leurs attaques chiffres déjà dans les dizaines de dégâts. À vous de prendre le pli et de suivre la démonstration en leur rendant la monnaie de leur pièces.
Pour prendre l’avantage, chacun des personnages a une ou plusieurs compétences qui, une fois utilisées en donjon, vous donnent un avantage de terrain ou de combat. Ces derniers prennent en combat la forme de bonus de statistique ou d’afflictions données aux adversaires (saignements, combustion,…). Maîtriser ces compétences devient rapidement crucial puisqu’il n’est pas difficile de voir son équipe décimée, même face à des ennemis de niveau équivalent au vôtre (alors ne parlons même pas des boss de quête annexe).
Les donjons donnent également le vertige (dans le bon sens). En effet, lors de votre première run, vous ne le remarquerez pas, mais les donjons sont générés aléatoirement. Chacun de ces donjons possèdent d’ailleurs plusieurs niveaux de difficultés qui permettent d’obtenir des bonus et objets plus rares une fois complété et donc devient un prétexte pour refaire des runs. Des puzzles sont également placés à l’intérieur de ceux-ci et prennent leur place sans briser le naturel du décor ou de la progression. Du level-design maîtrisée de part en part. Le rythme de progression de Battle Chasers: Nightwar est fluide ainsi que la courbe de difficulté. En revanche, s’il y a bien quelque chose de négatif à retenir et que remarquerez très rapidement, c’est la fréquence des temps de chargement. Ces derniers pullulent et casseront le rythme de croisière (en mer agitée) de votre groupe.
Conclusion de Battle Chasers: Nightwar
Battle Chasers est un JRPG solide tout au long de son aventure. Loin d’être exempt de défauts, ses qualités les atténuent très largement. Son système de combat intense et accrocheur vous force à comprendre les mécaniques du jeu et à percevoir chaque combat avec quelques tours d’avance. Sublimé par son esthétique et sa bande-son, Battle Chasers: Nightwar est clairement un voyage indispensable pour tous les fans de jeu de rôle ardu.