L’E3 2017 était l’occasion pour Bioware de nous montrer leur nouvelle licence, et ça tombait bien, car après les mauvaises critiques reçues par Mass Effect Andromeda, il fallait se tourner vers l’avenir. En développement depuis 2012, Anthem fit forte impression, en nous dévoilant des graphismes complètement dingues dont on avait du mal à croire que ça pouvait tourner sur nos consoles actuelles, même sur Xbox One X.
Depuis Anthem s’est montré sous son vrai jour, et la douche froide nous est tombée dessus comme un orage d’été. Que reste-t-il à sauver de ce naufrage ?
Le Destiny-killer, qu’ils disaient…
Tout ça pour ça. C’est un peu le sentiment que nous avons sur ce jeu, alors que nous avons justement souhaité prendre le recul nécessaire, suite à la prolifération des mauvaises notes et critiques, qui ont fusillé le jeu ces dernières semaines. Mais force est de constater que même après un patch très attendu pour venir à bout des soucis techniques, Anthem n’arrive vraiment pas à nous convaincre et nous allons voir pourquoi.
Déjà, l’un des points qui nous fait bouillir à chaque fois que l’on joue, ce sont les temps de chargement. C’est le premier point que nous souhaitions aborder car c’est ce à quoi nous sommes confronté dès le début de l’expérience. Si l’on compare Anthem à Destiny sur ce point précis, les deux possèdent des temps de chargements très longs. Mais la différence se fait dans la récurrence de ces derniers. Lancer le jeu demande un chargement, lancer une mission aussi, passer d’une zone à une autre tout autant, et ouvrir un simple menu pour personnaliser votre Javelin vous demandera aussi de patienter. Certains arriveront surement à s’y faire, mais pour nous, être interrompu aussi souvent, et surtout de nombreuses secondes, nous a coupé une bonne partie de l’immersion.
Graphiquement, Anthem est la parfaite illustration de l’expression « jeter de la poudre aux yeux ». Lors de sa première présentation, rappelez-vous, nous étions tous complètement émerveillés devant tant de détails, d’animations et d’effets météorologiques. Cependant, il y a ce que l’on attend, et il y a ce que l’on a. Et pour le coup, si Anthem est loin d’être moche, la déception reste présente en comparaison de ce qui nous était vendu, malgré quelques effets aguicheurs, ou quelques plans cinématographiques faisant leur petit effet. Pas la claque graphique attendue donc, mais heureusement, la fluidité du jeu était bonne tout le long du test, ce qui est un moindre mal.
Si l’on regarde dans le rétroviseur et qu’on analyse un peu les faiblesses récurrentes des MMOTPS comme Anthem, on se rend vite compte qu’ils n’ont pas su tirer les bons enseignements du passé. Pourtant avec tous les MMORPG qui ont vécu, il y avait beaucoup de choses à retenir pour ne pas faire les mêmes erreurs, au lieu de se concentrer presque uniquement sur le gameplay. La musique, l’ambiance, les interactions sociales, le scénario, ce sont des choses primordiales dans ce genre de jeu et sur tous ces points Destiny devance largement Anthem.
Encore beaucoup de chemin à parcourir
Dans Anthem le scénario peut être assimilé à du simili-Destiny dans un certain sens, et c’est loin d’être un compliment. En tant que Freelancer, nous pilotons des Javelins, des armures de combat très perfectionnées qui nous permettent d’utiliser un joli panel d’armement. Notre rôle est de protéger ceux qui en ont besoin dans un monde frappé par les cataclysmes et les guerres, mais suite à une lourde défaite, les Freelancers ne sont plus que l’ombre d’eux-mêmes. L’an passé Bioware déclarait tout miser sur le scénario pour se démarquer de Destiny, mais il faut croire qu’ils n’ont pas réussi à mener cette ambition à bien. Le scénario est générique au possible et pourrait tenir sur un demi post-it. Le grand méchant n’a rien de charismatique, les enjeux sont basiques, et ce ne sont pas les fades discussion avec les PNJ qui nous feront croire que l’histoire de Anthem mérite le détour.
D’ailleurs, Fort Tarsis, le hub central du jeu, vous permettra d’en apprendre plus sur le background si le coeur vous en dit en récoltant divers items, ou en menant des conversations stériles avec certains personnages clé. Il vous sera possible de choisir régulièrement entre deux réponses en discutant avec un PNJ, mais n’allez pas croire que cela vous apportera grand chose, et vous finirez certainement par passer rapidement toutes les conversations, dont l’humour est parfois un peu ridicule. Et pour terminer sur les PNJ du jeu, aucun d’eux n’a de charisme, ils sont absolument transparents, et nous sommes loin, mais alors très loin d’un Cayde-6 par exemple. L’écriture est d’ailleurs si mauvaise, que l’on n’arrive pas à croire que ce sont les développeurs de Mass Effect ou Dragon Age qui sont à l’origine des textes de Anthem.
Mais tout n’est pas à jeter dans Anthem et l’une des promesses a été tenue, celle du gameplay. Sur ce point, nous avons été scotché à chaque session de jeu. La verticalité offerte grâce à la possibilité de voler apporte des sensations que nous n’avons encore jamais eues auparavant. La maniabilité est au poil et cela permet des positionnements que l’on n’a pas l’habitude d’exploiter. Au début nous sommes machinalement resté au sol sans trop utiliser le vol, mais dès que l’on y prend goût, c’est terminé, il n’y a plus aucun retour en arrière possible. Et ce n’est pas la seule chose de bonne dans le gameplay.
Comme dans les jeux du genre, plusieurs classes sont disponibles, et donc plusieurs types de Javelin. Pour grossir le trait, vous aurez donc une armure polyvalente, une plus axée sur la rapidité, une autre pour encaisser de lourds dégâts, et enfin, une dernière très offensive concernant le combat à distance. C’est cette dernière que nous avons le plus joué, mais rien ne vous empêchera à terme de vous approprier les autres sans refaire une nouvelle partie du début, ce qui est une bonne chose. Les ennemis, bien que plutôt communs pour la plupart, permettent tout de même une belle distraction tant le gameplay est agréable manette en main.
Les sensations de tir sont plutôt bonnes dans l’ensemble, et l’on ressent bien la différence lorsque l’on en change. Mais le plus impressionnant et intéressant ici, c’est bien entendu tout ce qui touche aux armes moins conventionnelles car les fusils d’assaut et autres sniper, on commence à connaitre. Il est possible d’équiper des armes annexes qui feront office de « pouvoir », et qui prendront de nombreuses formes, comme la possibilité de jouer avec les éléments par exemple. Lancer des boules de feu, faire tomber la foudre, c’est quelque chose de très jouissif, surtout que les bruitages sont absolument dingues. De plus, Bioware a eu la bonne idée de nous laisser profiter de ces supers pouvoirs le plus souvent possible, et ça, ça change tout. Le temps de recharge des pouvoirs est très court, ce qui permet de les lancer presque à volonté, rendant les affrontements aussi impressionnants pour les oreilles que pour les yeux, surtout si l’on utilise notre sort ultime, permettant de nous déchaîner sur le champ de bataille.
Mais pour que la magie continue d’opérer il va falloir à Anthem sacrément s’améliorer tant les missions sont anecdotiques. Il n’y a d’ailleurs que très peu de variété dans le contenu, et seuls quelques boss de fin de mission arriveront à vous passionner. Pour le reste, on le survole sans vraiment faire attention, tel une succession de niveaux, se terminant toujours par un gain d’expérience et l’acquisition de quelques loots. Et c’est un gros problème dans Anthem car avec ses vastes environnements et sa verticalité novatrice, il y avait une autoroute de libre pour y introduire de nombreux événements, missions, challenges, personnages, etc. Malheureusement il n’en est rien, le niveau maximum est rapidement atteint, et ce ne sont pas les quelques pauvres donjons disponibles qui nous auront tenu en haleine qui vont changer la donne, même si la gestion de la difficulté est plutôt bonne pour qui souhaite s’investir un peu plus.
Enfin, la personnalisation est assez importante dans Anthem et toute la partie esthétique n’est pas dépendante des statistiques, comprenez par là que votre armure en elle-même ne vous offrira aucun bonus. Vous pourrez donc avoir la classe la plus totale, même lorsque vous apposerez le premier item venu pour améliorer votre Javelin. Cela a pour effet de créer une boutique en ligne pour acheter tout un tas de cosmétiques, et les plus riches seront donc les plus beaux. Dommage, l’idée de départ étant pourtant bonne.
On ne va pas se le cacher, Anthem est un échec sur presque tous les points, et ce ne sont pas les mises à jour qui semblent pour le moment arranger les choses. Si l’on excepte le gameplay qui a de sacrés atouts en termes d’amusement pur, ainsi que les effets tape à l’œil qui font souvent leur petit effet, il n’y a pas grand chose à garder.
Avec Anthem, le talent de Bioware n’est encore une fois pas du tout mis en valeur. Scénario générique, missions sans saveur, environnements déjà vu 100 fois, interactions sociales réduites au minimum syndical, HUB central vide et sans intérêt, temps de chargement infinis… Bref, nous n’avons pas vraiment aimé jouer à Anthem et pour un jeu qui se voulait être le Destiny killer, il a encore énormément à apprendre de son aîné. Mais de nos jours les jeux peuvent évoluer, à voir dans quelques mois si les choses s’améliorent.